One Piece ~ Evolution V2
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 Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki]

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Rika Kayama
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Rika Kayama

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MessageSujet: Re: Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki]   Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki] - Page 3 EmptyMar 27 Avr - 4:36

La conscience de la Générale navigua dans un couloir sombre sans repère, jusqu’à percevoir un halo lumineux lointain et presque inespérée dont l’éclat procurait des ondes chaleureuses et sécurisante. Comme attirée par cette vertu apaisante, elle s’en approcha d’un flottement, le néant se transforma en ce paradis rêvé ; L’Azurée se matérialisa au centre d’un espace florale verdoyante où il y régnait une atmosphère de plénitude et d’émerveillement perpétuel dédié à la nature. Encerclée par des pivots millénaires de la vie, leur aspect imposant et robuste s’érigeant à des centaines de mètres, leur feuillage touffu appelé à la majesté du berceau de l’humanité. Rika, subjuguée par la prestance de cette sylve, resta contemplative plusieurs minutes d’être témoin d’un panorama si inespéré, un jardin sacré où l’homme n’y serait pas parvenu. Quelle beauté ! Son âme s’allégea de toutes ses angoisses, les dernières images se volatilisèrent de son esprit grâce à ce lieu surnaturel, la peur de perdre son supérieur s’adoucit de manière inconcevable. Le souffle de la brise printanière à travers les simes résonna en des murmures, la Générale sembla y déchiffrer un lyrisme inouï. Le plus surprenant la frappa à la vue de cet arbre immense dont les branches surplombèrent le sommet de ces congénères, la représentation époustouflante de la nature qui protège de son cocon ses semblables sans aucune distinction. Cette vision lui prodigua de fortes émotions indescriptibles, d’une démarche à la fois réservée, respectueuse et fascinée Rika toucha du bout des doigts le tronc d’une caresse délicate. De ce contact léger, une sensation de réconfort plus puissante s’empara d’elle, entoura son cœur en une étreinte chaleureuse. Son instinct lui dictait de faire confiance à ses sens, à croire que la réalité et l’imaginaire s’était réunis afin de lui apporter ce message de sérénité dont elle avait besoin, ses pensées glissèrent le long de sa silhouette sans résister. Les yeux clos, elle vint s’asseoir en tailleur contre la stature noble de cette entité végétale irréelle, cette paix la berçait dans des songes profonds, il y a bien longtemps qu’elle n’avait pas éprouvé une telle accalmie. A ces occasions, une part de sa personnalité ressortait plus sensible, un tantinet plus féminin malgré sa volonté à vouloir l’enclaver derrière sa muraille de glace. Mark depuis leur rencontre lui prodiguait cette étrange ataraxie, elle ne l’admirait pas uniquement pour ses aptitudes martiales et son caractère conciliant, décontracté mais aussi discipliné, il possédait ce don de la consoler par sa présence, de lui ôter ses incertitudes. Avec lui, la jeune femme ne craignait pas d’être jugé pour son coté naturel, indulgent devant son comportement réfractaire et distant permettant de protéger son cœur. Son père adoptif avait su cerner l’essence de sa pupille, accordant un sourire tout particulier à son égard, sans hésiter à la recueillir d’un geste affectueux. Il ne se passait pas un jour sans que Rika se remémore leurs instants complices à l’abri des regards où ils partageaient leurs ressentis personnels. Sauf s’agissant de son attachement pour Riku, leur mentor s’était empressé de lui sous-entendre qu’il avait saisit ce petit secret, résolu à lui faire appréhender l’importance d’ouvrir son cœur au jeune homme avant qu’il ne soit trop tard. Bien entendu demoiselle obstinée comme elle était, elle réfuta les allégations tenues par Mark en s’enfermant dans son mensonge.

Le fil de ses réflexions distraites se traça une voie à travers sa conscience dulcifiée, la Générale admit que Riku lui apportait parfois ce bienfait lorsque le contexte s’y prêtait. Des épisodes précieux ou l’un et l’autre écartaient leurs taquineries au profit d’un instant de pure authente, ils s’écoutaient comme des amis sans se juger, se rappeler ensemble des passages de leur enseignement sous la tutelle de leur mentor. Dodelinée dans cet éden, ses paupières s’alourdirent pour se clore doucement sur le dérouler d’une succession d’images saillantes, qui relatait fidèlement cette chaude soirée d’été, un an auparavant. Le Commandant Kaisuki et son loyal bras droit se concertaient tous deux d’un air sérieux sur la tactique à élaborer contre leur cible actuelle ; un petit fort récemment défendu par la Marine aux abords d’une île voisine compromettant légèrement leur itinéraire dans la zone. Ils devaient conserver leur discrétion le temps de se confectionner une armée capable de se mesurer aux forces armées de Marineford, ils se contentaient alors de petites escarmouches. Toutes les opérations menées ne furent malheureusement pas en leur faveur dont celle concernant l’acquisition d’un point stratégique maritime au cours de laquelle nombreux de leurs hommes périrent en vain. L’échec de cette mission avait entamé considérablement le moral de l’ex-Amiral en quête d’une justice équitable et d’une paix pour tous. Sa Générale se doutait que ce fardeau le hanter, dés lors il s’évertuait à concevoir des plans dans l’espoir de minimiser les pertes, cette dernière lui répétait sans cesse que la mort n’était que le fruit de la guerre et qu’il devait rendre hommage à la bravoure ainsi qu’au dévouement des défunts que de les pleurer. Ils parvenaient toujours à se compléter dans la constitution d’une stratégie, Rika se complaisait dans l’offensive franche et d’envergure bien qu’elle ait les capacités de s’infiltrer subtilement pour mieux prendre par surprise l’adversaire, de nature impatiente et féroce, elle se plaignait des détours inutiles sollicitant des efforts de passivité agaçants. Tandis que Riku prenait soin en bon stratège à guider ses hommes sur tous les fronts, accédant la plupart du temps au caprice de sa seconde personnalité, ravi de satisfaire ses pulsions meurtrières métamorphosant le champ de bataille en charnier. Ce spectacle déconcertait tous ses hommes à l’exception de l’Azurée habituée, certains des soldats palissaient de terreur à cette démonstration de puissance totalement à l’opposée du charisme et de l’air serein de leur chef. La demoiselle surveillait avec soin les faits et gestes de l’alter égo de son ami, elle se permettait de le rappeler à l’ordre une fois qu’il est fini de prendre son pied à faire de la charpie de ses ennemis, insistant sur la nécessité que Riku regagne sa place. En soit, elle appréhendait cette envie de se défouler envoutée par la passion d’une bataille, de surpasser ses limites face à des adversaires toujours plus puissants.

Leur concertation survenant à son terme, le jeune révolutionnaire rangea en silence son plan et tous les documents liés à l’assaut. Son expression sérieuse se rabattit en des traits plus ternes et apathiques pendant que son bras se tendait vers la pile de paperasse à l’une extrémité de son bureau, il ne lança pas la moindre plaisanterie laissant sa précédente interlocutrice le plaisir de disposer. Rika arqua un sourcil de suspicions à cette humeur laconique, il s’apprêtait à se plonger à corps perdu dans son travail rasoir, signe à ses yeux d’une période de remise en question. D’ailleurs, elle en voulait pour preuve qu’il occulta sa présence, sa rivale s’imaginait les sujets délicats sur lesquels son esprit naïf et défaitiste se rejetait perpétuellement la responsabilité, son mariage délaissé, les pertes, le monde sombrant dans les abysses d’un pouvoir totalitaire. D’un soupir, elle tapota doucement son défouloir, c’est-à-dire le bureau de Riku afin de capter son attention, elle le fixa avant de pencher la tête vers la sortie.

- Accompagne-moi dans ma promenade, de quoi respirer un bon bol d’air et te changer les idées. Je ne te retiendrais pas longtemps, juste quelques minutes, tes rapports ne vont pas se volatiliser. Lui suggéra-t-elle d’une voix froide et pourtant aux intonations bienveillantes envers son Commandant.

- Hm..Pourquoi pas, si tu tiens à ma compagnie. Concéda le Brun après avoir vérifié l’heure, vaguement motivé à quitter ses tas de documents en éternel expansion.

D’une allure agile, la dénommée « Fertiligirl » par son supérieur se leva et prit aussitôt le chemin de leur jardin secret, une crique dissimulée par la forêt environnante. Un endroit tranquille où aucun de leurs soldats ne sauraient les enquiquiner, tous deux appréciaient ce cadre naturel reflétant la paix de l’âme à tel point qu’ils s’y réfugiaient dans l’espoir de trouver un réconfort ou d’être plus lucide sur les décisions à prendre. Leurs pas feutrés contournèrent habilement la ronde, ils atteignirent la lisière de la cataracte sans que le Commandant d’habitude loquace n’émette un quelconque intérêt à harceler son amie, les yeux rivés sur le sol d’une expression bien songeuse. Sa subordonnée l’observa d’un œil critique, décryptant la raison pour laquelle il paraissait maussade, et ensuite s’en détourna en le dépassant de quelques foulées. Le dos tourné, elle s’approcha du point d’eau, ses iris céruléennes se noyèrent dans les ondes envoutantes provoquées par la cascade, ses bras se croisèrent bien décidée à rompre le silence embarrassant. Le reflet harmonieux de ce refuge naturel alliant l’eau et la végétation affaiblissaient ses barrières, elle reliait songeuse cette complémentarité élémentaire à leur affection unique. Elle ne l’exprimerait jamais devant lui, trace de l’existence d’une faille à travers sa muraille de glace mais Rika ne supportait pas de le voir aussi pensif et désolé. Leur amitié couverte d’une pseudo rivalité subsistait depuis des années, la jeune femme avait acquis un savoir faire consistant à lui remonter le moral notamment par le biais d’anecdotes. Elle vint s’asseoir sur l’herbe avant de redresser la tête vers les étoiles, s’adressa à son Commandant d’une voix complice, desserrant légèrement le carcan de l’indifférence.

- Je me rappelle mon séjour de deux semaines dans les geôles de Marineford à la suite de mon effronterie et mon impolitesse envers l’Amiral Akainu, ce jour-là il était à deux doigts de me faire fondre. La bouffe était infecte, l’ennui était mortel mais j’étais parvenue à échapper à mes corvées, si on oublie que Mark venait tous les soirs me sermonner sur la discipline que doit détenir un soldat et insister par la même occasion que je m’excuse auprès du concerné. Mais bornée comme je suis, je refusais catégoriquement de m’abaisser à ce léchage de pompe sous son air consterné. Puis un jour, on te jeta également aux fers dans la cellule voisine à la mienne sans que tu ne protestes, tu semblais même plutôt satisfait de cette destination. Une fois enfermé, tu m’expliquas sans que je ne t’aie rien demandé que tu avais considéré ma punition exagérée mais que cela arrangerait bien mes affaires donc tu as pris l’initiative de faire un tour à l’Amiral en chef te conduisant à la case prison afin de ne pas me laisser respirer. Ma première réaction fut instantanément de penser que tu étais un sombre crétin, que cet acte pourrait avoir des conséquences sur ta carrière même si parfois je me dis que tu l’as fait aussi pour qu’on soit à égalité Hahahaha.

- Moi fair-play avec toi ? Tu rêves éveillée. Finit par rétorquer son rival d’un léger sourire extirpé de son monde cartésien.

- Hmpf, parle pour toi ! Je ne suis pas un rêveuse niaise à mourir, j’ai les deux pieds sur terre contrairement à certain dont je tairais le nom.

- Jamais la dernière à te lancer des fleurs mais j’admets être content que tu me recadres lorsqu’il le faut, n’est-ce pas le motif de notre venue ?

- En quelques sortes, je peux te réprimander avec plaisir si cela te manque tant, sache néanmoins que ce n’était pas mon intention. Je voulais simplement que tu te détendes un peu à force de te secouer les méninges, tu as une mine affreuse, aussi pâle qu’un linge. Ah on peut sans doute te passer à la lessive avec le reste des uniformes de tes hommes, tu serais plus flexible sur mes ordres de mission, qu’en penses-tu ? Plus sérieusement, savoure ces quelques minutes de repos...

- Dis Rika, tu crois que je lui manque ? Interrogea Riku en s’asseyant sur l’herbe, la tête levée vers la voûte étoilée.

- … Quelle question idiote, bien sûr que tu lui manques, tu es son mari. Tu devrais arrêter de douter, vous dépasserez ce cap difficile, vous êtes fous amoureux l’un de l’autre. Vos regards dégoulinant d’amour sont sincères, et si je le remarque, moi qui suis horripilée par toutes ces marques à l’eau de rose, cela démontre que votre histoire est plus forte qu’une petite guerre. Acquiesça son amie d’une voix froide, devenue depuis plusieurs mois sa confidente sur sa peine amoureuse, son esprit occultait la souffrance de son cœur meurtri par loyauté envers son Commandant.

- Parfois, j’ai l’impression de rater la chose la plus importante de ma vie et mon envie de fuir pour la retrouver en est que plus irrésistible.

- Je suis persuadée que vos retrouvailles se feront bien avant le dénouement de notre combat et tu couleras des jours heureux avec elle et votre marmaille. Brr rien que d’y songer, cela me donne la chair de poule.

Les deux amis croisèrent leur regard avant d’éclater de rire, le visage du leader de Justice Heart s’éclaircit à l’imitation d’un frisson de terreur de son bras droit, les paroles maladroitement réconfortantes de ce dernier lui redonnèrent des couleurs. De fil en aiguille, le duo continua à discuter pendant plus d’une heure, l’échange tourna autour de leur nouvelle vie de fugitif et les grandes batailles que la Générale attendait avec impatience dans le but de montrer à tous sa force. La perspective d’un temps encore relativement lénitif se désagrégea sous les iris givrées de la guerrière, qui chuta dans un gouffre sans fond et rattrapée soudainement par une toile ouatée et tiède la ramenant à la réalité. Ses pupilles s’ouvrirent délicatement sur le plafond de sa cabine, ses pensées embrumées, la dernière chose dont elle se rappelait contenait le souvenir de la vieille Nyon sauvant in extrémiste le Brun en s’interposant entre lui et son adversaire, ensuite le trou noir total. Encore assoupie, elle cligna les yeux, l’écho assourdissant d’un marteau martelant son crane se dissipa à la voix satinée de son ami penché à son chevet. Elle ne déchiffra pas sur l’instant les mots formulés sous le contrecoup de son évanouissement, or résolus à se graver dans son esprit, ils s’immiscèrent à son insu en elle tel un char d’assaut. Une vague de chaleur naquit à la surface de ses pommettes, son cœur accentua ses palpitations rendant son sang ardent à ce discernement intuitif pendant que son intellect peinait à traiter l’information comme si elle avait peur d’affronter la vérité. Finalement la phrase se forma lettre après lettre pour mieux jauger de l’impact que cela produirait sur sa conscience « Rika…Epouse-moi. »…QUOI ?! Non il n’était surement pas sérieux ou non c’était plutôt un rêve tordu de son imagination fertile d’un espoir de pouvoir l’approcher, elle ne tolérait que cette option et pour se le confirmer elle se planta un ongle dans sa paume sous la couette…Merde, elle était pleinement réveillée et ses iris azurées épièrent furtivement l’expression de son rival, ses traits se tendaient entre le soulagement, la détermination mais également la stupéfaction de ses paroles. A la fois embarrassé et impatient, il observait intensément sa subordonnée alitée dans l’attente d’une réponse de sa part. Perdue, elle se figea un long moment semant planer un silence gênant entre les deux, ses méninges cogitaient à cent à l’heure sur l’illumination inespérée de se défiler sans affecter leur relation fragilisée depuis plusieurs jours. Peut-être n’était-il pas trop tard pour qu’elle fasse semblant de se rendormir ? Mauvaise idée, il la connaissait trop bien pour se douter qu’elle chercherait à fuir et faire comme s’il n’avait rien dit le frustrerait davantage. Un murmure provenant droit de son organe battant lui suggéra de lâcher son masque de femme froide, de lui révéler la profusion des tendres sentiments qu’elle ressentait à ses cotés et d’accepter sa requête plus que saugrenue. Sa fierté l’interdisait de céder à ce fléau qui la blesserait tôt ou tard, les arguments contraires à la perspective d’être emportée par son amour profond. Toujours troublée, elle se redressa sur son lit, elle ne maitrisait ni son corps, ni les paroles

- T’ép…Je… Inspira doucement en baissant la tête dissimulant les rougeurs bien visibles alors que le linge humide tomba sur ses genoux, une main se posa devant sa bouche d’où se déploya un éclat amusé, elle se plia en deux. Hahahaha cette blague est bien bonne, cela fait longtemps que tu ne m’avais pas fait autant marrer, tu t’es surpassé cette fois. Moi t’épouser ? Et puis quoi encore ? J’en pleure de rire tellement c’est absurde…Bref question plus importante, qui est-ce qui conduit le navire si tu es là ? Tu as réussi à sauver quelques amazones ? Allez, terminé de flâner !

D’un grand geste de la main, l’Azurée ôta la couverture puis sauta hors du lit, décidée à se soustraire de ce sujet gênant et curieuse de savoir l’identité du navigateur, Riku ne laisserait pas tout le monde piloter son voilier personnel. Sa première réflexion fut que ce soit Boa, peut-être avait-elle survécu de l’invasion de Marineford et notamment de ce fameux coup de feu par miracle mais son instinct lui titilla d’être sur une fausse route. Sans attendre la réaction de Riku à sa réponse, elle se précipita sur le pont et n’y découvrit personne à sa grande stupeur, à la place une dizaine de serpents de mer géants escortaient le vaisseau docilement. La Générale écarquilla les yeux à ce spectacle, impossible, comment pouvaient-ils être en train de les aider au lieu d’en faire leurs quatre heures. Spontanément, elle riva ses prunelles effarées dans la direction du soleil couchant, plus précisément vers l’île d’Amazon Lily afin d’y dénicher des indices sur les événements obscurs. Rika s’approcha de la rambarde scrutant avec attention l’horizon orangé, des volutes de fumée noire zébrés au loin le ciel. Aussitôt elle perçut toute l’horreur des conséquences de leur intrusion sur le territoire de l’impératrice Boa Hancock, ses doigts se crispèrent en resserrant les barreaux à s’en faire rougir l’épiderme. Son Commandant s’était enfui avec elle inconsciente délaissant les pauvres guerrières à leur funeste destin, pourtant ils avaient promis de les aider, de les délivrer du Gouvernement Mondial. Alors pourquoi n’avaient-ils pas réussi à préserver une ou deux survivantes de cet ignoble massacre ? Ils étaient responsables du déclin de l’unique abri pour les jeunes femmes en détresse et eux s’en sortaient avec quelques égratignures, ou était la véritable justice là-dedans ? Et elle, qu’avait-elle fait réellement à part retarder l’inévitable, songeant égoïstement qu’à garantir la sécurité de son supérieur sans saisir les répercussions, elle avait succombé bêtement à la fatigue ? Inutile et impuissante, elle n’avait été qu’une gêne et à cause de cela, il avait sans doute préféré la protéger que de préserver un peuple en asphyxie. Le torrent de tristesse et de rage s’empara de son âme à ces considérations, elle se mordit la lèvre jusqu’au sang pour retenir un hurlement d’un extrême courroux. L’Azurée se reportait la faute, ses nerfs à vifs de ce constat fataliste, elle explosa en fermant les yeux, désireuse d’empêcher ses larmes de couler.

- Tu es si peu déchiré par la mort de ces femmes et notamment de TA femme, tu sais celle avec laquelle tu m’as bassiné les oreilles depuis des années, celle que tu voulais à tout prix retrouver et fonder une famille, que tu te permets de plaisanter en suggérant cette…Ineptie… Enragea-t-elle d’une intonation pleine de désespoir avant de faire volte-face, la lueur embrassait ses iris d’un ressentiment furieux voire meurtrier. Qu’est-ce qu’il t’arrive pour être si insensible ? Tu n’as quand même pas oublié les souvenirs que tu as passé avec elle, ton mariage justement, non ?...Méritent-elles autant d'indifférence ?...REPONDS-MOI, RIKU, POURQUOI ?
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Riku Kaisuki
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MessageSujet: Re: Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki]   Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki] - Page 3 EmptyJeu 27 Mai - 1:21

bande son:

Un long silence suivi la déclaration de Riku, comme si le temps s’était arrêté pour laisser le temps aux acteurs de cette pièce aux allures misérables devaient prendre un moment pour appréhender le script qu’on venait de leur jeter dans les bras, avec l’ordre de le retenir en moins d’une heure. Une simple phrase, irréfléchie, qui venait de faire le même effet que mille pages de devoirs que leur aurait donné Mark à retenir. A cet instant, si cela avait été possible, Riku aurait voulu disparaître en se repliant sur lui-même, s’effacer de ce monde tandis que Cael affichait, bien caché au fond de leur esprit commun une expression dépitée. Pourtant, ils avaient passé un moment à se préparer sur les mots à lui dire, la manière d’amener les choses. Comme bien des fois depuis l’époque de leurs entraînements dans leur enfance, le brun avait maintes fois répété, cherchant la phrase qui ferait le meilleur effet, la meilleure accroche, le moyen le plus convenable d’amener le sujet sur la table. Avec son alter ego, ils avaient songé dans un premier temps rester neutres, avec la tristesse d’avoir échoué à protéger l’île des amazones de la folie du gouvernement, mais finalement, ils avaient opté pour un discours sincère, empreints de mots venant de leur part à tous les deux, et qui seraient en mesure d’exprimer l’intensité de ce qu’ils ressentaient pour la jeune femme. Ils en étaient convaincus, ils n’auraient pas d’autres chances, pas d’autres moments où ils pourraient faire une telle déclaration à la générale, qui par la suite chercherait probablement à refroidir autant que possible leurs entrevues. Et cela, ils ne pouvaient pas l’accepter, pas après cette aventure, cette prise de conscience, et encore moins après avoir perdu autant pour la sauver elle. Ces combats avaient ramené en lui de nombreuses réminiscences d’un passé qu’il avait comme effacé de son esprit à l’époque où par sa faute Rika avait perdu son père adoptif ; à l’époque de leur adolescence, lorsqu’ils étaient dans la même unité, formés par Mark… Riku était amoureux d’elle. Enfin bien sûr, du haut de sa mentalité de jeune garçon, il n’avait pas compris ce qu’étaient ses sentiments qui le parcouraient chaque fois qu’il ressentait le besoin d’observer la demoiselle de loin avec un grand sourire niais, ou bien à toujours faire en sorte de lui garder de côté la meilleure part lors des repas…. Il avait même failli lui apporter une lettre qu’il avait écrite de sa main à l’époque, sur les conseils de leur mentor commun.

« - Allons Riku, il n’y a pas de mal à penser à tout cela, tu sais, pour un garçon qui fréquente autant une fille…

- Moi, amoureux ? D’une petite prétentieuse pas sérieuse comme elle ? Maître je vous jure je dois toujours passer derrière chacune de ses bêtises, elle m’insupporte, je ne peux pas demeurer plus de deux secondes sans avoir envie de me tenir loin d’elle, alors comment ça pourrait avoir quoi que ce soit à voir avec de l’amour ? Vous n’êtes pas sérieux…

– « qui aime bien châtie bien. » Tu connais cette expression Riku ? Elle veut dire que bien souvent, la personne qui nous correspond le plus est celle avec qui l’on se chamaille le plus naturellement… Alors oui à ton âge, toutes ces notions doivent s’échapper, tu sors à peine de l’âge où pense que les filles « c’est moche et c’est nul… ». Mais tu as grandi. Tu es un grand garçon maintenant. Tu tiens une épée, tu te bats dans une vraie guerre. Tu n’es pas encore un homme… Mais ça fait partie des étapes qui t’amèneront à en devenir un.

- On dirait un discours de vieux pervers… Vous êtes sûrs que vous tenez à Rika maître ? répondit Riku circonspect.

- Tu sais que vous vous ressemblez plus que tu ne le penses elle et toi ? Vous avez le même don pour l’impertinence. Elle prête plus d’importance au combat brut et toi à la tactique, mais lorsque vous n’agissez pas d’un commun accord vous arrivez à être complémentaire, à tel point qu’on en plaisante souvent avec les autres. Personne ne vous voit autrement qu’en duo. Alors ce n’est pas la peine de jouer les fiers et de nier ce que tu ressens. répondit l’officier en tapotant l’épaule de son disciple. Tu ne t’en rends pas compte… Mais toute la volonté que tu mets à la taquiner dès que tu peux, à rivaliser avec elle pour être le meilleur à mes yeux… Ce n’est pas pour moi, ni pour toi. C’est parce qu’au fond tu espères qu’elle te regarde. Pour le moment elle est encore bien trop attachée à son « pôpa », et trop récalcitrante, mais au fond, elle a un cœur aussi tu sais.

- Je… euh… répondit un Riku hésitant, et rougissant.

- Tu te demandes quoi faire hein ? Haha… Le courage d’un homme et son honneur t’encourageraient à aller la voir en face pour lui parler Riku. Dis lui ce que tu ressens !

- Pour qu’elle se fiche de moi encore ? Ah ça non hors de question… Elle me ridiculiserait devant tout le monde avec son sale caractère ! répondit Riku en se recroquevillant sur lui-même.

- En effet, le caractère de Rika peut être particulier, je te le concède haha. Mais les femmes restent toujours sensibles à un aveu sincère. Et si tu as trop peur de lui dire les choses, peut être serais tu capable de l’écrire ? C’est un peu à l’ancienne, mais une belle lettre d’amour peut aussi faire son effet… Enfin moi je dis ça, c’est à toi de voir mon garçon. »

Toute la soirée, Riku était resté seul, à l’écart de son unité. Il songeait à la mission qu’on leur avait annoncé le lendemain ; il ressentait un pressentiment plutôt sombre à l’égard de celle-ci. Mark leur avait expliqué qu’il s’agissait d’un groupe de pirates qui faisait du trafic de fruits du démon et qu’ils n’hésitaient pas à raser entièrement les villes sur leur passage, tuant femmes et enfants simplement pour récupérer leur marchandise. Une mauvaise réminiscence du jour où il avait perdu toute sa famille lui revenait à l’esprit ; et si c’était eux ? Que ferait-il lorsqu’il les croiserait ? Il ne saurait pas garder son self-contrôle, et il ne voulait surtout pas risquer la vie de Rika face à des ennemis aussi dangereux. Assis face à l’horizon de la petite base de fortune qu’ils avaient réhabilité avec l’unité de Mark, contemplant la mer et les dernières lueurs des torches qui s’en allaient mourir dans la nuit tandis que les hommes allaient s’endormir les uns après les autres, son esprit n’était pas capable de trouver le sommeil. Il avait bien trop de pensées en tête, à commencer par ce qu’il pouvait bien écrire à cette jeune femme qui occupait une place désormais très importante dans sa vie. A cet âge, prendre conscience de sentiments de cette nature était une sensation particulière. Parce qu’on est incapables d’en saisir l’importance, de comprendre ce que cela implique, d’en interpréter tous les signes… On est comme un aveugle à qui l’on a dit de tourner à droite sans décrire le chemin sous leurs pieds. On avance, à tâtons, on se pose des questions, et on comprend. Mais c’est un chemin de croix, long, et parfois pas toujours évident à pratiquer pour des pieds amateurs en la matière. Une route pavée parfois de ronces, et d’autres moments douloureux, mais qui ne peut mener qu’à la lumière d’un bonheur parfois fugace parfois éternel, ou aux ténèbres de la solitude et du rejet. Finalement, ce fut au petit matin que le jeune soldat eut achevé sa réflexion, et rédigea cette missive qu’il cacha dans sa veste aussitôt rédigée et scellée dans une enveloppe.
« Rika,
Je ne sais pas si un jour j’aurais le courage de te remettre cette lettre. Elle contient beaucoup de choses que j’ai mis du temps à admettre. Beaucoup de temps, parce qu’à notre âge, quand on se rend compte de ces choses, on a au départ l’impression que c’est futile, que c’est presque un poison gênant pour tout le reste des choses que l’on veut accomplir. Beaucoup de temps parce que pour des raisons complètement idiotes comme l’ego d’un garçon, on rejette cette idée, on se dit que ce n’est que passager.
Rika…
Tu es ma rivale. Une amie. Une personne avec qui j’ai partagé beaucoup de choses depuis que j’ai fait ta connaissance. Avec qui j’ai passé plus de temps que n’importe qui, même ma famille dont les souvenirs s’échappent de jour en jour. Avec toi, j’ai frôlé la mort, parfois parce que tu m’avais tendu un piège « pour me taquiner », parfois à cause de notre rivalité qui nous fait accomplir des choses plutôt inconscientes. Rien qu’à écrire ces lignes je rigole tout seul devant cette lettre. Avec toi, malgré les vannes qu’on se balance en permanence, j’ai l’impression d’être moi-même, de pouvoir rire à chaque instant, même quand on est au plus mal.
Rika …
Ce que je t’écris dans ces quelques lignes, ce n’est pas une blague. Ce n’est pas une énième taquinerie que je préparerais contre toi, non rien de tout ça. C’est l’expression de ce que je ressens pour toi. Je ne veux pas que cela entache notre relation, je veux que l’on continue comme toujours à se chamailler, à se dépasser l’un comme l’autre pour être les meilleurs et rendre fier Mark. Mais je ne peux pas continuer à me cacher derrière mon arrogance. La vérité c’est que…
Je suis amoureux de toi.
Je ne peux pas m’empêcher de penser à toi, de vouloir encore et toujours passer du temps avec toi, de t’observer de loin… Et de me sentir heureux quand on se bat côte à côte. Voilà la vérité. Je ne t’obligerai jamais à changer. Je voulais simplement être honnête avec toi.
Riku »


Plusieurs fois il s’était relu, et c’était sans confiance qu’il avait rangé cette lettre en se demandant quel serait le moment idéal pour la remettre à la jeune femme. Dans les faits… Ce moment n’était jamais venu. Le lendemain, la bataille qui allait les séparer pour un long moment débuta. Au départ, les combats n’étaient pas bien différents de ceux qu’ils avaient déjà éprouvés les années précédentes. Des pirates pas bien malins qui se jetaient de toutes leurs forces sur eux et finissaient rapidement neutralisés. Mais ils n’étaient qu’une diversion. Rapidement leur unité se retrouva prise en embuscade, et divisée. Rika s’était retrouvée loin de là, de l’autre côté de la ville, tandis que Riku était resté près de Mark. Son dernier souvenir ce jour là fut l’image des bottes si familières qu’il avait pu voir caché sur cette île, le jour où sa famille avait disparu de ce monde. Après cela le noir, et juste une seule voix qui retentissait dans son esprit :

« vengeance … Tous les tuer, détruire… Sans exception… Tous….tuer…. »

Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était couvert de sang, mais ce n’était pas le sien. L’odeur de la mort, les cris de douleur, et surtout ceux bien familiers d’une jeune femme qui le firent réagir aussitôt. A quelques pas de lui, Rika était en larmes, inconsolable au-dessus d’un Mark, étendu au sol, une lame plantée dans le corps. Mais ce n’était pas l’arme de l’un des soldats ennemis… C’était le sabre de Riku. Aussitôt toutes les informations parvinrent à son cerveau. Il était le seul survivant, autour de lui tous ceux qui l’avaient entouré quelques minutes auparavant étaient morts, transpercés par un sabre. De vagues flashs de mémoires lui firent voir ses mains tenant son épée, tuant tous les hommes amis comme ennemis sans distinction dans une folie meurtrière incontrôlable. Il était responsable, c’était lui… Qui avait fait ça… Il s’apprêtait à pousser un hurlement, mais la voix agonisante d’un Mark en fin de vie l’interpella :

« Uh… Riku… Rika… Promettez moi… Quoi qu’il arrive… De vous soutenir… De rester ensemble… Rika… Crois moi, il n’est pas responsable de ce qui est arrivé. Cette lame plantée dans mon corps… C’est ma faute, mon erreur. L’ennemi a subtilisé cette arme à Riku, profitant de son traumatisme… Et en voulant le sauver de là… J’ai relâché ma vigilance… Keuf… Rappelles toi mes leçons sur ce que doit être un bon officier… Riku… Tu ne dois pas t’en vouloir. A ta place n’importe qui aurait été choqué de retrouver les assassins de ses parents. Mon garçon… Toi et cette demoiselle êtes promis à un grand avenir..Keuf keuf ! Alors restez les deux impertinents que vous êtes, grandissez et devenez meilleurs que tous ces bureaucrates… S’il… Vous.. pl… »

La vie de l’officier s’était éteinte sur ces dernières paroles. Mais elles n’avaient pas trouvé tout de suite leur effet. Riku était sous le choc, il n’avait même pas bougé pour réconforter Rika, il s’était replié sur lui-même, incapable de réfléchir correctement alors que Rika, inconsolable, secouait le cadavre de son mentor pour tenter de le réveiller. Rapidement, ces évènements furent nommés « désastre de Kilua » en référence au nom du village, et Mark fut décoré à titre posthume pour avoir mis fin au péril de sa vie à ce trafic de fruits du démon. Les survivants de l’unité furent ensuite repositionnés dans plusieurs divisions du quartier général, sous la houlette de nouveaux officiers. A cette date, les deux disciples de Mark furent séparés. Pendant de longues années ils ne se parlèrent que très brièvement et avec une grande froideur, incapables de recoller les morceaux. Et la lettre du jeune homme disparut dans les abysses de sa mémoire. Il l’enferma dans un petit coffret qu’il oublia au milieu du reste de ses dossiers, et se concentra sur sa carrière avec la seule pensée de rendre fier son mentor disparu et d’honorer sa mémoire. Le contact ne fut retrouvé que lorsque Rika rejoignit en tant que vice-amirale l’unité du tout nouvel amiral Riku Kaisuki. Et rapidement, ils retrouvèrent cette complicité d’avant. Mais les choses avaient changé. Et il avait fallu du temps au brun pour prendre conscience de ce qu’il avait enfoui au fond de lui toutes ces années. Il avait renié ses sentiments pour ne plus jamais la blesser. Une larme roula sur la joue du commandant tandis qu’il se remémorait ce souvenir, tandis que Cael l’observait passivement.

« - Pourquoi m’avoir montré ce souvenir ? Je croyais que tu représentais tout ce qu’il y a de mauvais en moi…

- Bien que cela m’ait pris du temps pour le comprendre, je représente aussi tout ce que tu as enfoui dans ton cœur. Je ne suis pas qu’un esprit meurtrier… J’incarne aussi tes sentiments les plus secrets. Chaque seconde, je m’éveille un peu plus, et de ce fait toi aussi. Mon pouvoir grandissant nous a permis à tous les deux de retrouver le souvenir de ces tendres sentiments que nous lui portons…

- Je n’aurais jamais cru t’entendre parler avec tant de gentillesse, c’en est presque effrayant tu sais ?
- Ca va hein ! En attendant, tu as tout fait foirer avec tes conneries. Obligé qu’elle réagisse mal, déjà qu’elle nous rejette à moitié…

- Nous sommes deux je te rappelle crétin… Interviens toi aussi si tu veux que l’on réussisse. J’ai bien peur que mes sentiments me rendent un peu trop … Idiot lorsque je dois m’adresser à Rika. J’ai peur… Je me sens tellement ridicule.

- tu peux, tu l’es espèce d’imbécile ! Rattrape ça comme tu peux, c’est ta bêtise. »

Pendant ce temps, le monde réel reprenait son cours. Rika, qui avait maintenu la même position pendant plusieurs secondes, comme pour faire semblant de continuer à dormir et ne pas répondre à la demande surréaliste de son ami et supérieur, décida à cet instant de se retourner, mais l’expression qu’elle afficha était bien loin des attentes du brun qui se sentit retomber violemment après cette envolée. L’échec total. Elle prenait sa demande maladroite pour une simple plaisanterie, et en riait même, revenant aussitôt sur le sérieux de leur situation après avoir balayé en quelques mots la perspective de répondre aux sentiments du jeune homme. Medusé, il ne prit pas tout de suite la mesure des interrogations de l’azurée au sujet de la situation d’Amazon Lily, alors qu’elle ne perdit pas de temps en palabres et fonça vers le pont pour en savoir plus sur leur situation exacte. Rapidement, elle se rendit compte qu’ils étaient au large, portés par des serpents de mer qui, étonnamment, ne cherchaient pas à les dévorer, mais au contraire, les protégeaient de toute poursuite par la marine. Mais ce constat eut une conséquence plutôt douloureuse ; Rika prit conscience à cet instant qu’il n’y avait qu’eux sur le bateau. Les volutes de fumées intenses qu’ils pouvaient encore apercevoir au loin lui indiquaient clairement le destin funeste de l’île des femmes. Et elle eut tôt fait de se rejeter la faute, estimant que par sa faiblesse il s’était senti obligé de la protéger au détriment des habitantes de la péninsule. Pire, cette tristesse se transforma en une rage qui la consumait de l’intérieur lorsqu’elle se retourna pour faire face à son supérieur, elle contenait difficilement sa colère dans sa voix qui était montée de plusieurs tons. Comment Riku pouvait-il être là à tranquillement la demander en mariage alors qu’il venait de voir mourir son ex femme sous ses yeux ? Tout un peuple disparaître par leur faute ? Le commandant ressentit à cette fureur un profond sentiment de dépit. Elle n’avait pas complètement tort, il était entièrement responsable de la tragique fin de l’île des amazones. Il n’avait pas été assez fort pour protéger son amie et les habitantes de l’île de ce gouvernement tyrannique, lui qui se présentait comme le grand rebelle en mesure de sauver le monde. Il venait d’essuyer un cuisant échec. Mais le sentiment qui prédominait chez lui à cet instant était un tiraillement de douleur mêlé à de la colère. Inconsciente à leur départ, Rika ignorait tout de ce qu’il s’était passé avant leur fuite. Et à présent, elle présumait de connaître les sentiments de Riku ? C’en était trop, il fallait la ramener sur Terre, faire cesser ce pathétique moment de misérabilisme, pour retrouver la Rika forte, et surtout capable de faire la part des choses. Regrettant par avance ce geste, il s’approcha et lui infligea une gifle pas trop forte, mais suffisamment pour la secouer sur le coup et avoir son attention. Son regard était sévère, son expression ne laissait entendre aucune intransigeance de sa part. Mais Cael le prit de vitesse pour prendre la parole, avec une détermination telle qu’il se produisit d’ailleurs un étrange phénomène ; sous les yeux d’une Rika qui devait déjà se remettre de ce que venait de lui faire le brun, elle voyait les cheveux de ce dernier se blanchir en partie, jusqu’à ce qu’une moitié tout entière fut blanche. L’iris du côté ainsi transformé devint rouge écarlate, et la voix du rebelle se fit plus grave, agressive.

« - Bon, ce crétin risque d’être beaucoup trop mou, donc j’ai « forcé » le passage. Pour commencer, tu vas te calmer et m’écouter. Ni toi ni moi ne sommes responsables de ce qu’il s’est passé ici. Ou bien Gold Roger devrait se blâmer dans sa tombe pour les milliers de personnes que le gouvernement a assassiné pour lui avoir dit bonjour plus d’une fois ? Les fous à la tête de ce monde sont prêts à tout dès lors qu’ils ont décidé de détruire un individu. Ils veulent nous effacer de l’histoire Rika, et pour cela ils anéantiront le moindre élément susceptible de nous affaiblir mentalement, de nous faire craquer. Tu crois que Riku est insensible à tous ces morts ? Et plus particulièrement à celle de Boa ? Bon sang… Dire que c’est moi qui dois jouer les grands révélateurs vu que ce naïf a complètement oublié une part de son passé. Et pourtant, cela fait des années qu’il garde cette lettre comme un porte bonheur dans sa veste, qu’il l’emmène partout, ayant oublié ce qu’il y a écrit. »

Avec un air toujours aussi grave, la personnalité sombre du commandant plongea la main dans une poche intérieure de sa veste de soldat, y retrouvant l’objet de sa recherche. Là, se trouvait une enveloppe jaunie par le temps, scellée par un tampon de cire qui n’avait pas bougé. Il n’y avait rien d’écrit ni au dos, ni sur la face principale de la missive, donc son destinataire était complètement inconnu. C’était d’ailleurs incrédule que le commandant observa son alter ego sortir cette lettre. Oui, depuis des années, il la gardait sur lui et l’emmenait partout, ressentant un vide chaque fois qu’il l’oubliait. Parfois, il la prenait dans ses mains et ressentait une grande chaleur, mais il était incapable de se souvenir qui lui avait remis ceci. Comme si un traumatisme avait occulté ce souvenir de sa mémoire. Cael, confiant, tendit la missive à l’azurée, s’assurant qu’elle la prenne, puis reprit.

« - Il y a bien des années, un certain soldat, encore tout adolescent, s’était rendu compte qu’une fille de son unité lui plaisait tout particulièrement. Il en avait parlé à son mentor, l’officier en charge de la division, et ce dernier lui avait conseillé d’écrire une jolie lettre à la fille qui faisait battre son cœur. Tout se passait bien, le garçon allait remettre sa belle enveloppe, il avait passé la nuit entière à rédiger son texte… Mais il ne put jamais le faire. Car le lendemain, un terrible évènement se produisit. Il retrouva les assassins de ses parents. Et ce jour là, pour la première fois, sa personnalité sombre, incarnation de ses désirs les plus noirs, prit le contrôle, et tua tout autour de lui sans distinction. Le traumatisme fut tel qu’une partie de sa mémoire des jours précédents s’effaça complètement de son esprit, comme s’il avait estimé qu’il ne méritait pas de remettre cette lettre ; et pour cause, parmi les morts, il y avait le mentor du jeune homme, qui était aussi le père adoptif de la fille dont il était amoureux. Tu l’auras compris, cet idiot t’aimait ! Mais par ma faute, à l’époque où je n’étais guère plus qu’une pensée parasite, il s’est détruit par culpabilité. Il a éprouvé une réelle affection pour Boa… Et la voir mourir aujourd’hui par sa faute est une perte comme on ne devrait jamais en souffrir. En ce moment, sa culpabilité est bien plus forte que la tienne. S’il a fait le choix de t’emmener loin, c’est que la vieille Nyon, après s’être sacrifiée, nous a confié le sceptre des amazones permettant de guider les rois de mer pour nous venir en aide. Lorsque tu as perdu connaissance, nous n’étions déjà plus que les dernières âmes encore en vie sur l’île. Les bombardements ont détruit chaque parcelle de la ville, réduit en miettes les amazones réduites au désespoir devant la mort de leur reine. Il n’a pas choisi de ne pas leur venir en aide, il a choisi de venir en aide à la seule personne pour qui c’était encore possible. Il a accompli ce qu’aurait voulu Boa, pas seulement à cause des sentiments qu’il te porte, mais aussi pour rendre hommage à la volonté de Boa qui s’est sacrifiée, en parfaite de connaissance de cause. Sa mort approchait. Tôt ou tard elle aurait été exécutée, et nous n’aurions pu l’empêcher. Justice n’est pas encore assez influente, pas assez forte pour accomplir les exploits dont vous rêvez, aussi beaux soient-ils.

Cael marqua un temps d’arrêt afin de laisser la jeune femme digérer les paroles dures, mais réelles de son interlocuteur. Puis il reprit.

« - Maintenant, parlons de sentiments de Riku. Je te l’ai dit. Il était amoureux de toi dans le passé. Et ces sentiments sont restés enfouis au fond de lui, même si sa mémoire s’était partiellement effacée à ce sujet. C’est aussi pour cette raison qu’il a toujours tout fait pour te protéger, même perdre stupidement cet œil. Pour cette raison qu’il t’a fait confiance à toi et pas à Boa pour la création de Justice, qu’il t’a montré tous ses plans, qu’il a fait de toi son bras droit… Et qu’aujourd’hui, ses sentiments reviennent. Son cœur ne peut plus les contenir, et chaque seconde qui passe le rapproche de plus en plus de la réalité des sentiments qu’il te porte. Il n’y a aucune plaisanterie de sa part, ni de la mienne. Même si sa demande était particulièrement crétine, elle n’est que l’expression sincère de ce qu’il désire plus que tout, être avec toi. Enfin… L’expression de ce que NOUS désirons.

Les joues de Cael s’empourprèrent, et il se cacha de nouveau au fond de l’esprit d’un Riku qui reprit le contrôle tandis que sa coiffure revenait à la normale. Ses traits s’étaient adoucis, et sans laisser le temps à Rika de se remettre du discours de son alter ego, il la prit dans ses bras, posant sa tête contre la sienne, et prit le temps d’une longue inspiration avant de prendre la parole :

« - Jamais je ne me moquerais de toi à ce sujet, Rika Kayama… Nous sommes ensemble pratiquement depuis toujours, tu es celle que je connais le mieux, avec qui j’ai tout affronté… Notre lien a dépassé le temps. Je conçois que tu aies du mal à le croire, et j’en suis désolé. Plus encore, je suis navré que tu aies cru que par égoïsme je t’ai sauvé toi et pas les autres.. Si cela avait été en mon pouvoir j’aurais sauvé tout le monde… Et tu le sais, ça a toujours été ma volonté. Mais si j’ai tenu à te parler avec autant de sincérité… C’est parce que je ne veux plus me cacher. Je ne pourrais pas avancer sans toi fertiligirl… Tu es ma meilleure amie, mais aussi et par-dessus tout, tu es le cœur qui m’est lié… Je t’aime. »



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Rika Kayama
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Amer et désemparée de son impuissante, son seul exutoire consista à se déchainer sur son sauveur sur lequel elle cracha son fiel. En apparence sa rage était dirigée vers le Commandant Kaisuki, son plus ancien rival et ami, pourtant son esprit se criait son péché, sa responsabilité de l’avoir poussé à venir. Blessée dans son orgueil par les événements de leur périple, le Brun s’était déjà mis en danger maintes fois pour sa tête brulée de subordonnée, et à présent tout un refuge avait été réduit en cendre par la simple évocation de leur lien avec les soi-disant terroristes. Rika d’habitude plus combattive, prête à remotiver le moral de Riku, éprouvait pour la première fois les chaines d’un dessein bien plus obscur et pavés de sacrifices déchirants. Sa voix tremblait de fureur et de tristesse à ces reproches acerbes, ses iris azurées se figèrent sur l’expression soudainement sévère de son supérieur, qui l’avait précédemment talonné jusqu’au pont. Le visage naïf et soulagé du jeune stratège s’était décomposé et reforgé en des traits implacables, aspect de sa personne assez rare envers la demoiselle sauf lorsqu’il tenait à lui confier ses états d’âme, il s’approcha d’elle de quelques pas puis la gifla avec une certaine retenue. La rencontrer de sa paume et de la joue de l’Azurée résonna de manière significative, malgré le minimum de force déployée, Rika put ressentir la chaleur douloureuse émanée de sa pommette. Par reflexe, elle déposa immédiatement sa main sur la zone devenue rouge de sa figure, aucune protestation ne s’échappa de ses lèvres, la tête toujours penchée sur le côté, dissimulée par des mèches de sa cascade de saphir comme si elle était interloquée par ce geste malencontreux à son encontre. La dame aux plantes se contenta de fermer les yeux un instant, beaucoup d’insolents se serait offusqué d’un tel acte mais sa raison lui fit admette la nécessité de cette claque afin de redevenir plus lucide. Intérieurement elle le remercia d’avoir réagi avec fermeté, n’avait-elle pas cherché à être punie en lâchant cette provocation totalement absurde et bien loin de la réalité afin de se libérer de cette pesante frustration, il lui fallait être remise à sa place. Son ami était parvenu à l’adoucir par cette secousse légitime.

Le regard dénué d’émotion de la Générale se releva vers la stature de son Commandant dont le physique se changea à la surprise de cette dernière, la moitié de sa chevelure d’ordinaire d’ébène blanchit ainsi que l’iris de son œil valide vira à la teinte d’un rouge sanguin, une transformation des plus impromptue. L’instinct de Rika lui inspira que l’homme face à elle n’était plus la personnalité insouciante de son ami, il avait laissé le champ libre à son idiosyncrasie plus taciturne et malsaine représenté par son alter égo, Caël, même sa prestance respirait un charisme bien plus inavouable. Que voulait ce crétin de première à apparaitre dans une conversation sérieuse, lui si insensible au sort d’inconnus ou du moins dans une moindre mesure ? A tous les coups, il allait lui aboyer dessus au prétexte d’être dérangé une énumère fois par leur dispute puérile, qu’elle ferait mieux de devenir plus forte si elle ne désirait pas être secourue, un speech de ce style. Il exprimait son éternel air féroce, peu avenant à un éventuel débat, il déblatèrerait ses réprimandes sans s’attarder sur les excuses ou les contre-arguments. Les deux rebelles conservèrent une distance respectable, si l’assassin essayait de se rapprocher, Rika n’hésitera pas à le repousser avec véhémence. Elle pardonnait l’attitude de son rival mais s’il osait lever la main sur sa personne, ce ne serait pas la même histoire malgré une récente tolérance visible entre les deux guerriers férus de frissons et de bataille. Le Commandant sombre d’une voix cinglante rabroua sa Générale sur son tempérament et son opinion vis-à-vis des prétendus sentiments de son alter égo, il rationnalisa la responsabilité de ce carnage au Gouvernement Mondial en prenant l’exemple de toutes les personnes exécutés en lien proche ou non du terrible pirate Gold.D.Roger. Par cet exemple, il réussit à la prendre de court, puis enchaina par divulgation d’une confidence enfouie dans les abysses mémorielles du charismatique Riku Kaisuki ; Ce dernier conservait précieusement une lettre depuis des années. Simultanément, il extirpa une vieille enveloppe décolorée et scellée par un cachet de cire de la poche intérieur de son manteau d’uniforme de Commandant, il la tendit à l’adresse de son bras droit. A la vue de cette missive, une étincelle de curiosité naquit chez l’Azurée, en effet plus d’une fois où elle épiait son supérieur, elle crut l’apercevoir entrer les mains d’un Riku songeur, un petit sourire radieux aux lèvres. L’indisciplinée jeune femme avait décidé de ne pas l’interroger à ce sujet par crainte que cela soit une ancienne lettre de Boa qui lui était destiné, un motif suffisant de ne pas souhaiter s’immiscer davantage de leur relation. Ainsi ses soupçons passés se confirmèrent d’après les dernières paroles de Caël s’agissant de l’insensibilité de Riku à la perte de son ex-femme, machinalement d’une main tremblante, Rika se saisit de la missive en le questionnant du regard : Est-il déterminé à ce qu’elle l’ouvre pour appréhender l’ampleur de la souffrance, du désarroi de son ami ? Inconsciemment, ses prunelles céruléennes glissèrent sur la correspondance défraichie, son pouls s’accéléra à l’idée d’y découvrir une déclaration enflammée d’amour de la part de l’Impératrice des mers, pourquoi lui infliger une telle torture ? Une sensation étrange l’envahit comme un voile de sérénité chassant son anxiété, confuse par ses propres pensées, un pressentiment tiède lui souffla d’être plus attentive à la suite.

Son intuition la guida à ne pas s’enfermer dans cette conclusion hâtive, toujours la tête baissée, elle écouta le récit de Caël offrant une histoire à ce mystérieux courrier encore récalcitrante d’en apprendre plus sur l’amour entre Boa et Riku. Or elle se fourvoya sur toute la ligne, il n’était pas question d’un instant supplémentaire dans leur idylle, bien au contraire le Commandant sombre lui avoua une vérité occultée par l’intéressée. Son courage pris à deux mains, il narra qu’un très jeune soldat succomba au charme d’une jeune marine de son unité, indécis il demanda conseil à l’officier en charge d’eux et de leur discussion en sortit la recommandation de coucher son ressentit sur le papier. Résolu à faire connaitre à sa dulcinée ses tendres, il rédigea dans la soirée sa confession, néanmoins, il n’eut jamais l’opportunité de lui remettre l’expression de son amour. L’élément déclencheur de cet empêchement fut au cours d’une échauffourée par la mort prématurée de ce fameux officier, le mentor des deux adolescents et notamment le père adoptif de ladite prétendante, mort dans laquelle la personnalité sanguinaire s’estima fautive par l’explosion de rage causant un massacre aussi bien chez les ennemis que les alliés. Le cœur de l’Azurée se compressa à cet épisode traumatisant de sa vie, bien sûr elle avait rapidement déchiffré le message entre les lignes après deux phrases mais Caël ne s’arrêta pas en si bon chemin, lui certifiant finalement que Riku était bel et bien tombé amoureux d’elle autrefois. Dévoré par la culpabilité, il enterra son attachement pour son amie, ce qui ne l’empêcha pas plus tard de s’amouracher de Boa au point de l’épouser. Il surenchérit sur le fait que Riku avait respecté la dernière volonté de la Shichibukai et l’esprit des amazones, toutes décimées par dévouement à leur rein, en protégeant la seule personne encore prête à se résister. Boa s’était sacrifiée de son plein gré pour sauver l’espoir d’un monde meilleur en l’essence des deux membres de Justice Heart, consciente que l’existence de son royaume était condamnée depuis le départ de son mari de Marineford. Cet échec cuisant s’achevant par la perte d’innocents et principalement de sa femme, affecte plus profondément le Commandant que son bras droit ne pourrait l’imaginer, certes Rika se trouvait dans l’incapacité de nier le sentimentalisme et l’expansion à se fustiger de son partenaire de mission. Le farouche combattant instaura une pause, l’Azurée digéra avec difficulté la nature contextuelle de la missive mais également l’explication de l’éloignement causé par l’interlocuteur terré dans sa conscience. Elle n’arrivait pas à croire ces propos, tout cette conversation n’était qu’un tissu d’excuses car s’il avait raison, cela voudrait dire que son univers basculerait de nouveau. Le Commandant sombre clôtura son monologue d’inepties, l’immense confiance en la guerrière à la chevelure d’eau dans ses projets de sauver le monde résultait de ces supposés sentiments renaissants. Le sérieux et l’entêtement de Caël d’une voie qu’il qualifiait d’inutile apportait une impression dérangeante, ce voyage lui avait grillé les méninges à celui-là aussi, heureusement Riku ne patienta pas que Rika rétorque quoi que ce soit pour reprendre la place. De mèche par leur proximité spirituelle, tout aussi obstinée, la part lumineuse du Commandant n’en démordait pas à exposer leur lien si spécial, il se permit d’ailleurs de piétiner l’espace vitale de sa subordonnée en l’étreignant posant sa tête au-dessus de la sienne. De quel droit ils l’oppressaient à rouvrir des vieilles blessures et s’autoriser à bafouer ses attentes, la Générale les avait préalablement avertis de ne pas insister en vain. Les efforts combinés des deux personnalités de se mettre à nu restèrent sans réponse, coincée face à cette pression aussi physique que psychologique, Rika cherchait une échappatoire à ce déballé romanesque qu’elle dénicha dans l’objet entre ses mains. Certes, elle n’adhérait pas au plaidoyer du caractère sanguin de son partenaire, néanmoins, le contenu de ce vieux torchon attirait sa curiosité et éveillait une peur enfouie sous la glace dont elle s’était murée depuis des années. Une peur profonde de la signification de l’existence d’un tel message, des répercussions de l’authenticité ignoré de ce passage manquant de leur histoire.

Soucieuse d’avoir un moment d’intimité, elle se dégagea sans ménagement de cet enlacement envahissant et non permis, par la suite elle s’isola à l’écart le dos tourné à l’ex-Amiral. L’Azurée examina sous toutes les coutures cette fameuse missive trainée aux quatre coins du monde, délicatement elle retira le tampon rouge, ses doigts tremblèrent au contact de ce courrier si énigmatique. Plusieurs secondes s’écoulèrent pendant lesquels la Générale hésita à déplier la feuille en deux, son courage la poussa à parcourir les lignes manuscrites qu’elle reconnut comme l’écriture de son rival. Ses écrins de saphir lurent de bout à bout la rédaction élégante, interdite, elle déchiffra chaque mot de la promesse transcrite :

« Rika,
Je ne sais pas si un jour j’aurais le courage de te remettre cette lettre. Elle contient beaucoup de choses que j’ai mis du temps à admettre. Beaucoup de temps, parce qu’à notre âge, quand on se rend compte de ces choses, on a au départ l’impression que c’est futile, que c’est presque un poison gênant pour tout le reste des choses que l’on veut accomplir. Beaucoup de temps parce que pour des raisons complètement idiotes comme l’ego d’un garçon, on rejette cette idée, on se dit que ce n’est que passager.
Rika…
Tu es ma rivale. Une amie. Une personne avec qui j’ai partagé beaucoup de choses depuis que j’ai fait ta connaissance. Avec qui j’ai passé plus de temps que n’importe qui, même ma famille dont les souvenirs s’échappent de jour en jour. Avec toi, j’ai frôlé la mort, parfois parce que tu m’avais tendu un piège « pour me taquiner », parfois à cause de notre rivalité qui nous fait accomplir des choses plutôt inconscientes. Rien qu’à écrire ces lignes je rigole tout seul devant cette lettre. Avec toi, malgré les vannes qu’on se balance en permanence, j’ai l’impression d’être moi-même, de pouvoir rire à chaque instant, même quand on est au plus mal.
Rika …
Ce que je t’écris dans ces quelques lignes, ce n’est pas une blague. Ce n’est pas une énième taquinerie que je préparerais contre toi, non rien de tout ça. C’est l’expression de ce que je ressens pour toi. Je ne veux pas que cela entache notre relation, je veux que l’on continue comme toujours à se chamailler, à se dépasser l’un comme l’autre pour être les meilleurs et rendre fier Mark. Mais je ne peux pas continuer à me cacher derrière mon arrogance. La vérité c’est que…
Je suis amoureux de toi.
Je ne peux pas m’empêcher de penser à toi, de vouloir encore et toujours passer du temps avec toi, de t’observer de loin… Et de me sentir heureux quand on se bat côte à côte. Voilà la vérité. Je ne t’obligerai jamais à changer. Je voulais simplement être honnête avec toi.
Riku »


Impossible, Impensable ! Cette sublime déclaration qui lui était destinée et rédigée de la main de Riku, ne pouvait décidément pas subsister dans sa réalité, elle rêvait éveillée n’est-ce pas ? Une affreuse douleur enserrant son cœur témoigna de la cruelle véracité, sa muraille de glace effritée à de multiples occasion tout au long du voyage s’effondra sous la charge des émotions qu’elle échouait à contenir, au bout de la défaillance. Donc Caël n’avait pas menti sur les intentions de l’adolescent, il s’apprêtait sincèrement à lui remettre cette part importante de ses sentiments, ce constat bouleversa la dame aux plantes extrêmement attristée au point d’amoindrir le bonheur éprouvé à la première lecture. Un bonheur projeté grâce à l’idée que ses sentiments étaient réciproque à cette époque, qu’il pensait à elle de cette manière au point de s’imaginer la scène où le jeune garçon intimidé présenterait l’enveloppe à sa soupirante. Elle l’aurait sans doute laissé mariner à sa sauce, c’est-à-dire la lire à voix haute et ensuite s’éloigner froidement sans lui donner aucune réponse, son unique certitude résidait dans le fait que son âme vibrerait de cet aveu poétique. L’effrontée serait revenue plusieurs jours plus tard aux fins de lui soutenir la réciprocité de cette affection et qu’il était envisageable de faire évoluer progressivement leur relation s’ils le désiraient tous les deux. En voilà une belle perspective chimérique qui ne surviendrait jamais, la vérité éclatait une dizaine d’années trop tard, quand bien même elle souhaitait réagir avec la même ardeur, les actes les amenant à cet échange précise abordait une situation complexe. Après tout qu’elle était la véritable raison de considérer que le moment actuel est plus approprié qu’autrefois ? Cette incompréhension l’enfonçait dans les affres du chagrin et de l’affliction, Riku avait estimé de son propre chef plus judicieux d’ensevelir voire d’occulter son amour pour la tête brulée par culpabilité. Ce raisonnement égoïste surmontée de cette décision tout aussi insensée lui donnait envie d’hurler d’une ire innommable, tourmentée à l’évidence qu’il lui avait privé intentionnellement d’un instant précieux. La Générale assimilait les aboutissements de leur séparation à la mort de Mark, il s’était auto-punis en détruisant le peu d’attachement manifesté en taquinerie en écartant la demoiselle accablée. Elle resserra sa prise sur l’épitre à fragilisée par le temps, à toutes ses pensées défilantes guidées par l’ouverture d’un cœur à la fois chantant et meurtri, ses yeux commencèrent à s’embuer, haletante face à ce torrent qu’elle ne maitrisait plus.

Perdue, une réminiscence d’une entrevue fugace de ce fameux jour où son père adoptif périt auquel elle n’avait pas réellement prêté attention car elle n’avait pas su décrypter l’insinuation derrière. Bien avant la bataille, Mark l’avait appelé discrètement dans ses quartiers, il entama une discussion louche et inintéressante au goût de sa tête brulée de fille, qui n’attendait qu’une chose ; en découdre avec l’ennemi.

- Dis-moi tu n’aurais pas eu une visite dans la nuit ?

- Une visite ? Euh non, je ne vois pas pourquoi j’en aurais quand tout le monde dort et puis les pervers, j’en fais mon affaire sans que tu t’en mêles.

- Je n’évoquais pas ce cas de figure et si je veux être prévenu si jamais il t’arrive ce désagrément, je ne laisserai pas cet acte impuni. Je penchais plus sur un rendez-vous convenu, tu en toucherais à ton papounet hein ?

- Tu es fou un rendez-vous en pleine nuit la veille d’une bataille, faut être timbré pour ne pas se préparer convenablement, j’ai dormi toute la nuit. Tu es bizarre à sous-entendre des trucs, tu ne me crois pas sérieuse, c’est ça ? Tu cherches un moyen de mettre de coté alors que j’attends de me mesurer à des adversaires depuis que tu nous as annoncés la mission ou non je sais, tu veux me sanctionner parce que cette geignarde de Riku est venue se plaindre d’une taquinerie. Quelle balance ce gamin !

- Rika, calme-toi ! Je ne compte pas t’empêcher d’y participer, il ne m’a rien dis et je ne veux pas connaitre vos histoires, vous me causez déjà assez de soucis. Oublie cet interrogatoire idiot, toutefois, j’aimerais que si on te donne l’opportunité d’être heureuse, fais-moi le plaisir de ne pas jouer ta fière et sois sincère avec toi-même sinon tu le regrettas toute ta vie… Lui confia son mentor d’une voix sérieuse et pensif, une voile de tristesse passa sur ses iris émeraudes l’espace d’une fraction de seconde.

- Tu es sénile le vieux ? Tu me baragouines quoi, je ne capte rien à ton charabia.

- Tu comprendras quand le moment sera venu, promets-moi juste de ne pas foncer tête baissée comme tu sais t’y prendre. Ne pense pas jamais que tu ne mérites pas le positif qu’il peut t’arriver.

- Ouais ouais si cela peut te soulager d’un fardeau. Bon si tu as fini ta philosophie de comptoir, j’y vais.

A présent, elle saisit l’intérêt de ladite conversation, Mark était curieux de savoir si son second petit protégé avait suivi son conseil et joua son rôle de père en lui fournissant d’avance une recommandation, il savait qu’elle l’écouterait lorsque l’événement se réaliserait. Quand elle repensait à l’insistance épuisante d’être plus gentille avec Riku, cet idiot se doutait du dénouement du lien de ses pupilles, témoin privilégié de leur développement sur tous les plans, les pensées et les sentiments ne durent pas faire exception à son œil avisé. Il ne voyait pas d’inconvénient à ce potentiel rapprochement, au contraire, l’Azurée était presque certaine qu’il serait aux anges d’apprendre une idylle entre ces deux impertinents à l’avenir bien prometteurs. D’avis qu’ensemble, ils accompliraient des exploits au-delà de la vision étriquée des gratte-papiers du Gouvernement, ce fut même son argument dans ces dernières paroles pour qu’ils ne s’éloignent pas l’un de l’autre. Ce soudain rappel lui prodigua la sensation d’un coup de couteau, d’une trahison cachée, une blessure dont la plaie s’élargissaient dans sa chair. Rika était au bord de l’implosion sentimentale, persister à faire semblant de ne rien ressentir pour lui l’aidait à fuir la souffrance de son cœur, là elle discernait péniblement toutes ces appréciations. La seule solution d’y voir plus clair dans ce brouillard demeurait dans la franchise de ses impressions à haute voix, que son ami et supérieur sache les secrets verrouillés de son organe de vie.

D’une profonde inspiration, la guerrière fit volte-face dans le but d’affronter l’homme de ses rêves, elle tenta d’ordonner ses cogitations mais elle fut confrontée à l’amas de sa frustration passée et présente. Très bien, elle était dans l’incapacité de faire machine arrière, à son tour de lui prouver tout son attachement à son égard même si cela nécessitait des paroles impitoyables. Une lueur féroce illuminé son regard chancelant, de sa voix ressortait une intonation tranchante, affligée presque douloureuse amorça une tirade dans un premier temps adressé à la personnalité sombre.

- Tu…Tu oses me faire la leçon, toi qui te prétends insensible et supérieur aux mortels dont l’existence ne sert que tes petits intérêts de meurtrier de masse. Ne me fais pas croire que tu te sens concerné par le massacre de ces femmes, elles n’étaient que des gênes pour le grand Caël Kaisuki, à moins que je me trompe, tu n’as pas voix au chapitre notamment quand je m’adresse à Riku !! S’écria-t-elle pendant qu’elle déballait son sac, des gouttelettes apparurent de ses orbites. Pour tout avouer, je ne veux plus rien avoir affaire avec toi, c’était une erreur de m’abaisser à coopérer avec toi. Que tu me qualifies uniquement comme une arme, un pion sur l’échiquier de ton ambition ne me dérange pas si cela permet d’atteindre les intérêts de Justice Heart. Je suis prête à concéder énormément de ma personne pour le bien de tous et principalement celui de ton alter égo et je pensais que tu avais assez de décence envers moi pour jouer franc-jeu. Mais ce n’était pas suffisant pour ton esprit de tordu, tu voulais t’amuser à mes dépends, m’humilier, te moquer de moi en jouant avec mes sentiments. Tu m’as prise pour ton jouet de pervers dépravé, ce voyage doit bien te faire marrer. Admet que tu te délectes de cet instant et vu ce que j’ai à dire, tu vas en avoir pour ton plaisir…Je te hais du plus profond de mon cœur…En partie à cause de toi, j’ai TOUT perdu ce jour fatidique, je ne sais pas pourquoi à force de me battre à tes côtés, j’ai cru bêtement t’appréhender et pardonner cet élan de colère qui a provoqué la perte de la personne la plus importante à mes yeux. Or je me rends compte dés à présent que tu m’as privé de bien plus qu’un père, et tu as continué ton manège car ta véritable intention consistait à ce que je ne m’approche pas de ta propriété, tu m’as toujours considéré d’une influence néfaste pour tes plans.  Cette révélation en est la preuve, Riku étant la conscience et toi ses pensées inconscientes, tu…Tu étais au courant depuis le début de l’existence de cette lettre, ton discours est si poignant et détaillé que je suis persuadée que tu as tout entrepris pour qu’il enfouit davantage ces sentiments à mon égard à ton profit. T’entendre dire que tu me désires autant que lui, par pitié, cela me donne envie de vomir tes conneries de manipulateur. Pas après ce que tu m’as fais vivre tant d’années, tu ne t’es jamais penché sur ce que je ressentais, tu l’as même piétiné sous tes tas de cadavre, tellement que je ne vaux pas mieux. ALORS OUI, JE NE VEUX PLUS QUE TU PARAISSES DEVANT MOI, JE NE TE PARDONNERAI JAMAIS.

Les hurlements de la jeune femme virevoltèrent au grès du vent avant de s’évanouir dans l’océan, les larmes d’un chagrin et d’une tristesse coulèrent le long de ses joues, première fois que la Générale pleurait devant son ami mise à part à l’extinction de son père adoptif, autant dire qu’elle ne plaisantait pas. Son cœur se trouvait dans un état déplorable dont les battements provoqués un mal gravé au fer blanc, sa respiration saccadée l’obligea à faire une pause. Soudain, elle vint déposer la lettre contre sa poitrine, ne se détournant pas une seule seconde du visage naïf de son Commandant.

- …Quant à toi Riku, je ne peux nier que tu as des sentiments pour moi mais clarifions quelques négligences de ta part. D’après toi, nous avons tout affronté, que je suis celle que tu connais le mieux ou encore que je sois le cœur qui t’es lié, n’enjolive pas la réalité de tes belles paroles, je te l’ai déjà répété moult fois. Où étais-tu les quatre ans qui ont suivi le décès de Mark ? Je ne me souviens pas de ta présence au cours de mon deuil, que tu sois venu me réconforter, à être l’une des raisons pour laquelle je me levais chaque matin. Je t’accorde être une personne fière de nature, à faire comme si tout allait bien devant les autres et de ne pas s’abaisser à demander de l’aider mais cela ne t’a jamais traversé l’esprit que j’avais besoin de toi ? J’imagine les motifs qui t’ont poussé à effacer tes sentiments, je conçois que la culpabilité et l’envie de me protéger sont des facteurs rationnels mais il y a une large différence entre se dissocier d’un amour d’adolescent et couper les ponts alors que nous étions si « complices ». Tu as pris les devants sans me consulter, tu m’as délaissé à ma solitude pour mieux te consacrer sur ta carrière que tu estimais naïvement comme l’expiation de ta faute, une fuite dissimulée de ton passé. Si seulement, j’étais le cœur qui t’est lié, tu ne te serais pas entiché de Boa allant à te marier et me faire l’affront d’être l’une de ses demoiselles d’honneurs. Tu aurais peut-être constaté bien plus tôt l’erreur que tu commettais dans cette relation mais non plusieurs années se sont écoulées. Tu m’as blessé par omissions à propos de Caël et si je n’avais pas mes propres espions à Phyrisia, le passage de cette pirate ne ferait pas partie de nos conversations. Je me suis surement emportée de façon exagérée, je ne changerai pas d’avis vis-à-vis de la naïveté dont tu as fait preuve, et pourtant ma réaction provient du fait que j’ai très mal supporté l’idée que tu ais convié une inconnue dans ce jardin secret que je n’imaginais rien qu’à nous. Je me sens trahie par les choix que tu as entrepris, peu importe, ce n’est rien comparé à la loyauté que je te porte. Je…

L’Azurée se tut tout d’un coup, exhiber ses émotions au grand jour n’était pas une chose facile, finalement elle ferma les yeux, déterminée à délivrer son cœur de son plus grand fardeau.

- Riku, à l’instar de cette déclaration d’amour, je ne me dissimulerais plus derrière ma fierté. Dans ma vie, par mon tempérament fougueux, je me suis liée à une poignée d’existence dont deux à qui j’ai accordé une confiance aveugle, appréciant chaque jour leur valeur. Je ne suis pas une amatrice des débordements d’affection que je trouve niais à souhait mais elles seront éternellement des êtres précieux. L’un d’entre eux a bousculé ma vie au premier regard, quelques choses chez lui me procurait un sentiment de joie et d’apaisement, j’ai essayé d’étouffer ses étranges frémissements à chaque fois que nous nous croisions. Je me comportais de sorte à lui faire peur afin qu’il ne s’approche plus de moi, le taquinant sans cesse mais ce garçon était obstiné à me rendre coup pour coup les plaisanteries, il supportait même mes crises. Au début la frustration de ne pas réussir à le repousser provoquant des épisodes que je qualifiais de malaise croissait, petit à petit je me plaisais à me chamailler avec lui, je savourais secrètement chaque seconde à ses côtés. Parfois, il jouait les preux chevaliers servant sous couvert de m’agacer et je jouais son jeu mais au fond, mon cœur se réchauffait à l’idée qu’il puisse penser à moi-même en ces circonstances. La tragédie emporta l’homme que j’admirais, que je chérissais plus que tout mais la fatalité ne s’arrêta pas en si bon chemin, le second avec qui je m’entendais bien partit sans me dire au revoir, j’en ai affreusement souffert. Cette douleur m’a permise de déchiffrer cette sensation de plénitude aux cotés de mon partenaire mais je ne voulais pas l’admettre même une fois que mon lien avec lui s’est renouée. Nous avons rapidement repris nos anciennes habitudes, un après-midi d’été, j’ai voulu prendre mon courage à deux mains en lui confessant ce que je ressentais depuis notre toute première rencontre. Je ne pus jamais lui en faire part, il était revenu d’une mission en collaboration avec une Shichibukai, la célèbre Boa Hankock, je dévalais tout Marineford le cœur battant de me déclarer à lui quitte à le faire devant tous les soldats de la Marine. Or à quelques pas du port, j’entendis déjà des rumeurs du nouveau couple et mes craintes se confirmèrent quand j’aperçue mon ami dont le bras était entouré tendrement par une femme d’une beauté à couper le souffle. Honteuse, je me suis réfugiée à l’abri des regards, évitant les jours suivants toutes interactions avec le prétendant de la corsaire. Je fins par enfermer mes sentiments gênants dans les abysses de mon cœur glacé, je surmontais les obstacles pour avancer et s’il était heureux avec cette demoiselle alors il était de mon devoir de l’encourager…Hahaha ce résumé est si fade, je ne sais pas tellement comment m’y prendre quand il s’agit de représenter ce que je ressens. Je suis désolée, c’est stupide…Je …Je t’ai toujours aimé, Riku, Je t'aime…
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Riku Kaisuki
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Riku Kaisuki

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Cet instant durant lequel Riku et son alter ego s’était mis littéralement à nu devant la femme qui occupait désormais toutes leurs pensées, et les rendaient fous avait paru une éternité, un long moment perdu dans le temps où il avait l’impression que les paroles sortaient de ses lèvres d’elles- mêmes, comme s’il n’était pas dans son corps, comme si son esprit en avait pris le contrôle, ne supportant pas plus longtemps ce mutisme dans lequel il s’était enfermé, incapable de mettre correctement les mots sur ses sentiments qu’il avait si longtemps conservé dans son cœur. Chaque seconde s’écoulait au ralenti, comme un poids qui s’affaissait peu à peu sur son cœur, se refermait sur lui-même comme les murs d’une prison. Cette impression, c’était la peur, l’effroi de la réponse de la jeune femme, qui durant tout le discours enflammé du commandant sombre était restée interdite, comme cherchant ses mots, plus attentive à la lettre que lui avait remis l’albinos qu’à ses paroles pourtant sincères. Intérieurement, leurs résistances se fissuraient, ils se sentaient tous les deux lâcher prise, prêts à pleurer, y compris la personnalité la plus froide du commandant de Justice, d’ordinaire portée sur le combat et la violence, qui se retrouvait en proie à des sentiments qu’il n’aurait jamais cru porter en son sein. Des deux, il était celui qui ressentait les choses le plus à l’extrême, alors il était d’autant plus touché par cette neutralité qui se dégageait de la jeune femme, car la seule chose qui avait su déclencher quelque chose en son sein de visible était cette missive que le commandant sombre lui avait dévoilé, et qui ne représentait que les émotions d’un Riku adolescent sans la moindre présence ou influence de l’esprit assassin. Il était évident à ses yeux qu’il était exclu de toute chance de partager de quelconques sentiments avec l’azurée. Et alors que dans un espace-temps qui leur paraissait bien lointain leur corps exprimait pour eux les mots qu’ils avaient sur le cœur, les deux personnalités échangeaient, tentaient de se rassurer.  Dans un espace qui était propre au jeune homme, une sorte de « coffre-fort mental », il avait préparé deux fauteuils, dans lesquels s’installèrent les deux faces de Riku, bien que désormais, il était parfaitement possible de les distinguer avec cette apparence qu’avait choisie Cael.

« - Cheveux blancs hein ? C’est quoi qui t’a inspiré cette nouvelle couleur ? Sympa comme idée pour ne plus qu’on nous confonde en tout cas. tança amicalement Riku.

- Crois-tu réellement que le moment soit idéal pour s’adonner à des taquineries ? Bon sang Riku, chaque minute qui passe de ce discours est une véritable torture ! Elle nous a déjà rejetés tout un tas de fois aujourd’hui… Et au vu de son expression, j’ai bien peur que même cette déclaration ne la convainque pas de notre sincérité. Ou alors seulement de la tienne. répondit Cael, son ton laissait entendre une inquiétude palpable.

- Nous parlons de Rika, Cael. Crois-tu vraiment que c’est le genre de femme à s’extasier devant une preuve d’amour romantique et à nous tomber dans les bras en un claquement de doigt ? Nous nous murons dans notre esprit pour temporiser sa réponse par lâcheté, mais le cœur de notre générale adorée est plus protégée que n’importe quel autre. Elle n’est pas n’importe quelle femme. Si elle a pu s’élever aussi haut, c’est qu’elle a appris à murer ses sentiments pour agir avec la plus grande froideur possible, faire preuve d’efficacité. Si d’aventure sa réponse à nos sentiment devait être positive, ne t’attends pas à une démonstration de sa part comme on peut en lire dans les romans. Surtout après tout ce qu’il nous est arrivés pour venir jusqu’ici.

-- Tu ne te rends pas compte… Toi, elle a ta lettre, moi elle ne pensera jamais que c’est sincère, il n’y a rien pour me défendre… Je suis l’assassin de son père adoptif, je suis celui qui t’a changé, celui qui a failli te faire prendre une voie sur laquelle elle ne pouvait te suivre, je suis celui qui l’a déjà beaucoup blessée… Elle ne me voit que comme un sale bourrin sans intérêt dans sa vie.

- Penses-tu honnêtement que j’ai plus de chances d’y croire ? Cael, j’ai renié mes sentiments en pensant ne pas lui nuire, et j’ai produit l’exact inverse ! Je me suis marié à une autre femme bon sang ! Et aujourd’hui encore si nous avons vécu tant de galères et du subir une scène aussi horrible que le massacre injuste des amazones c’est de ma faute ! Comment pourrait elle répondre positivement aux sentiments d’un imbécile comme moi !

- Crétin. Tu crois qu’elle t’aurais suivi tout ce temps si tu ne représentais rien pour elle ? Evidemment que tu fais des conneries, on en fait tous. Moi y compris. J’en ai fait plus que quiconque ne serait-ce que par mon existence. Sérieux, je te l’ai dit, la seule chose que je ressens chez elle pendant que je parle c’est une folle envie de me rembarrer. La seule illumination que j’ai pu voir dans son regard c’est à l’instant où je lui ai remis ta lettre d’amour. Elle est curieuse Riku, elle veut la lire, et j’ignore pourquoi. Peut être pense-t-elle qu’on se fiche d’elle ? Après tout ce qu’on a vécu, comment peut-elle….

- Regarde nous Cael. A désespérer comme des enfants. Cette dimension est à l’image de nos pensées… Plus nous nous enfonçons, plus elle se noircit, plus ces murs qui nous entourent se resserrent.  Nous ne sommes que peur et honte. Comment pourrions-nous être dignes d’elle ? Notre courage n’est qu’une image. Quand il s’agit de la chose la plus importante qui soit, nous sommes incapables d’être nous-mêmes, d’être les guerriers que nous prétendons être. »

Tristement, les deux hommes reportèrent leur attention sur le monde réel alors que Riku venait d’achever son propre monologue, laissant Rika dans l’indifférence tandis qu’elle choisit de se séparer de ce contact qu’il avait initié, marquant une distance qu’il était impossible de franchir pour le commandant. Il était déjà allé trop loin en brisant son cercle intime pour appuyer ses paroles, cherchant à déclencher un élan affectueux qui ne pouvait tout simplement pas se déclencher. Pas en cet instant, pas après tout ce qu’ils avaient dévoilé, pas après ce qu’ils venaient de vivre. Il était totalement incompétent en la matière, encore une fois il avait fauté. Ces révélations devaient arriver, mais pas aussi tard. Riku avait bien trop tardé, il le savait, la bleutée ne retiendrait que ces longues années où il lui avait imposé la présence de Boa dans sa vie, totalement aveugle aux véritables sentiments qui hantaient le fond de son cœur, ces sentiments qui l’avaient toujours rendu si complice naturellement avec sa subordonnée, là où sa relation avec la Shichibukai avait toujours été compliquée, distante, présentant rapidement ses limites. Cela n’avait été qu’une illusion, un simulacre crée inconsciemment par l’esprit imbécile d’un Riku du passé, convaincu du bienfondé de sa volonté de ne plus jamais s’imposer sentimentalement à sa générale. Lui qui si souvent avait ri de la bêtise de ses adversaires qui se jetaient les uns après les autres à sa poursuite sans véritable stratégie, valait-il réellement mieux que ces individus ? N’était-il finalement qu’un homme parmi tant d’autres, sans réelles valeurs ? Se dissimulant derrière les faux semblants d’une révolution belle sur le papier ? Qui était il pour se prétendre apte à renverser le monde quand il ne savait pas gérer ses propres soucis correctement ? Qui était-il pour se prétendre digne d’aimer la seule femme qui au fond lui avait toujours accordé crédit malgré ses trop nombreuses erreurs ?  Silencieusement, s’avouant perdant, laissant sa tristesse s’exprimer à travers ses traits profondément tirés par la dépression à l’idée qu’elle puisse le rejeter brutalement, lui faire comprendre une bonne fois pour toutes qu’elle et lui ça n’existerait jamais, dans aucune réalité, et qu’il était temps de renoncer pour toujours à cette idée délirante. Plus les secondes, douloureuses, défilaient, plus l’esprit du jeune homme, prompt aux idées noires se laissait aller aux pires hypothèses. Le pire des cas étant un non massif qui mettrait même un terme à leur amitié, reléguant leur relation à un simple cadre professionnelle, et encore elle pouvait même choisir de définitivement s’en aller et de le laisser seul avec ses projets, désireuse de ne plus jamais le croiser, s’exiler quelque part où jamais plus il ne viendrait l’ennuyer. Dans le meilleur des cas, elle se contenterait de lui répondre froidement qu’elle se fichait de tout cela, que seul leur combat importait, qu’elle lui avait déjà fait comprendre son refus et l’absence de réciprocité dans leurs sentiments.  Dans tous les cas, l’hypothèse n’était guère plaisante et conduisait au même résultat ; pour Riku c’était la fin des haricots. Il devait se faire une raison, jamais une lettre, aussi romantique fusse-t-elle ne pouvait compenser tout ce temps où il l’avait fait attendre, souffrir, condamnée à une vie de servitude à ses côtés, où elle le suivrait aveuglement, fidèle, tandis qu’il se contenterait de jouer de cela pour faire de l’azurée son fer de lance. Mais contre toute attente, les choses n’allaient pas suivre ses prévisions.

Après un long instant de pause dans leurs échanges pour que la jeune femme puisse lire entièrement le contenu de la lettre, qu’elle parcourut entièrement du regard probablement plusieurs fois pour s’assurer qu’elle n’en avait pas mal lu les différentes lignes, elle fit demi-tour, son regard figé sur un Cael incrédule, qui se demandait bien à qui elle allait s’adresser. Tout un tas d’émotions contraires semblaient se faire la part belle au sein de l’esprit de la jeune femme dont les yeux étaient embués, mais laissaient entrevoir une colère noire, profonde, dirigée contre celui qui allait subir son courroux. Et rapidement, le couperet s’abattit sur un Cael qui ne put que subir en silence les mots, tranchants, mais légitimes de la jeune femme bien décidée à en découdre, à vider son sac à son tour. Sans détour, elle lui fit comprendre combien elle regrettait l’existence de la personnalité sombre, d’avoir collaboré avec lui, mais pire encore… Elle ne voyait aucune sincérité dans l’expression de ses propres sentiments. Elle ne voyait en lui qu’un manipulateur, un pervers sadique assoiffé de sang, qui n’avait fait que se jouer d’elle, et continuer de se moquer de ses sentiments en venant lui servir un beau discours mielleux mais qui ne pouvait que sonner faux. Cael était catalogué. Ses pires craintes se révélaient au grand jour, et à cet instant, il n’avait qu’une seule envie, réduire peu à peu sa présence, revenir en arrière et s’effacer de lui-même pour ne jamais avoir pollué l’existence de Riku qui ne méritait pas de subir par sa faute le courroux de la demoiselle. Elle était même persuadée que la personnalité sombre avait influencé le choix du jeune soldat à l’époque à renoncer à ses sentiments. Cette injustice, mêlée à une profonde culpabilité légitime, l’esprit albinos ne la supportait plus. Inconsciemment, les larmes jaillirent, et plus encore à l’instant où la phrase, assassine, tomba : « je te hais, je ne veux plus jamais que tu apparaisses devant moi ». Le cœur de la personnalité sombre se serra comme jamais, et Riku, impuissant, ne savait pas quoi dire pour réparer cette fissure qui s’était dessinée dans leur prison intérieure. Cael l’avait poussé dehors et se recroquevillait désormais dans un espace si minuscule qu’il devait peu à peu en perdre le souffle, écrasé par ses sentiments. Et le pire dans tout cela était la vision d’une Rika en larmes, chose qui n’était arrivé que très rarement en face du jeune homme, et qui témoignait de la sincérité de ses paroles amères. Elle haïssait réellement l’albinos. Tout ce qu’elle disait, sous le coup de cette colère restée sourde trop longtemps était vrai, pensé jusqu’au dernier mot. Aux yeux de la bleutée, Cael devait disparaître de ce monde.

Mais alors que Cael cherchait comme de l’oxygène, la force de réponde à la jeune femme, de tenter de détruire quelques malentendus à son sujet, de redorer son blason désormais anéanti, la jeune femme le prit de vitesse, poursuivant son monologue à l’attention de Riku cette fois-ci. Et le portrait, s’il n’était pas aussi noirci, n’en était pas moins une succession de critiques légitimes à son égard. Il avait eu tort de penser que la seule manière de racheter sa faute auprès de Rika était de s’éloigner d’elle, qu’il devait surtout ne plus s’imposer à elle. Au contraire, la mort de Marc n’aurait du faire que les rapprocher, elle avait besoin de lui, plus que jamais, et il s’était contenté de l’abandonner comme une malpropre au nom d’une justice qu’il avait choisi seul de s’appliquer, se condamnant sans laisser la chance à l’azurée de donner son point de vue sur ces faits.  Et le pire de tout, c’était la suite. Il avait commis la terrible erreur de se laisser entraîner sur une voie sentimentale qui l’avait encore plus éloigné de Rika, épousant Boa, se précipitant sur cette femme qui l’avait aimé, sans avoir conscience une seule seconde de la terrible blessure qu’il causait à la seule femme pour qui il comptait vraiment. Non, sa relation avec la Schichibukai n’était pas de l’amour, ça n’était rien de plus qu’une volonté inconsciente de son esprit de fuir encore plus en avant dans ce gouffre qu’il s’était lui même crée pour ne plus jamais repenser à ce que son cœur désirait par-dessus tout. Il n’avait fait au fur et à mesure des années qu’infliger blessure sur blessure à la jeune femme, lui imposant une vie qu’elle n’avait pas choisie, exposant à sa vue un bonheur en apparence qui ne pouvait que la plonger encore plus dans la solitude. Et pire de tout, au lieu de se reposer sur elle lorsque le moment l’imposait, entre l’apparition de Cael, et son sentiment de perte lorsque Boa s’était éloignée de lui, il avait laissé toute son amertume ressortir auprès d’une autre femme. Oh, il ne la désirait pas loin de là, mais le crime était là. Il avait une nouvelle fois blessé Rika, en la privant d’un lieu qui leur était jusqu’alors exclusif. Il voulait se rattraper sur ce point grâce à sa découverte, mais il avait fait passer la fin de sa relation avec la dame serpent en premier lieu. Timidement, il voulut s’emparer de la petite carte qu’il avait gardée conservée dans un tiroir de sa cabine, mais il savait que s’il fuyait maintenant, les conséquences seraient bien pires. Et surtout, alors qu’il avait perdu tout espoir à son tour à l’instar de sa personnalité sombre qui n’émettait plus aucun son, l’azurée acheva son monologue sur une note positive, avant de reprendre sur quelque chose de tout autre ; à la troisième personne, elle racontait le terrible récit de ce qu’elle avait vécu par la faute de cet idiot de garçon qu’elle connaissait et aimait en secret depuis si longtemps. Chaque seconde qui défilait, entre les larmes de la jeune femme, entre cette histoire poignante, et le propre poids de sa culpabilité qui venait lui enserrer le cœur, Riku se sentait de plus en plus mal. Il ne pouvait pas contenir non plus les flots de tristesse qui se déversaient de ses yeux. A chaudes larmes, il pleurait, cherchant les mots pour venir réchauffer cette demoiselle si parfaite qui peu à peu lui confessait bien des choses qu’elle avait gardées au fond de son cœur. Et l’apothéose fut lorsqu’enfin, elle avoua en face à face, ses yeux larmoyants toujours en face des siens, bien déterminés. Riku pouvait sentir qu’elle avait le souffle court. Tant de choses à dire en si peu de temps, son cœur devait être tout aussi serré que celui de son interlocuteur à cet instant. Au fond de lui, il voulait connaître toutes les pensées qui traversaient l’esprit de cette femme qui venait de la manière la plus émouvante qui soit de se mettre à nu devant lui, dévoilant son ultime faiblesse, cette vulnérabilité qui faisait d’elle un soldat plus que loyal pour son supérieur ; elle l’aimait de tout son cœur. Riku ferma les yeux un instant, prenant le temps d’encaisser tout ce qu’il venait d’entendre, ravalant sa salive, sentant malgré tout comme une gêne dans sa gorge synonyme de toute la tristesse qu’il avait ressentie, et qu’il éprouvait encore. Mais à sa grande surprise, ce fut Cael qui le premier s’exprima, prenant la parole d’une voix presque éteinte.

« - J’ai bien entendu tes sentiments à mon égard, Rika. Bien que la souffrance que j’éprouve soit réelle, c’est bien là une douce punition pour tout ce que tu as subi par ma faute. Tu as raison. Sur toute la ligne. Riku ne mérite pas de subir ta colère, tout ce qui est allé de travers dans sa vie… Je l’ai influencé. Il m’est difficile de t’expliquer dans quelle mesure, car je suis une existence qui n’est pas sensée pouvoir s’exprimer. Je suis une anomalie. Un être né de sentiments si puissants qu’ils m’ont donné vie. A l’époque où ton père est mort, je n’étais qu’une âme inconsciente. Comme par la suite quand Riku a choisi d’enfouir ses sentiments envers toi, de se tourner vers une autre… Chacun de ces mots où il a douté et fait le mauvais choix, c’est mon énergie négative qui l’a orienté du mauvais côté, et par ma faute, tu n’as pas pu connaître le dénouement heureux que tu aurais mérité. Je suis triste que tu ne me vois qu’ainsi, mais je n’ai guère de légitimité à m’en plaindre, je t’ai fait trop de mal pour cela. Je vais disparaître. Pour votre bien à tous les deux. Je ne suis guère qu’une âme bonne à faire la guerre et à t’utiliser alors que tu mérites bien mieux, et que Riku mérite bien mieux. Je ne peux malheureusement pas complètement disparaître de son esprit, du moins tant qu’il conservera une part sombre de pensées dans son subconscient… Mais tu n’auras plus affaire à moi. C’est sans doute lâche de ma part, et tu pourras amplement me le reprocher. Je n’ai aucune excuse, je dois simplement accepter cette sentence. Je ne pourrais jamais racheter tout ce que je t’ai fait subir. Adieu. Prends soin de cet idiot, je t’en prie… C’est mon dernier caprice. »

Riku voulut protester, mais il était trop tard pour cela. Cael avait pris sa décision, et rien ne pourrait l’en détourner. Il avait été touché en plein cœur par la colère violente, mais plus que compréhensible de Rika à son égard. Il sentait au fond de lui qu’il ne pourrait rien faire pour se faire pardonner, pour lui faire entendre qu’il était autre chose qu’un simple tueur sans cœur, qui ne pensait pas aux sentiments des gens. En une fraction de seconde, il ne sentait plus la présence de son alter ego en lui. Ou du moins, plus de la même manière. Dorénavant, Cael était renfermé sur lui-même, comme un éternel prisonnier d’une cellule qu’il s’était constitué à l’intérieur de celle qu’ils partageaient. Un lieu inviolable, impossible à ouvrir, dont rien ne pourrait le déloger. L’esprit combattant et sanguin avait choisi de se retirer pour le bien des personnes à qui il tenait. Riku ferait entendre raison à sa générale sur ce point. Cael avait énormément de choses à se reprocher, mais il n’était rien de plus qu’un être humain dont la croissance était plus que décalée, surtout sur le plan mental. Il était capable de réfléchir comme un adulte, mais il était beaucoup d’émotions qu’il ne pouvait pas encore appréhender. Son esprit n’était pas complètement formé, il avait beaucoup de choses à concevoir. Face à toutes ces notions qui lui échappaient comme l’attachement profond, il n’était pas grand-chose de plus qu’un enfant perdu, incapable de mettre les mots sur ce qu’il ressentait. Et cela le faisait la plupart du temps réagir de la manière qui mettait le plus en colère les gens qui l’entouraient malheureusement pour lui. Et de ce fait, il avait agi comme lui dictait son cœur, sans comprendre les conséquences que cela pouvait avoir sur la psyché d’une Rika déjà anéantie par l’épreuve qu’ils venaient de vivre à voir la destruction d’un peuple par leur faute. Il avait voulu être honnête, agir pour Riku, mais aussi pour lui, pour dépasser enfin ce marasme dans lequel ils étaient enfermés, incapables d’avancer dans la vie. Mais la conclusion de tout cela avait été terrible ; désormais il était persona non grata, considéré des deux alter ego  comme le seul et unique responsable de toute cette affaire. Dans l’ombre, il assumerait toute la part de responsabilité de son jumeau de corps, pour que ce dernier puisse être heureux auprès de la personne avec qui il aurait toujours dû être. C’était peut être la seule satisfaction que pouvait avoir Cael au moment où il eut un dernier sourire triste avant de s’évanouir, la chevelure du commandant reprenant sa teinte habituelle, et ses yeux leur couleur normale. Riku resta un instant interdit, comme pour constater la terrible perte, comme un vide à l’intérieur de lui. Cette conversation, il l’aurait avec Rika. Mais pas maintenant. Ils avaient déjà fait trop d’erreurs depuis le début de cette journée. Il leva alors les yeux sur la bleutée, et doucement, osa marquer le pas, s’approchant juste assez pour pouvoir essuyer les larmes de la belle jeune femme, l’admirant longuement, sans émettre un mot. Ce silence après tant d’épreuves, comme suspendu dans le temps, avait quelque chose d’apaisant pour le rebelle, qui ne pouvait s’empêcher d’afficher un sourire sincère. Il se recula alors, et prit la parole pour enfin briser ce silence :

« - Tu as raison sur tant de points Rika… Tu as raison depuis toujours. Je… Me suis égaré. J’ai commis des erreurs irréparables. Et il est possible que je ne puisse jamais complètement me racheter à tes yeux. Mais à défaut de pouvoir guérir complètement ce passé que je voudrais cent fois effacer pour le vivre pleinement avec toi, je veux te rendre heureuse. Je sais combien tu détestes être surprotégée, je sais combien je suis un imbécile, que je n’aurais jamais du faire tant de choses… Mais je veux être un homme meilleur. Pour toi, seulement pour toi. Je veux bien sûr être un leader digne de l’armée dont j’ai la charge, du projet que je veux mener, mais je veux surtout être une personne digne de toi, digne des sentiments que tu viens de me confesser. Tu n’imagines pas combien tu hantes mes pensées, combien je regrette d’avoir fait tous ces mauvais choix… Bon sang, je t’aime… Je t’aime à la folie… Je ne veux que toi, je pourrais renoncer à n’importe quoi pour toi, pour ton bonheur… Tu vois, je garde cela secret depuis longtemps, et je voulais t’en parler à notre retour à la base, mais j’ai trouvé une île, une île fabuleuse, un véritable paradis, pas très loin de notre QG… C’est un heureux hasard que je sois tombé dessus, je faisais de la reconnaissance, et d’un seul coup, j’ai traversé un brouillard très dense… Il y avait des récifs partout, n’importe quel navire s’y serait échoué avec ce danger. Mais mon pouvoir me permet d’orienter les courants… Et j’ai continué jusqu’à toucher terre. J’ai alors trouvé une terre comme jamais je n’aurais pu l’imaginer. De la végétation, luxuriante, à perte de vue, des arbres qui touchent les nuages… Et en son centre un arbre plus grand que tous les autres, plus large, plus impressionnant… J’ignore quel âge il a, mais on dirait le roi de cette somptueuse forêt. Depuis ce jour, je ne pense qu’à une chose, t’y conduire… Et maintenant, je veux que ce paradis ne soit qu’à toi et moi… Que ce soit notre… Chez nous secret…

Chaque seconde qui s’écoulait pendant lesquelles il faisait face sans broncher à cette femme qu’il désirait plus que tout au monde chérir et aimer, il voulait tant la prendre dans ses bras… Et c’était en totale inconscience, guidé par son cœur et ses pensées qui se succédaient à cet instant qu’il s’avançait peu à peu, jusqu’à n’être plus qu’à quelques centimètres de la jeune femme. Son regard était plongé dans le sien, désormais leurs souffles étaient si proches… Mais que faisait-il ? A nouveau il venait briser cette intimité qu’il se devait de laisser à l’azurée, à nouveau il allait la gêner… Mais c’était plus fort que lui, il y avait comme une force qui contrôlait ses faits et gestes, et qui lentement l’amenait à se rapprocher, à prendre une main de la générale, à déposer sa main libre sur la joue de cette femme magnifique, à la contempler plus que de raison, à se sentir comme électrisé tandis que son cœur s’emballait, alors qu’il était proche, si proche, trop proche… Cet interdit, il voulait le briser, il n’y avait rien qu’il voulait plus au monde là tout de suite maintenant que de déposer ses lèvres contre les siennes… Sa voix s’était faite plus douce, plus proche du murmure :

« - Rika… Je… Ne veux que toi… Toi et moi… »

Alors dans une dernière bravade, ses lèvres se déposèrent avec une lenteur plus que douce sur celles de l’azurée, se pressant légèrement, dans un frôlement d’abord timide, puis de manière plus prononcée. Emporté par son élan, le commandant ferma les yeux, priant intérieurement que la jeune femme partage sa volonté. Si elle se refusait à lui maintenant… Alors il ne pourrait jamais se faire pardonner la honte d’une telle « attaque » envers cette femme qu’il aimait, respectait, plus que tout au monde. Et tout en l’embrassant, il passa ses bras autour de la demoiselle, l’enlaçant tendrement, souhaitant lui offrir le baiser le plus intense qui soit pour ce qui serait peut être leur premier véritable baiser d’amour.
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Rika Kayama
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Rika Kayama

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Le cœur battant de s’être déclarée après tant d’années, enfin, délivrée du carcan d’un secret enfoui profondément dans son âme. Les tremblements inconscients de son corps tout au long de ses paroles volcaniques exprimaient l’appréhension, la Générale rebelle n’excellait pas dans le domaine d’orateur à l’inverse de Riku, qui réussissait à capter les foules par sa résolution, ses émotions et son altruisme. Se mettre à nue lui procurait une sensation de vulnérabilité, et pourtant l’instant inouï effaçait en partie la fierté mal placée dont elle ne se départait habituellement pas grâce à son tempérament de guerrière. Cette libération laissa un goût indescriptible à travers lequel elle sentait être une Rika bien différente, adoucie et désintéressée de sa réputation d’électron libre comme si son envol s’achevait à la frontière d’une contrée emplie de promesse radieuse. Mais pouvait-elle véritablement croire à ce fantasme ? L’impensable se produisait, une scène espérée qui s’était permise de frôler ses rêves les plus fantaisistes. Son cœur palpitant désirait la réalité de cette ambiance romanesque, malgré l’horreur d’Amazon Lily, son Commandant tenait à lui faire comprendre d’honorer ses morts en continuant à vivre. L’Azurée, déstabilisée par la vérité, adopta à son insu à cette philosophie de la réceptivité, leurs aveux resplendissaient à l’unisson des rayons de l’astre couchant. Ses iris aux reflets de l’océan brillèrent d’une lueur d’ivresse et observèrent les traits de ce rebelle charismatique mais bien trop crédule aux fins d’appréhender l’impact de son discours explosif sur les deux personnalités. La blancheur de sa chevelure assortie de sublimes rubis glacials manifestait la présence du caractère assassin et brutal de cet être exceptionnel, courageusement il s’était dressé en rempart encaissant le déchainement de la fureur adressée à son encontre. Il ne broncha pas une seule contestation au flot de reproches acharnées, qui l’incriminait d’être le fondement du comportement absurde de son hôte, le meurtrier de son père adoptif puis d’avoir insufflé à Riku son éloignement ; des griefs extrêmement acerbes. Pourtant l’albinos ne conserva pas son éternel sang-froid dont il se vantait à son alter-égo et la Générale, son visage exprima inconsciemment un voile d’affliction, des larmes s’évadèrent sans retenue. Malgré la stupeur de ce débordement insoupçonné, Rika poursuivit la ponctuation de sa tirade âpre, sourde à cette émotivité pour mieux l’achever avec une conclusion cruelle. Jamais, l’Azurée s’était autorisée à formuler sa haine en ces termes, et cela engendra immédiatement la disparition de l’idiosyncrasie parasite, laissant Riku braver ses propres réprimandes, ainsi que l’amour maladroitement confessé par sa rivale de toujours.

A bout de souffle, son regard d’ordinaire froid et carnassier se perdit un instant dans le reflet de l’astre couchant au travers des magnifiques joyaux mordorés de son cher et tendre Commandant, figée en une posture vulnérable que la jeune guerrière n’aurait jamais cru adopter. La vérité éclatait enfin au grand jour, et pourtant elle n’osait imaginer les conséquences de leur déclaration enflammée, où cela pouvaient-ils les mener concrètement ? Est-ce bien judicieux de céder ainsi à ces sentiments, témoins des actes ignobles que la Marine était prête à commettre pour satisfaire le Gouvernement Mondial ? Tant de question dont seul l’avenir parviendrait à répondre sans crainte, cela valait-il le coup de se lier plus intimement ? L’anxiété en elle grandit malgré la joie immense d’être aimée en retour par son bien-aimé, par réflexe, elle se mordit la lèvre inférieure en proie à ses réflexions guidées par son caractère militaire. Soudain, une voix rauque attira son attention vers Riku, elle le vit, le visage sévère de Caël marqué par la souffrance et le dépit de s’être fait jeter sans le moindre ménagement. Abasourdie d’une telle vision presque irréelle, cet homme sanguinaire n’ayant aucune pitié pour ses ennemis, traitant ses alliés avec peu de respect, de simples marionnettes à placer en protection dans l’objectif de s’approprier plus de pouvoir et être l’homme le plus puissant. Ce dernier affichait des affres d’une peine qu’il échouait à dissimuler, chamboulé voire écrasé par le poids de la fureur de sa subordonnée. Il admit être en partie responsable, ne serait-ce que spontanément par son existence, des choix de son alter-égo, néanmoins, il tenait à lui faire comprendre son affection à son égard en s’acquittant de sa sentence. Les iris carmin et glacials du bel albinos se ternirent d’un voile de chagrin, qui transperça le cœur de son amie en un pincement douloureux. Non, hors de question qu’elle se laisse manipuler par cette personnalité meurtrière préoccupé par sa survie, sa soif de massacrer tout ce qui se met en travers de son chemin, impossible qu’il puisse ressentir de la culpabilité, être blessé par les propos d’une femme qu’il a souhaité modeler en tant qu’arme. Une créature si calculatrice n’était pas censée éprouver si promptement des remords, à cause de la vengeance dévorante de Riku, de sa naissance, elle s’était retrouvée pendant longtemps seule et livrée à elle-même. De quel droit se permettait-il d’exhiber ce tourment, il la considérait comme une imbécile s’il pensait ouvertement qu’elle renoncerait à sa décision à la vue de sa tête de chien battu. Franchement, il abusait de sa patience…

Son corps agit en total contradiction avec l’obstination de cette entêtée, ses émotions touchèrent sa sensibilité bien malmenée par le carnage d’Amazon Lily, bien trop d’âmes s’étaient éteintes. Affectée par l’idée que les flammes de la désolation consumaient le refuge de ces femmes légendaires au tempérament baigné dans les batailles, impuissante à leurs cris d’agonie. Et désormais Caël comptait disparaitre, il ne se chamaillerait plus avec Rika en plein affrontement où la taquinerait de son allure bourrue de concert avec son autre personnalité. Certes il se conformait au désir de la demoiselle, pourquoi maintenant ? Pourquoi ne rechignait-il pas comme à son habitude, à jouer les fiers combattants inatteignables par une colère viscérale ? Cette dernière ne s’était pas atténuée, pourtant l’Azurée était tiraillée par le sentiment de se faire abandonner par cet être avec lequel elle s’était liée pendant plus deux ans, et contre toute attente, elle s’en trouvait désemparée, affligée. Ses lèvres se dissocièrent naturellement sous ce besoin de le rappeler, une main presque tendue avec l’attention de l’empêcher de s’engouffrer dans le néant de son subconscient. Trop tard. Rika n’eut pas le temps de le retenir, de lui dire que ses mots atrabilaires ont dépassé ses pensées, qu’il était absolument crétin d’écouter pour l’unique fois de sa vie cette requête absurde, de ne pas réagir avec son aplomb arrogant. Il s’était envolé, concédant volontiers sa place au Commandant originel par la nuance ébène prise par sa chevelure et la couleur dorée de ses prunelles. Quel goujat ! Sa contrariété grondait tandis que la peine lui happa tout son être tremblant à cette initiative encouragée, à tort, la guerrière à la chevelure céruléenne perçut un éclat de conscience de l’ampleur de son ire et de l’implacable cruauté dont elle avait fait preuve. Ses larmes perlèrent le long de son faciès aux traits égarés entre les différents émois auxquels elle se confrontait. Fébrilement, elle regardait son supérieur avec énormément d’incertitude, allait-il blâmer son emportement, sa haine infondée sur Caël ou ignorer ce vide inconfortable, qui sait providentiel, pour s’enjouer des aveux de son bras droit si loyal.

Un ange passa, le charismatique chef de Justice Heart réduit assez la distance entre eux, ne pénétrant toutefois point l’espace privé de la jeune femme, il se contenta d’essuyer ses larmes. Insondable, Rika s’était figée pas par crainte d’être frappée une seconde fois, plus par faiblesse de savourer cet instant doux, cette simple caresse qu’elle aurait autrefois repoussée virulemment lui procura un effet lénifiant. Un sourire éclaira son sublime visage, ravi de cet amour partagé avec la dame de glace, résolu, il lui annonça sa volonté d’expier ses années perdues, ses innombrables bévues à son encontre, lui affirmant sans détour être prêt à abandonner n’importe quoi pour son bonheur. Il ne s’arrêta pas en si bon chemin dans son discours mièvre, lui révéla par la même occasion sa trouvaille, une formidable île florale qui plairait à sa Générale et désirait en faire leur chez eux secret selon ses termes. Elle sut qu’il souhaitait se faire pardonner d’avoir emmener la pirate dans leur jardin dédié à la plénitude, cependant, cette résolution galvanisa la conception d’un nouveau lieu de retraite où tous deux seraient eux-mêmes sans craindre les indiscrets. La chaleur resurgit dans le cœur de l’Azurée, affluant dans tout son sein provoquant de légères rougeurs sur ses pommettes, Riku lui proposait implicitement une relation plus proche. Sans se départir de sa désinvolture naïve et courtoise, il appuya ces promesses d’un geste inédit et déstabilisant pour Rika, il se plaça devant elle. Si proche, trop proche, son Commandant venait d’anéantir toute notion de cercle d’intimité chez sa rivale, à l’accoutumé, elle s’adonnerait à le frapper pour son impudence. Cette pulsion peu digne d’une femme n’effleura pas son esprit, au contraire, à l’inverse cette irrépressible nécessité de solitude lui parut dérisoire à la seconde où leur souffle se mêlaient, leur regard à la fois malhabiles et à la fois unis. Bien évidemment, la Générale au fort caractère s’immobilisa déroutée par cette avancée inopinée, délicatement il posa une main sur sa joue pour la lui caresser, tout son être fut électrisé. Abasourdie et envoutée par ses deux prunelles mordorées qui retenaient tout son attention, son organe de vie battait à tout rompre dû à la proximité des deux amis, assaillie d’une impression aussi oppressante que bienvenue. Le jeune chef de la rébellion prit tendrement sa main comme pour la rasséréner ; qu’il ne lui ferait aucun mal mais que sa subordonnée était légitime à le repousser si elle ne désirait point ce rapprochement.

D’un murmure trahissant son souhait de se lier réellement à elle, de vivre quelque chose d’inoubliable à ses côtés, d’enchevêtrer leur vie dans une relation plus qu’amicale ou hiérarchique, selon l’interprétation de la demoiselle. Son cerveau parvint à peine à enregistrer les informations que les commissures de ses lèvres tombèrent sous le joug du charmant Brun, qui dans un élan de vaillance, l’embrassa avec la plus grande douceur. Coup de grâce pour l’Azurée dont le corps émit un tremblement, ses doigts se crispèrent très légèrement, pendant que son esprit échouait à consigner l’instant. La réalité d’être embrassé par l’homme qu’elle aimait depuis bien des années lui fit écarquiller les yeux, son pouls s’agita à grand renfort de tambourin. Son Commandant…Il venait de sauter le pas, franchissant une à une les barrières dressées par sa plus fidèle amie, était-il sot au point de risquer leur amitié à s’emporter de cette façon ?... La surprise laissa rapidement place à une explosion d’allégresse, elle qualifia ce moment de merveilleux, envahie d’un sentiment de plénitude rayonnante, de sécurité encouragée par le fait qu’il l’entoura de ses bras afin de la serrer contre lui. Son cœur devenu léger et chatoyant parut élever son âme dans les sphères célestes, il chantait une mélodie si radieuse. Enivrée, ses yeux fermés, elle se noya à corps perdu dans cette tendresse qui lui était destinée sans lui transmettre de réponse, il ne fallait pas oublier que c’était son tout premier baiser d’amour. Celui à Water Seven n’était qu’une embrassade froide dont le but avait été de chasser les émotions de son rival à son égard, un effort bien inutile aux vues des circonstances actuelles et du regret ressenti par son auteur. Là, c’était tout à fait différent, l’étreinte était spontanée sans arrière-pensée, une preuve de son affection envers sa partenaire de mission. L’effet procuré n’en était que plus décuplé d’une telle intensité que Rika céda silencieusement à cette délicieuse approche, son unique pensée consistait à faire le vœu que le temps ne s’écoule plus.

Finalement, l’Azurée se décida à lui retourner ce message de passion, imperceptiblement, ses lèvres soutinrent celles de son supérieur avec appréhension et maladresse. Elle leva une main pleine de chaleur, s’apprêta à la déposer subtilement sur l’uniforme couleur ébène de son prétendant, au niveau de son poitrail mais elle s’interrompit à quelques centimètres de sa destination. Malgré la félicité du moment, sa réflexion souleva une objection à ce bonheur qui lui tendait les bras, celui que Mark dans son éternel sagesse l’avait exhorté à s’agripper, les voir s’avouer leurs sentiments le rendrait si fier d’eux. Son cœur protesta contre ce son de cloche qui paralysa sa conscience cartésienne d’une vérité moins réjouissante, plus douloureuse : Cette intimité si inespérée serait-elle réellement bénéfique ? L’amour détient un sens tranchant, cruel dont les répercussions sont bien plus déterminantes que cet enchantement particulièrement mirifique, valait-il le coup de tout perdre ? Etaient-ils sérieusement prêts à assumer les conséquences néfastes et préjudiciables que cela entrainerait ?... Rika brisa le baiser à contrecœur, et se recula de quelques pas, son regard céruléen se détourna aussitôt du visage séduisant du jeune homme, se prémunissant de la déception qui en émanerait de constater cet éloignement. Le regret la tiraillait, sa main tenant la lettre se raidit sur celle-ci, néanmoins, il lui était impossible de faire machine arrière, elle devait accomplir son devoir, son serment à tout prix.

- …Riku, attend…Nous ne sommes plus des adolescents, nous ne pouvons plus nous permettre d’être aussi insouciants comme à l’époque, d’agir bêtement sur un coup de tête par envie. La donne a considérablement changé depuis, nous avons chacun des responsabilités jointes à des dizaines, des centaines voire des milliers de vie, il est impensable que nous faillissions, égarions pour ceux que nous avons promis de protéger. Il est tout simplement trop tard, accepte-le… Regarde cette sublime île, refuge d’une population brimée, elle a été victime de nos liens, de ton mariage avec Boa, nous les avons rendus vulnérables, à la merci de leurs tortionnaires. Désormais, il ne reste plus que des brides disséminées dans le monde à travers les amazones traitées en esclave. J’ai conscience que ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne les réduisent à néant par le caractère imprévisible et dangereux d’une telle communauté, leur objectif réside dans ton affaiblissement pour mieux t’écraser. Caël a très bien décrit la précarité de Justice Heart, tu sais mieux que quiconque, nous ne devrions pas leur donner plus de chance de détruire ce projet que tu chéris. Sois honnête, et rassure-moi en m’affirmant que tu n’as pas affiché devant ces deux foutus amiraux de l’inquiétude ou de l’intérêt pour ma personne.

Rika releva les yeux vers lui afin de sonder son expression avec un sérieux peu commun, résolue à lui faire entendre son opinion.

- Je vous connais trop bien, toi et ton sentimentalisme, lorsqu’un événement te touche personnellement, tu ne parviens pas à garder la tête froide. J’en suis la preuve au cours de cette expédition, tu as accouru à mon secours sans te soucier des retombées sur la rébellion alors que tu en es l’âme. Même si cette facette me plait énormément chez toi… Je ne veux pas être la faiblesse qui te fera chuter, je m’oppose à cette alternative dans laquelle tu agiras de manière déraisonné à l’instant où tu sauras que je suis en difficulté. Je tiens à ma liberté et je suis une soldate prête à donner ma vie, Riku, je ne tolérais jamais que tu me cantonnes à des tâches inoffensives ou prés de toi par peur de me perdre. La situation serait également tout aussi complexe pour moi, l’idée que tes actes seront guidés par les miens m’obligerait à me ronger les sangs en espérant ne pas te voir débouler. Nous serions tous deux distraits par le bien de l’autre, un cercle vicieux dont l’enjeu entrainerait le désespoir et le triomphe des atrocités et de l’injustice. Es-tu vraiment disposé à un tel avenir pour un temps éphémère ? Interrogea-t-elle- en lui tournant le dos. Sincèrement, je ne pense pas être capable d’occulter cette évidence, bien trop de gens comptent sur cette lueur d’espoir que nous leur apportons. Il serait cruel de leur enlever par le désir égoïste d’être ensemble. Peut-être qu’un jour, une fois la tyrannie détruire à la source, nous pourrons envisager de vivre pleinement la tendresse que nous ressentons l’un pour l’autre… J’aimerai bien être avec toi… Je suis désolée, je me dois d’être distante, je ne le supporterai déjà pas si tu disparaissais alors si je renonce à ma conviction… Chuchota-elle d’une voix inaudible presque étranglée.

S’en sans rendre compte, elle blottissait de toutes ses forces la lettre de Riku contre son cœur, déchiré, ce dernier affligé de chagrin en un puissant pincement à ce verdict unilatéral. Des larmes chutèrent à nouveau sous la pression et la contradiction, elle devait penser d’abord aux plus faibles avant de se plonger dans une relation ô combien fabuleuse, aventurière, mouvementée. Que dirait Mark ? Comprendrait-il les raisons de ce mur construit entre ses deux êtres amoureux ou lui reprocherait-il de ne pas vivre assez pour elle, de ne penser encore et toujours aux autres sans se préoccuper de sa personne ? Peu importe, il n’était plus là pour lui prodiguer ses conseils. Il fallait qu’elle reprenne contenance, oublier l’immense joie de cette proximité, de l’envie d’être auprès de lui pour le bien de tous, son bien à lui. L’Azurée tentait d’écarter ses vagues d’émotions, de les pousser dans une cage, la corvée réquisitionna toute sa volonté et encore, la tristesse persistait à se faire remarquer. Pourquoi il lui était si compliqué de revenir à la Rika glaciale d’avant cette déclaration ?  Pourquoi la souffrance la dévorait de l’intérieur à l’idée de conserver son statut de bras droit et d’amie ?


Dernière édition par Rika Kayama le Lun 28 Fév - 22:36, édité 1 fois
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Riku Kaisuki
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MessageSujet: Re: Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki]   Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki] - Page 3 EmptySam 5 Fév - 11:07

Le temps s’était arrêté, pour dresser entre les deux soldats le plus parfait des tableaux. Le monde n’était plus qu’un écrin de lumière qui entourait ces deux personnes dont le destin tragique partagé les avait tant éloignés par le passé. Riku, Rika… Deux noms si proches, deux destinées qui n’avaient cessé de demeurer liées l’une à l’autre, comme si rien, pas même la pire des trahisons, ne pouvait définitivement les séparer. Leur naissance était la même, simple, mais rapidement détruite par la perte de personnes chères à leur cœur. Réunis par leur mentor, un homme dont le cœur d’or n’avait fait que contribuer à renforcer cette conviction, ses sentiments qui s’étaient peu à peu construits, brique après brique dans l’esprit de ces candides enfants devenus adolescents aux pensées les plus pures, qui partageaient malgré leur rivalité une vision du monde héritée de leur supérieur, une vision qui les avait rapprochés, faisant d’eux le parfait duo. Ils se repoussaient, mettant en avant leurs egos, mais au fond, ils ne faisaient que s’accrocher un peu plus l’un à l’autre. Combien d’années s’étaient écoulées alors que le brun avait fui tout ce temps la réalité de ses sentiments ? Combien de temps était-il demeuré sourd aux appels de son cœur battant la chamade chaque fois que son regard croisait celui de l’azurée, interprétant cela comme l’excitation d’une prochaine bravade à l’encontre de la jeune femme ? A quel point était-il demeuré aveugle à l’amour de cette demoiselle qui s’était murée dans le silence, et l’avait soutenu alors même qu’il la trahissait ? Alors même qu’il avait piétiné sans la moindre considération ses sentiments ? Qu’il avait traîné cette femme à l’autre bout du monde, s’appuyant sans discontinuer sur sa loyauté, sans même chercher à comprendre ce qu’il pouvait y avoir derrière cette fidélité inflexible ? Aucun soldat sain d’esprit n’aurait suivi Riku sans avoir de bonnes raisons, et plus encore dans le cas de Rika, elle ne l’avait pas simplement suivi, elle était restée à ses côtés même dans les heures les plus sombres. Le commandant, prétendu justicier incapable de faire le point sur ses propres désirs, le savait, s’il était demeuré seul, sans que personne ne se joigne à son projet, l’ex vice amirale l’aurait suivi sans hésiter. Parce qu’à travers ce jeune homme naïf et parfois trop rêveur, elle reconnaissait les enseignements de Mark, elle voyait un homme sérieux, un véritable guerrier à sa manière, et plus que tout l’homme qu’elle avait toujours admiré en secret. Et alors qu’il avait enfin franchi ce pas qu’il avait si longtemps repoussé, l’esprit du brun s’emplissait de doutes autant que d’une puissante allégresse. Cette dernière, incandescente, inhibait toutes ses pensées négatives ; mais même si Rika lui avait avoué ses sentiments, même si à cet instant, elle ne l’avait pas rejeté, désirait-elle réellement se lancer avec lui dans l’aventure d’une relation amoureuse ? Après tout ce temps à l’avoir maintenue dans l’attente et la tristesse, en était-il seulement digne ? Son cœur battait la chamade, et les émotions se mélangeaient dans un cocktail destructeur qui l’empêchait de mettre de l’ordre dans ses pensées. Et pourtant, il voulait que jamais ne cesse ce moment.
Soudain, Rika décida de lui porter le coup de grâce, l’ultime flèche qui allait définitivement faire disparaître toutes ces idées noires. Elle ne le repoussa, bien au contraire, d’abord surprise, elle se laissa finalement aller à cet instant des plus doux, fermant les yeux et se blottissant un peu plus contre lui, elle pressa ses lèvres contre les siennes, transformant cet instant déjà merveilleux en un paradis silencieux, rien qu’à eux, que ne brisait que le frottement de leurs uniformes alors qu’ils se collaient l’un contre l’autre, et leur souffle, lent, chaleureux, symptomatique du bonheur qui les envahissaient l’un comme l’autre. Le cœur de Riku n’était pas le seul à être à la fête, il pouvait le sentir alors que l’azurée était dans ses bras, son palpitant tambourinait dans sa poitrine, comme en écho du sien. A cet instant, les pensées de Riku ne concernaient plus la peur de se voir repoussé, non, il imaginait l’avenir, resplendissant, les deux conquérants, se soutenant l’un l’autre, accomplissant la volonté de leur maître de les voir grandir comme deux adultes soucieux de l’équilibre du bien et du mal, de protéger les plus faibles, et de remettre à leur place les tyrans et les corrompus. Riku était l’âme de Justice, Rika en était le corps, à eux deux ils formaient le duo qui pouvait sauver le monde. Et ensuite ? Le brun se surprit à rêver de bien des manières, s’imaginant fonder une famille avec la belle générale, imaginant le caractère de cette dernière mise à l’épreuve par un enfant tout aussi rebelle que ses géniteurs. Ces rêveries l’emplissaient d’une félicité inédite. Il prenait conscience que jamais il n’avait songé aussi naturellement à toutes ces choses par le passé. Il s’emportait, il le savait, mais il ne voulait pas effacer ces idées de son esprit, elles ne faisaient que renforcer sa volonté de vivre avec la jeune femme la plus fantastique des aventures, un destin qui ne pouvait que les unir pour la vie l’un à l’autre. Et cette chaleur le faisait dépasser le stade de la raison. Son étreinte, de manière inconsciente, se faisait plus affectueuse, ses mains descendaient le long du dos de l’azurée dans l’intention de caresser délicatement son dos ; par le passé, le commandant n’aurait jamais songé à une telle idée sous peine de se voir infliger les pires souffrances, mais son cœur l’incitait à pousser cet instant aussi loin que leurs désirs mutuels les pousserait à aller, même s’il s’avançait en terre inconnue. Rika ne le savait probablement pas, il fallait dire qu’il ne s’était pas particulièrement étendu sur le sujet, mais il n’avait jamais dépassé dans sa relation avec le Boa le stade des baisers candides. Même au cours de leur nuit de noces, il n’était pas passé à l’acte, souffrant d’un curieux sentiment de culpabilité dont il n’avait pas su identifier l’origine à l’époque, et qu’il comprenait beaucoup mieux aujourd’hui. Elle devait le croire expérimenté en la matière, mais au contraire, il était plus tendu que jamais, ignorant quelle suite donner à cet instant, et la jeune femme semblait tout aussi hésitante que lui, rapprochant une main du torse de son partenaire avant de se raviser. Sauf que ce que le brun interpréta comme un élan de timidité se révéla rapidement en un flot de doutes, alors que la bleutée se recula, rompant leur baiser, détournant le regard, pour le ramener sur terre. A ce moment précis, les paroles de la belle azurée lui remémorèrent les avertissements de leur mentor à l’époque où il n’était qu’un adolescent, plus particulièrement un jour précis où le plan d’un garçon ambitieux commençait à germer dans son esprit trop fertile.

Ce jour-là, Riku avait été confronté à la réalité de la marine telle qu’elle était dans le monde où ils vivaient. L’unité de Mark avait été affectée à la surveillance d’un château. Le roi avait en effet reçu des informations comme quoi parmi son peuple des terroristes fomenteraient un coup d’état pour le renverser et commettre de nombreuses exactions pour atteindre leur but. La mission était donc somme toute classique et ennuyeuse ; le groupe de soldats avait été placé sur les murailles et par moment plusieurs d’entre eux se rendaient en ville pour patrouiller, cherchant à écouter les conversations au détour des rues, à connaître la réalité des intentions que le souverain prêtait à ses administrés. Mark n’avait émis aucun commentaire lorsqu’il avait reçu les ordres de son supérieur en charge de tout leur secteur, et avait simplement grogné une fois l’escargophone reposé, intimant aux trublions qui constituaient son unité de se mettre en tenue. L’officier n’était pas quelqu’un de très arrangeant lorsque la mission qu’on lui confiait consistait à protéger des noblions car la plupart du temps il n’en voyait pas l’intérêt, et il avait transmis très largement cette façon de penser à toute son unité qui s’était bien gardée de relever la mauvaise humeur du soldat, soupçonnant que ce dernier n’en resterait pas là une fois sur place. Et sur ce point, il ne déçut absolument pas la pensée de ses hommes ; à peine arrivés et en place, il prépara une « mission non officielle » à l’attention de ses subordonnés, divisés en trois équipes. L’une d’entre elles se chargeait des patrouilles en ville. Elle était constituée des soldats les plus bourrus du groupe, habitués à entrer dans les ruelles et les bars les plus louches. D’anciens loubards que les milieux obscurs n’effrayaient pas. La seconde équipe, encadrée par Mark, donnait le change en demeurant vigilante sur la muraille, observant l’horizon, rendant des rapports aux soldats de la garnison permanente. Enfin, une troisième équipe, la plus importante, devait s’infiltrer parmi les nobles et tenter de comprendre les us et les coutumes de ce royaume, chercher des indices sur une possible présence de corruption. Et bien évidemment, qui de mieux pour jouer ce rôle que le duo le plus improbable de l’unité, Riku et Rika ? Lorsque l’officier leur annonça leur rôle, les deux adolescents restèrent hébétés de longues secondes, incrédules, pas certains d’avoir bien compris leurs ordres. Mais lorsqu’il se répéta et que le couperet ne fit que confirmer sa chute, les protestations furent vives, notamment de la part de la bleutée, qui se voyait plutôt dans l’équipe chargée des patrouilles « musclées » qu’à traîner avec des têtes couronnées en se faisant passer pour ce qu’elle n’était pas. Evidemment, Ils n’eurent pas réellement le choix, et toutes leurs supplications ne changèrent rien à la décision bien arrêté de l’officier qui y voyait là l’occasion de taquiner ses recrues préférées et de leur apprendre quelques leçons supplémentaires au passage. Le soir venu, alors qu’ils étaient arrivés sur place, et que Rika était partie bouder après une séance forcée d’essayage de corsets et de robes qu’elle trouvait foncièrement horribles, Riku vint près de son mentor qui s’était isolé pour observer l’horizon au-delà de la muraille. De là où ils étaient, ils pouvaient voir l’ensemble de la capitale, une ville entourée de hauts murs, à l’aspect tristes, et surtout des ruelles larges et remplies d’échoppes et de maisons de qualité au centre proche de la demeure du seigneur quand les habitations les plus excentrées tenaient plus de la bicoque à peine capable d’abriter de la pluie de pauvres personnes à l’abandon. Les raisons de la révolte du peuple crevaient aux yeux. Mais le brun n’émettait aucun commentaire, comme s’il attendait que Mark le questionne, ce qu’il finit par faire :

« – Tu sembles pensif Riku. Quel genre d’idées peuvent bien envahir ton esprit ? Tu n’imagines pas cette pauvre Rika en train de se changer j’espère…

- Mais enfin mais… Pas du tout ! il s’était interrompu un instant, rougissant aux paroles volontairement provocatrices de son mentor.

- Tu sais… Si je vous ai choisis elle et toi pour cette mission, c’est pour une bonne raison. A votre âge, vous êtes encore capables d’apprendre. Les baroudeurs qui composent cette unité sont de fiers soldats, tous compétents à leur manière, mais ils seraient bien incapables de se faire passer pour quelqu’un d’autre qu’un groupe de soldats bourrus au possible. Toi et Rika, vous avez cette capacité de vous adapter, parce que votre caractère n’est pas encore pleinement formé. A travers cette « leçon », j’essaie de vous apprendre une leçon très importante. Dans ce monde, pour choisir qui l’on veut être, on doit d’abord apprendre à ne pas être cette personne. On doit s’adapter, se plier à certaines choses, même si on les déteste, et alors la valeur de notre volonté n’en sera que renforcée. C’est comme ça qu’on se rapproche de ses objectifs. Alors même si ça peut vous paraître vexant, et que cette bornée de Rika ne voudra pas l’entendre. Croyez moi, c’est très important pour votre avenir. Mais peut être pensais tu à tout autre chose ? »

– Et bien… Depuis quelques temps, chaque fois que nous sommes en mission, j’observe les gens. J’ai l’impression que quoi que l’on fasse, même lorsque l’on sauve ces gens, leurs ennuis ne sont en fait que repoussés pendant un temps… Nous ne sommes pas des sauveurs, juste un vulgaire pansement qui se décolle plus rapidement qu’on ne l’imagine, disparaissant de la mémoire de ces gens. Alors je… Je m’interroge parfois sur mon avenir. Est-ce que je veux juste jouer ce rôle de médiateur qui intervient pour ne rien arranger ? Est-ce que la Marine est réellement ce qu’elle prétend être ? Je sais que je ne devrais pas penser tout ça… Rika me le répète assez souvent, mes états d’âmes m’affaiblissent, et si je ne suis pas capable de contrôler ces émotions qui m’assaillent, alors je serais juste un poids pour vous….

- Riku. Les émotions, c’est quelque chose que n’importe quel humain normal ressent pour une raison ou une autre. Parfois elles nous font commettre des erreurs, parfois elles nous donnent une force insoupçonnée. Tu ne dois jamais les percevoir comme une faiblesse, elles sont ainsi, elles font partie de toi, et tu n’es pas en mesure de les contrôler. Celui qui se renferme dans la froideur n’est destiné qu’à une chose, la souffrance. Un cœur qui ne s’exprime pas est un cœur vide de sens, une vie destinée au silence et aux ténèbres. Mais toi tu n’es pas un homme de l’ombre Riku. Je l’ai pressenti chez toi depuis le début. Tu as une âme de leader, quelque chose en toi qui fait que les hommes pourront se précipiter nombreux pour couvrir tes arrières et t’aider à accomplir tes projets même si leur vie devait en pâtir. C’est un pouvoir très exaltant, mais très dangereux,  mais qu’il faut savoir manier avec sagesse. Et sans émotions, tu serais incapable d’émettre des jugements, de te sortir de certaine situations.

- Mais… Si je devais commettre une erreur de jugement qui causerait la mort de gens qui me sont proches ? Quel genre de leader laisse les gens mourir pour réaliser sa propre ambition ? Comment pourrais-je accepter de voir tomber quelqu’un à qui je tiens juste pour servir ma cause ? Si je devais… être avec quelqu’un, comment pourrais-je assurer la réussite de mon projet avec la pensée perpétuelle que la personne que j’aime peut mourir par ma faute si je la mets en danger ?

- La mort n’est qu’une étape de la vie Riku Il faut que tu comprennes que c’est ainsi que fonctionnent certaines personnes. Parfois, on n’a pas d’autre but dans la vie pour se sentir accompli que de tout faire pour réaliser le rêve d’une personne que l’on admire, dont on respecte les idéaux, que l’on veut voir réussir à tout prix. Dans l’histoire, des rois se sont ainsi élevés, au détriment de nombreuses vies ils ont ramené la paix dans leur pays en guerre ou en tyrannie. Le bon chef n’est pas celui qui donne de sa personne en permanence pour sauver tout le monde. C’est celui qui accepte d’être le réceptacle des rêves de tous ses soldats, celui qui les aide à s’élever, et qui accepte leur sacrifice lorsque c’est la volonté de ces hommes et de ces femmes qui le suivent. Au cours de ma carrière j’ai vu mourir bon nombre de personnes, amis proches comme soldats sous mes ordres. Mais pas une seule fois je n’ai pensé que j’avais choisi la mauvaise voie. Aujourd’hui mon rêve s’accomplit enfin. A travers toi et Rika, je vois enfin naître l’idéal que j’ai toujours visé. Et j’ai l’impression que c’est une vision que nous partageons toi et moi…

- Vous avez lu en moi… Je repense sans arrêt à ces mots que vous avez eu pour nous, lorsque vous avez juré de nous apprendre la véritable définition du mot justice. Que les ordres ne sont pas une chose absolue, et que parfois, il n’est pas mauvais de s’écarter d’un chemin tout tracé lorsque l’on considère qu’il ne nous apporte que le malheur. Ce n’est pour l’instant qu’au stade embryonnaire… Mais j’ai commencé à imaginer une nouvelle Marine. Qui aiderait tout le monde sans distinction. Je l’ai appris à travers les livres que tu nous as fait lire, à travers tes histoires. Les bons pirates existent. Les mauvaises personnes sont partout. Moi je veux une justice désintéressée, une justice qui n’est pas destinée à gouverner et encore moins à servir de bras armé au gouvernement, mais surtout à protéger partout tout le monde, et à assurer l’équité entre les peuples, que chaque nation soit dirigée par une personne juste, qui veille au bien de son peuple. Pas un noblion grassouillet qui se fiche des pauvres qui l’entourent par milliers !

- Héhé… C’est une belle ambition. Tu me rappelles moi à ton âge quand tu parles ainsi Riku. Ne perds jamais cette idée de vue, même quand tu douteras de toi-même. Car c’est la voie que tu traceras chaque jour, dans la douleur, dans la peur, et parfois la mort et le sang, mais surtout avec au bout la lumière que tu recherches. C’est seulement en continuant d’avancer désespérément, avec l’aide de ceux qui te soutiendront que tu réaliseras cela. Et même si ton projet demeure longtemps fragile, difficile à accomplir… Tu auras toujours au moins UNE personne à tes côtés. Une personne que tu n’as peut être pas encore trouvée, ou peut être que si qui sait… Mais toujours est-il que tu ne dois jamais réprimer tes émotions car cette personne t’aidera à tout surmonter. Seul et renfermé un homme est véritablement faible. Mais lorsqu’il fait face à ses démons ou accepte ses sentiments, alors il devient un guerrier invincible que rien ne peut arrêter. Avec elle… »

Retour au présent. Face à Rika qui s’était repliée sur elle-même, faisant le terrible constat des risques encourus à travers leur relation s’ils laissaient celle-ci s’épanouir au grand jour, la jeune femme avait marqué la distance entre eux à contre cœur. Sa voix était tremblante, elle n’avait plus rien à voir avec la générale toujours si forte, froide, qui semblait pouvoir faire face à toutes les difficultés. A cet instant, elle s’était mise à nu devant l’homme qu’elle avait toujours aimé, elle se livrait à lui sans détours, et elle lui montrait un visage fragile, presque apeuré de ce destin funeste qu’elle anticipait par peur de perdre Riku, mais aussi par peur de venir en entrave à tous ses projets. Jusqu’au bout, la jeune femme ne pensait qu’à son partenaire de toujours, sans jamais mettre en avant ses propres envies, elle se créait inconsciemment une carapace. Alors c’était de cela dont voulait parler Mark ce jour là, ce que la peur pouvait créer. Les sentiments n’étaient pas une faiblesse, se lier à quelqu’un ne nous rendait pas incapable, bien au contraire. Sans s’approcher, le brun prit alors la parole d’une voix douce, apaisante, la voix qu’il avait chaque fois qu’il avait réconforté Rika lors de leurs rares moments de complicité affectueuse. Ses yeux mordorés étaient plantés sur la silhouette de cette demoiselle qui représentait son monde à présent.

« Il y a longtemps, un officier du genre plutôt intrusif et buté m’a dit que celui qui craint ses sentiments et les rejette ne peut que souffrir. Alors c’est ainsi que tu as vécu toutes ces années, Rika ? Conservant au fond de ton cœur tes pires craintes, ta douleur à mon égard ? Ai-je mis tant de temps à m’en rendre compte qu’inconsciemment tu rejettes ce bonheur qui nous tend les bras ?  Combien d’erreurs de jugement ai-je commises toutes ces années depuis que l’on se connaît ? »

Le jeune homme laissa un instant de flottement à la fin de sa phrase, il voulait laisser à sa partenaire de toujours le temps de prendre la mesure de ses paroles, de la personne qu’elles évoquaient, des souvenirs qu’elles faisaient remonter à la surface. Car la réalité de leur lien, c’était bien ce passé commun, ces nombreuses années qu’ils avaient traversées, épreuve après épreuve. Chaque fois qu’ils vivaient une nouvelle aventure, le commandant se replongeait dans son passé, s’appuyant sur leurs expériences en duo pour apprendre, progresser, faire mieux. Au fond, il n’avait jamais perdu cette volonté de toujours se dépasser pour être le meilleur, et cela, il ne l’avait pas fait pour la justice, pas pour défendre la veuve et l’orphelin non… Il l’avait toujours fait avec cet esprit de compétition qu’il avait créé de toutes pièces pour son amie.

« - Tu te souviens comment est née notre rivalité ? Moi je m’en rappelle comme si c’était hier. Tu avais perdu toute volonté de t’entraîner à cause d’une mauvaise nouvelle qui t’avait brutalement changé. C’était à peine si tu te défendais. Alors j’ai eu une idée. Si je faisais en sorte de devenir la cible de tes sentiments, aussi négatifs que positifs, alors je pourrais t’aider à devenir meilleure et surtout, à ne plus jamais souffrir. Je t’ai poussée dans tes retranchements, et jour après jour depuis, nous nous battons pour prouver l’un à l’autre que l’on est le meilleur. Je n’ai pas cessé de m’appuyer sur cette promesse silencieuse qui s’est créée entre nous à l’époque pour toutes les actions que j’ai accomplies depuis. Mais je pensais que cette rivalité n’était qu’une marque d’amitié de deux gamins ambitieux, parce que cette part de ma mémoire concernant les sentiments que je te portais avait été occultée. La réalité c’est qu’inconsciemment… Je me suis toujours battu pour être le meilleur à tes yeux… Pour être un homme à la hauteur de tes sentiments.

Une nouvelle fois, il laissa planer un silence suffisamment long pour que Rika puisse réfléchir sur le discours de son ami, la laisser réfléchir à sa réponse, ne pas la presser. S’il y avait bien une chose qu’il avait appris à son sujet avec les années, c’était la farouche résistance qu’elle posait à toute tentative forcée de s’introduire dans sa vie privée. A la fin, la décision de changer les choses lui appartenait à elle seule, et le brun ne pourrait rien faire d’autre que de s’y soumettre, tout autant qu’il appréhendait qu’elle choisisse définitivement de mettre un terme à cette étincelle qui s’était doucement enflammée entre eux deux après ce baiser qu’ils venaient d’échanger et leurs aveux.

« - Nous sommes tous fragiles, c’est le propre de l’humanité. Au fond, je n’arrête pas de penser que si je m’étais confié un peu plus sur ces pensées morbides qui me traversaient l’esprit à l’époque lorsque je songeais à ce que je ferais si je retrouvais les assassins de mes parents… Je n’aurais peut être pas perdu la tête ce jour là.  Je me réfugie derrière l’aveu de Cael qui a occulté certains souvenirs de ma mémoire, mais j’en suis tout autant responsable. J’ai agi comme un idiot égoïste, et j’ai causé du tort à tout le monde. Nous pourrions réécrire l’histoire des milliers de fois… Je suis en tort dès l’instant où j’ai fait le choix de garder pour moi mes doutes et mes souffrances. Tu dis que tu ne veux pas que je te surprotège ? Que tu crains que je ne saurais respecter ta volonté d’indépendance ? Que tu serais ma faiblesse parce que je suis un sentimental ? »

Cette fois-ci, il avait fait quelque pas dans sa direction, dans l’objectif non pas de la prendre dans ses bras, mais de faire le tour, pour se retrouver face à elle. Sa démarche était la plus lente possible, dans l’état où elle était, un geste de travers pourrait générer exactement la réaction inverse de celle que le jeune homme désirait provoquer. Il n’était plus qu’à une foulée lorsqu’il reprit ses paroles.

« - Tu te trompes Rika. Si j’ai pu accomplir jusqu’à aujourd’hui tout ce que j’ai fait, c’est uniquement grâce à toi. Je n’y serais jamais parvenu sans ta présence. Cael se trompait en pensant que les sentiments étaient une faiblesse. Au contraire. Je ne me suis jamais senti aussi fort aujourd’hui qu’avec cette volonté de me battre avec toi. Oui j’ai volé à ton secours, et je le ferai toujours, même si je dois le faire seul. Mais cela ne veut pas dire que je te vois comme quelqu’un de faible qui a besoin d’être chouchoutée, mise à l’abri, bien au contraire. Je respecte profondément ta force, tant physique que mentale. Si je suis devenu le soldat à l’esprit aiguisé que souhaitait voir Mark, tu es devenue la guerrière indomptable qu’il voyait en toi. Et c’est uniquement en duo que nous réussirons à aller jusqu’au bout, comme nous l’avons toujours fait. Il n’existe personne au monde pour me séparer de toi. J’ai commis des erreurs qui ont conduit à cette tragédie à laquelle nous venons d’assister, et je mentirais si je te disais que je ne ressens aucune tristesse d’avoir vu tant d’innocents périr par ma faute. Mais s’il y a bien une chose que je ne te laisserai jamais penser, c’est que t’aimer me distraira de mon plan. Mon plan, c’est un combat dont tu fais partie. Il n’y a personne en qui j’ai plus confiance pour toi pour mener nos troupes sur le champ de bataille. Personne en qui j’ai plus confiance pour m’apporter les victoires qui nous feront franchir les étapes de notre révolution. Je ne serais jamais plus rassuré qu’en te sachant les armes à la main pour conduire nos soldats. Ils te font confiance. Rika… Nous avons assez gardé toutes ces choses pour nous, nous les avons assez réfutées… Cela n’a fait que nous causer des souffrances qui nous ont empêchées d’avancer.

Le pas fut franchi. En un instant, Riku n’était plus dans le dos de la jeune femme, il était face à elle, son visage à quelques centimètres de celui de la belle générale azurée qui hantait ses rêves. Il redressa doucement le menton de cette dernière et planta son regard dans le sien, pour l’achever d’une dernière attaque :

« - Libérons nous de ce carcan…. Rika… Ce soir… Je veux t’aimer… Pleinement, entièrement… Rattraper tout ce temps que nous avons perdu. Ce soir… Je veux être tien. Et pas seulement ce soir, Rika Kayama… je veux être l’homme qui te rendra heureuse toute ta vie.

Délicatement, comme pour joindre le geste à la parole, il prit l’une des mains de la demoiselle pour la guider jusqu’à son torse, posant la paume de cette frêle générale sur la chemise de son uniforme pour qu’elle puisse sentir les battements de son cœur. Leurs souffles se mêlaient dans une chaleur apaisante, il n’y avait plus qu’un pas à franchir pour que la soirée marque le début d’un tout nouveau lien bien plus profond entre eux… Lui le désirait et le montrait à sa partenaire, mais désormais, c’était à elle de lui apporter sa réponse…

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Rika Kayama
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MessageSujet: Re: Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki]   Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki] - Page 3 EmptySam 25 Juin - 23:52

Quelle humiliation ! La jeune Générale s’était toujours montrée digne peu importe les circonstances, une froideur peu commune, maître de ses émotions exception faite lorsqu’il s’agit d’assister à de la malveillance de l’Homme envers les végétaux ou des absurdités de son Commandant. Elle parvenait à conserver un flegme à toute épreuve, face à un adversaire redoutable ou une tragédie se déroulant sous ses yeux, nombreux furent ceux qui qualifièrent Rika de femme sans cœur dont ne découlait aucun sentiment. Une réalité bien fausse, elle s’était simplement prémunie depuis sa tendre enfance à la mort de ses parents d’une solide carapace contrer la peine et la douleur, sa conviction consistait à prouver au monde sa force, son obstination et son sang-froid que rien ne saurait atteindre. Pourtant, l’émoi, les larmes la submergeaient à partir de la lecture de cette vielle lettre d’amour, son corps tout entier tremblait, vibrait du chagrin de ces années d’ignorance, de cette solitude liée à son ambition à soutenir Riku dans sa rébellion. Honteuse de sa soudaine fragilité, elle s’était accordé le soin de tourner le dos à son interlocuteur, elle dissimula les perles ruisselantes, ainsi que les affres de son organe de vie sous une tirade lancinante aux fins de se rappeler sa promesse. La vérité fut que la demoiselle au teint d’albâtre s’était définitivement persuadée suite à la perte de Mark, esseulée, qu’il était préférable de ne s’attacher à personne, elle ne subirait à l’avenir nulle déception, tourment. L’absence de son père adoptif lui pesait déjà chaque jour, regrettant d’avoir ouvert son cœur à cet homme sage, sévère et attentionnée envers elle, qui l’avait accueilli sur son navire, au sein de son unité et plus particulièrement de son âme. Malgré la réticence de la petite fille, il sut lui faire apprécier son mode de vie et les jours qui s’écoulaient à ses côtés. Bien évidemment, le tempérament indépendant et fougueux de sa nouvelle pupille, ce lien singulier père-fille brillait par son authenticité, loin des gestes affectueux. Tous deux peu démonstratifs bien que le Vice-Amiral s’était attelé à être plus doux devant une Rika peu réceptive à ses requêtes considérées comme incongrues ; Un câlin, n’importe quoi ! Les membres de l’équipage les observaient avec amusement, parfois la vision provoquait des éclats de rire à l’énervement de l’Azurée à l’encontre de cet officier respecté par énormément de ses paires.

L’ancien Amiral était resté silencieux aux arguments pessimistes de la demoiselle contre la naissance d’une idylle amoureuse entre eux, tandis que sa Générale reprenait contenance en repoussant ce flot d’émotions regrettable. Elle espérait sa compréhension et son soutient dans ce raisonnement implacable, la soudaine passivité de Riku lui indiqua qu’il devait être dans ses pensées, songeur qu’il était à se replonger dans leurs souvenirs communs, accepterait seulement la peine que Rika était obstinée à leur infliger pour le bien du monde ? Les iris céruléennes de la rebelle descendirent jusqu’à la missive, qui lui avait procuré un tel bonheur, bonheur qu’elle se préparait à sacrifier le cœur brisé. Les secondes, les minutes se moururent au crépuscule d’une sombre journée, les derniers rayons du soleil s’estompaient au profit d’une voûte céleste étoilée. La brise marine refroidie par les prémisses de l’obscurité caressa le visage humecté de la jeune femme, sa longue chevelure dansait au gré de celle-ci. Elle n’osait se retourner, la force d’affronter ce séduisant et si charismatique minois peut-être sous le choc, chagriné l’avait quitté, de plus elle commettrait une erreur stratégique : Elle renoncerait à sa résolution, son palpitant hurlait de lâcher prise, de vivre enfin pour elle et non pour les autres, d’être égoïste à jouir des tendres sentiments que son Commandant éprouvait pour elle. Son unique solution résidait en la fuite ; se réfugier dans sa cabine le reste de la traversée, ensuite éviter les interactions avec son meilleur ami, une tactique irréalisable. Son lot de consolation est qu’ainsi, ils se protégeraient mutuellement d’un désir interdit voire impossible dû à leurs implications dans cette révolte, Riku lui en voudrait pendant un moment de s’être fait rejeter et d’être témoin de la dégradation de leur rapport alors que Rika l’aimait, l’ambiance deviendrait tendue et ambiguë. N’était-ce pas un moindre mal ? Si, il parviendrait avec le temps à s’en persuader comme elle se forçait à avaler la pilule, elle s’apprêtait à se détourner de la beauté de l’océan quand son ami l’interrogea sur son ressenti lors de toutes ces années d’ignorance. Ce ne fut pas ses questions qui l’interrompirent mais l’énoncé de leur mentor, avait-il compris l’un de ses longs laïus imprégnés de sagacité ? A ce préambule, l’Azurée se contenta de baisser la tête, reflexe admettant la réalité de ces châtiments dissimulés sous son indifférence manifeste. Attentive et nostalgique d’une époque reculée, elle abandonna tout échappée, désireuse de connaitre les mots de Mark, avait-il saisis la sincérité de ces deux élèves bien indisciplinés ? Cet idiot possédait un talent inné à déchiffrer le cœur humain, percevait les réalités de ce monde complexe, ni blanc ni noir, juste la nuance d’une nébuleuse où comportements et idées s’entremêlaient.

L’esprit de la demoiselle à la toison céleste erra lentement dans les méandres d’un passé pendant que l’ex-Amiral lui rappela l’origine de leur rivalité instiguée par la volonté d’être meilleur que l’autre, un exutoire à la souffrance. Il confessa qu’au fond, désormais ses sentiments dévoilés, il ne s’agissait que d’un prétexte de se valoriser à ses yeux, qu’elle le voit enfin, l’admire. Rika sentit ses pommettes s’empourprer à cette déclaration déconcertante, heureusement qu’elle lui tournait encore le dos, il ne se moquerait pas de son embarras. Posément, il cherchait à la convaincre que tous les signes de leur amour existaient depuis leur adolescence tumultueuse, qu’il ne servait à rien de renier l’évidence d’être ensemble. La Générale se mordit la lèvre, la voix douce et captivante envoutait en une étreinte son obstination de continuer leur vie telle qu’elle est, il réussissait grâce à sa patience et sa sérénité si confiante à apaiser une partie de ses doutes. Elle détestait lorsqu’il agissait de manière à la persuader du bienfondé de son argumentation, de la minauderie et pourtant, cela fonctionnait à chaque utilisation. Son répit fut de courte durée, il amorça une nouvelle salve dans laquelle il exprima sa fragilité en illustrant que l’une de ses plus grandes erreurs avait été de ne pas avoir partagé ses ressentiments, mais également d’avoir cru le discours de Caël sur la faiblesse des émotions. Tant de fourvoiement tout au long de ces années. A pas retenu, le Commandant charismatique s’avança vers son amie de toujours considérant la pertinence de son assaut escorté de sa verve flatteuse sur ses aptitudes belligérantes qu’il louait dans ses desseins de prôner la véritable valeur de la justice. La Bleuté était un rouage important de cet organisme par sa force de caractère et sa désinvolture à suivre ses propres convictions. Un ton de fierté et de soulagement résonnait à travers sa voix douce, il l’estimait comme l’élément clé des victoires de Justice Heart sur le champ de bataille et prétendit être conforté de la savoir armée. Rika sentit dans sa poitrine un élancement à cette déclaration, être ainsi reconnue à sa juste valeur par son supérieur l’émut à s’empourprer pendant que son cœur fredonnait une mélopée céleste. Sa notion du romantisme se révélait être des plus singulières, le fait que l’ex-Amiral lui exprime sa foi inébranlable en son tempérament guerrier fit instantanément mouche, les rougeurs s’élargirent sur toute la surface de son visage. Désarçonnée, elle tressaillit à l’apparition de son bien-aimé devant ses yeux ébahis, son visage proche du sien, l’œillade sérieusement ambré de son Commandant figée dans l’immensité céruléenne de sa belle. D’une main pleine de promesse, il lui rehaussa son menton à sa hauteur afin d’admirer ses traits de givre, assena son ultime offensive vibrante d’un charme conquérant et voluptueux, avide de faire plier son verdict à l’encontre de cette romance défendue. Son unique vœu consistait à chérir sa dulcinée de tout son être, lui procurer le bonheur qu’elle mérite tandis qu’il posait une main de l’Azurée contre son torse, contre son palpitant tambouriné de passion ; une preuve de sa sincérité à la pensée de se lier à elle.

Les battements de cœur de son Commandant lui apportait une allégresse sans nom, ses pulsions rapides lui étaient destinées à elle et personne d’autres, rien de plus exaltant. Toute son anatomie s’était figée à ce contact si doux, ses iris de glace se perdaient au travers de l’éclat mordoré de son œil valide, cette tendresse paracheva sa chute dans une réalité à laquelle elle s’était soustraite à première occasion, par crainte. Or à cet instant, cette infirme seconde suspendue dans les havres d’un monde féerique, elle éprouvait un flot d’ivresse, de délivrance, tant d’émotions longtemps égarées. La douceur de son épiderme procurait une sensation chaleureuse, elle était attirée dans une ambiance niaisement exquise, elle ouvrit légèrement la bouche promptement réservée. La Gênérale ne sut pas quoi répondre à cet élan d’affection, novice en la matière, elle perçut ses paroles comme à la fois belles et nébuleuses. Ses relations se cantonnaient à la hiérarchie militaire, à l’exception de Riku, elle ne s’était pas ouverte à d’autres personnes, ou à la limite son loyal second Elijah. Introvertie, non on pourrait même dire asociale, elle nageait à tâtons dans cette contrée indescriptible, contrée à laquelle elle ne prêta pas réellement au long de toutes ces années. Ne parlons même pas de l’amour, déjà perplexe pour bon nombre de personnes, une perception unissant béatitude et doutes suivant les appréciations de la Bleuté du mariage de son Commandant. Fermée à l’éventualité qu’un homme lui prête un intérêt quelconque, il est incontestable que l’opportunité d’en apprendre plus s’était présentée à elle. En réalité, cette excuse constituait un mensonge, la demoiselle aurait pu en saisir une lors de son adolescence mais elle s’était refusée à écouter l’être qui ne lui souhait uniquement son bonheur. Un profond regret résulta de cette prise de conscience, d’avoir agis si grossièrement envers son mentor, et ainsi de réduire cette chance à néant. Le souvenir d’une dispute parmi tant d’autres entre le Vice-Amiral et sa pupille s’extirpa des méandres de ses réminiscences…

Dans un bureau modestement décoré, assis dans un fauteuil désagréablement confortable, un homme d’une trentaine d’année tirant doucement sur la quarantaine jetait des œillades à son horloge. Il dégagea de sa posture une aura de sérieux et d’une autorité impressionnante, distraitement il rédigeait un rapport sur la bonne gestion des îles aux alentours réclamé par les grands pontes de la Marine, son menton calé sur son poing manifestait sa lassitude de l’administration pompeuse. L’officier lâcha un lourd soupir d’ennui et de désapprobation lorsqu’il constata l’heure tardive, elle s’était une nouvelle fois défilée à son entrevue. Soit-elle ne l’emporterait pas au paradis, l’homme se redressa son long manteau blanc sur les épaules, il se dirigea au seul endroit où elle se réfugiait. Discrètement, il quitta la base en suivant les traces familières de sa cible, elles s’enfoncèrent dans la forêt verdoyante, ses marques le menèrent tel un limier à un arbre imposant. Un soldat lambda ne discernerait surement pas la silhouette dissimulée parmi le feuillage touffu, pour lui ce n’était qu’une formalité, sans un bruit il s’installa contre le tronc. Ses yeux se fermèrent pendant qu’il croisa les bras avant de s’adresser à sa fille avec un ton patient et sage.

- Tu ne croyais tout de même pas que j’oublierai notre rendez-vous ? Je sais que j’ai déjà dit qu’au besoin je viendrais à toi mais tu pourrais fournir un petit effort.

-

- Rika…Je suis sérieux. Le sujet que je désire aborder avec toi est important, te connaissant tu estimeras cette discussion absurde mais je te prie de m’écouter sans te braquer. Tu grandis de jour en jour, tu deviens une guerrière très puissante dont je suis fier, seulement tu dois comprendre que dans la vie, il n’y a pas que les affrontements, le sang et la mort. Dans un avenir, tu tomberas indubitablement sur des voies divergentes et j’aimerai que tu y réfléchisses à deux fois avant de t’en détourner à cet instant.

- Je n’ai clairement pas envie de t’entendre raconter des conneries, j’ai décidé depuis longtemps de rester auprès de toi quoiqu’il advienne.

- J’en suis honoré, pourtant je ne veux pas t’empêcher de vivre une existence paisible, tu la mérite autant qu’un autre. Le sujet n’est pas facile à évoquer même pour moi. Il se peut que tu éprouves tôt ou tard le plus beau des sentiments si ce n’est pas déjà le cas, la rencontre fortuite d’un être pour lequel ton cœur chantera la douce mélodie de l’amour. Au début, tu ne saisiras pas l’ampleur de cette sensation qui te berce en sa présence, de tes pensées figées sur lui, tu ne l’admettras pas tout de suite. Vos interactions prendront une tournure plus ambiguë, tu te questionneras, ton corps réagira par des papillons dans le ventre, une chaleur intérieure.

- Qu’est-ce que tu me racontes là ? Hors de question que tu me joues les cupidons, je n’aime personne et je n’ai pas l’intention d’aimer à l’avenir.

- Ne te brusque pas, tu ne sais de quoi est fait ton horizon donc il serait plus judicieux de prêter l’oreille aux divagations d’un vieux renard. L’amour nait et se propage sous plusieurs formes, les paroles mielleuses et les actes les plus tendres et délicats, malheureusement parfois certains usent de ruse pour obtenir le bouton de fleur de …

- J’ai compris ta manœuvre. Tu veux me marier avec un inconnu pour que je m’éloigne de toi et des dangers inhérents à la vie de soldats. Pourquoi…Pourquoi tu oses me trahir ainsi alors qu’on s’était faite une promesse ?...Je te hais plus que tout, je veux plus te voir ! S’écrira d’une voix étranglée sa discipline obnubilée par ce malentendu.

- ..Tu te méprends, mon intention n’est nullement de t’obliger à épouser ce choix, je désire simplement te prévenir de ce qu’engendre les gestes d’une union amoureuse…Rika ?... Rika, reviens, s’il te plait... S’exclama le soldat du nom de Mark, la tête relevée vers la silhouette disparue de son interlocutrice fâchée, elle s’était enfuie sans demander son reste.

A nouveau seul dans cette sylve magnifique, il observa un temps la lune d’un regard vague et peiné de ne pas parvenir à jouer son rôle de père adoptif et rassurer la jeune femme. Il était en effet plus aisé de discuter avec son autre élève, Riku, ils s’accordaient sur de nombreux points, rendant sa relation avec Rika plus tendue du fait de sa jalousie créée par la rivalité des deux adolescents. Pourtant, il tentait inlassablement avec mieux la comprendre, derrière cet air sévère, il l’estimait comme son trésor, la communication catastrophique entre un parent et un enfant dans la crise adolescente revêtait un problème épineux. La patience était le maitre mot de cette situation, parfois il s’adonnait à la tristesse. Pas la peine de la poursuivre, l’ile n’avait plus aucun secret pour elle, il lui laisserait le temps de bouder et de revenir à la séance d’entrainement prévue à l’aube. Sur le chemin du retour, il croisa son second qui le salua d’un signe de la main auquel il répondit d’un hochement de tête songeur, celui-ci l’interrompit dans ses cogitations.

- Eh bien, votre fameuse entrevue avec Rika ne s’est pas bien passée, qui l’aurait cru ?

- Moi, j’échoue à l’atteindre avec mes avertissements sans qu’elle s’offusque, je ne veux que son bonheur mais elle est butée.

- Ne vous en faites pas, elle est en pleine crise d’identité. Intrépide et obstinée, elle pense devoir prouver à tous qu’elle n’a plus besoin de personne et surtout de celui qui l’a recueilli et élevé. L’envie de devenir adulte est attrayante à cet âge, et ainsi rejettera ainsi l’idée d’être couvée comme une petite fille.

- J’en suis conscient mais je souhaitais l’aider à ouvrir son horizon, qu’elle ne se fige pas dans cette optique d’un univers de batailles perpétuelles. Il existe tant de belles expériences en dehors de cette base.

- Cette période lui passera même si elle ne l’admettra pas ouvertement, elle comprendra un jour ce que vous essayez depuis toujours de transmettre comme message. Rika est une fille très intelligente à sa manière, elle reconnait déjà les valeurs que vous lui avez inculqués, soutenons la dans son épanouissement personnel.

- Tu n’arrêteras jamais de me surprendre avec tes paroles emplies de sagesse, je me dis que tu aurais été le mieux placé à être son père, tu appréhendes son tempérament avec une meilleure vision.

- Hahaha…Peut-être mais vous vous êtes choisis tous deux, il aurait été malvenu de m’interposer dans cette relation privilégiée. Nous l’avons tous aimé à la seconde où elle nous a rejoint malgré son caractère indiscipliné et belliqueux. Nous sommes nous-même des marginaux au sein de la Marine, ils savent que nous ne nous obéissons pas sans analyser au préalable les circonstances de nos missions, C’est l’un des seuls reproches que le QG nous rabâche donc il est normal qu’elle est prise rapidement le pli. Soyez fier de ce bijou que nous protégeons, et il en va de même pour le jeune Riku…

L’Azurée n’eut jamais vent de cette discussion entre Mark et son second, la donne aurait été plausiblement différente si les avait entendus de son perchoir à des kilomètres du bastion militaire. Aujourd’hui, face à son Commandant, elle put enfin appréhender la teneur des propos de son père, une lueur au fond de cet océan de givre étincela, ses membres se crispèrent d’une nostalgie irrépressible. Non, elle ne devait pas s’en lisser dans ce passé qu’elle déplorait, Mark la réprimanderait en lui enjoignant d’avancer vers cette voie finalement apparue à ses pieds. L’heure de prendre son destin en main résonnait jusqu’à son âme, il lui suffisait de progresser en tendant cette dite main, elle était aussi légitime qu’un autre d’éprouver l’allégresse d’être chérie. Rika se délesta de toutes les craintes de son esprit, son regard devint plus doux et serein, un sourire se dessina sur ses lèvres tandis que l’intonation de sa voix encore mal assurée de percevoir le sens de sa déclaration consentit à nouer ce lien à travers l’éclosion d’un tout nouveau rapprochement.

- … Ne t’attends pas à ce que je sois aussi affectueuse et démonstrative que Boa, je ne sais même pas par où commencer mais je veux faire de mon mieux pour que mes tendres sentiments envers toi ne soient pas vains. Je veux nous donner une chance, de partager des instants précieux avec toi et de …t’aimer… Acheva-t-elle en déposant à son tour la main libre de Riku contre son cœur tel un serment silencieux.
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MessageSujet: Re: Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki]   Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki] - Page 3 EmptyDim 21 Aoû - 2:47

L’esprit du soldat désormais aguerri n’était plus qu’un flot confus de pensées, ses doutes et ses désirs se mêlaient en un combat perdu dans un espace-temps lointain, entre souvenirs chaleureux d’une enfance pas toujours tendre, et mémoires douloureuses d’instants beaucoup plus conflictuels avec celle qui lui faisait face à présent, et qui hantait depuis bien longtemps ses rêves et ses cauchemars, sans qu’une seule fois il ne puisse mettre les mots sur ce qu’il ressentait à son égard. Des années de perdition, et ce n’était pas lui qui en avait payé le prix, mais bien la jeune femme dont il cherchait désespérément le regard, elle qui des années durant avait du faire semblant de se satisfaire de cette image de soldat fidèle quoi qu’un peu rebelle, mais au fond toujours là pour suivre les plans de son acolyte de toujours. Combien d’années avait-elle passé dans la souffrance, à attendre sans retour le jour où le brun ferait réellement attention à elle ? Combien d’années passées à pleurer ce sentiment de n’être utilisée que comme une arme docile ? Pendant longtemps elle avait feint d’être contentée par ce rôle, montrant avant tout son désir de bataille à ses camarades, plus qu’un quelconque attachement aux sentiments humains. Une femme forte, droite, qui connaît ses valeurs, et n’aura de cesse de se battre et d’ignorer le reste de sa vie tant qu’elle n’aurait pas mené la lutte à son terme. Plus déterminée en apparence que n’importe qui autour d’elle, longtemps les soldats de Justice Heart se tournaient vers elle quand il ressentaient des doutes et de la peur, à sa grande surprise d’ailleurs, et soucieuse de garder cette image de soldat froid, elle avait repoussé tous ces « bons à rien qui n’avaient qu’à fuir s’ils avaient si peu confiance en leur chef », défendant bec et ongles le combat du seul homme pour qui elle avait développé du respect en dehors de Mark. Mais comment auraient-ils pu penser autre chose d’un homme qui demeurait enfermé dans son bureau la majeure partie du temps, le nez dans ses papiers, prêtant à peine l’oreille aux demandes de ses soldats, qui se faisaient de plus en plus pressantes alors que leurs actions demeuraient minimes, secrètes, et avares de résultats. C’était finalement Rika qui s’était déplacé jusqu’à son bureau pour lui sonner les cloches, un jour où elle avait été particulièrement excédée par les questions incessantes de ses subordonnés. Elle fracassa d’un grand coup les portes en bois que le commandant dut contenir à l’aide de son pouvoir pour éviter qu’elles s’écrasent sur ses documents, avant qu’enfin, pour la première fois depuis des semaines, il ne daigne lever le regard sur elle. Et la première punition fusa aussitôt sous la forme d’une claque sans retenue, que la générale lui administra chargée de haki, technique qu’elle avait su développer pour pouvoir se battre à armes égales contre son rival de toujours, et qu’elle utilisait depuis régulièrement lorsqu’il était nécessaire de lui remettre les idées en place. Hurlant à pleins poumons en se saisissant du col de son ami, elle lui lança un flot de paroles acerbes, qu’elle contenait depuis trop longtemps et qui s’abattirent sur le brun qui ne put que se soumettre à la violence de la demoiselle, prenant conscience de ses torts :

« - MAIS BON SANG ESPECE DE CRETIN, TU VAS TE BOUGER ??? DES SEMAINES QU’IL NE SE PASSE RIEN, QUE TU LAISSES TOUTE TON ARMEE DANS LE FLOU, QUE TU NE CONFIES QUE DES MISSIONS SANS INTERET… A QUOI TU PENSES ? TU VEUX QUE TOUT LE MONDE DESERTE ? ET SI TU ME REPONDS QUE JE SUIS LA POUR LES RASSURER, JE TE JURE QUE JE TE TUE RIKU KAISUKI !

- Mais enfin… Qu’est-ce qui te prend ? Tu ne vois pas que je suis occupé Rika ?.. Ca ne fait même pas une journée que je me suis lancé dans ce rapport… Des semaines tu dis ? Je m’en serais rendu compte…

- Je te jure que je vais t’assommer, crétin de blobfish…Tu  t’es enfermé dans ton bureau il y a deux semaines, et le cuisinier pouvait à peine entrer déposer un plateau à l’entrée de ton bureau… Tu as les traits tirés, le regard d’un zombie, et ça sent l’animal mort ici ! Bon sang, il y a combien de temps que tu n’as pas dormi convenablement, ou que tu t’es reposé ? Et c’est sensé être le chef d’une grande rébellion ? Alors tu vas me faire plaisir, et tout de suite aller te laver , et ne discute pas sinon je t’y envoie de force en te menottant avec du granit marin ! Ensuite, tu vas te reposer, et demain, tu viendras rassurer tes troupes avec un de ces discours grandiloquents et manipulateurs dont tu as le secret ! Et tu as intérêt à le faire, parce que si après demain j’ai encore des soldats qui me poursuivent pour savoir ce que TU fais, je me barre ! Je n’ai pas signé pour suivre un cadavre sur pattes.

- … Je ne m’étais même pas rendu compte du temps qui passe… Qu’est-ce qu’il m’arrive… Tu as raison Rika, je me dois d’être un vrai chef. Et bien que tes mots me heurtent, ils ne sont que vérité que je dois assumer. C’est juste que ce plan… Cette grande révolution que je prépare depuis si longtemps… C’est le véritable sens de ma vie. Celui que Mark m’a transmis, et qui guide mes pas depuis le début. Quand je me lance dans la rédaction de ce dernier…Je ne parviens pas à m’arrêter, c’est comme si le temps s’arrêtait pour me laisser visualiser toutes les possibilités que je me dois d’entrevoir pour qu’il n’y ait aucun accroc. Difficile de vivre normalement quand on imagine toujours un nouveau scénario hein ?

- Si c’est lourd à porter, pourquoi garder tout ce plan pour toi ? D’autres pourraient t’aider… Imbécile.

- Ah oui, tu m’aiderais avec toute cette paperasse, cette comptabilité, et ces nombreux plans à dessiner pour la suite des évènements ?

- Ouh là non ! Mais j’aimerais qu’un jour tu te sentes prêt à vraiment te confier à moi Riku. Je sens bien que malgré tout ce qu’on a traversé, tu es toujours incapable de me faire confiance. Comme quand tu es revenu… Avec Cael dans la tête.

- Je sais que tu as raison… Mais ce plan, je me dois d’abord d’en achever les contours. Je te promets que ce jour là tu sauras tout Rika, comme tous les hommes de Justice… Vos actions paraissent insignifiantes pour le moment, mais elles ont un sens, et quand le plan entrera dans sa phase opérationnelle… Tout s’enclenchera.  Maintenant, si tu permets… Je dois me déshabiller pour suivre les « ordres » d’une certaine fertiligirl….

- Aaaaah attends ! Laisse moi sortir d’ici avant que je n’assiste à ce spectacle horrifique ! »

Ce jour-là, comme à bien d’autres occasions, il avait raté une chance de ne plus porter seul le fardeau de tant d’années passées à se préparer dans l’ombre. Il aurait pu tout dire à la jeune femme, lui révéler ses objectifs exacts, mais il avait choisi de lui faire comprendre que tout était prévu, que tout allait bien, de lui donner le change… Et même si elle avait fait montre de sa neutralité habituelle, nul doute qu’une fois seule, elle avait laissé échapper sa rage et sa tristesse à l’encontre de cet idiot qui refusait encore et toujours de se livrer à elle, de ne pas seulement la considérer comme un outil à sa disposition. Une fois de plus où il lui avait montré qu’elle ne comptait finalement pas tant que ça à ses yeux, et que n’importe quel soldat un peu loyal aurait fait l’affaire. C’était du moins ce qu’elle avait du penser, et Riku, même s’il savait que c’était faux, aurait pu difficilement lui donner tort. A l’époque, rien d’autre que son plan n’entrait en ligne de compte, et même s’il était rapidement redevenu plus présent pour ses soldats, ramenant leur motivation à la normale avec ses discours habituels, jouant sur les mots pour leur faire comprendre que tout suivait un plan bien défini et que c’était pièce par pièce qu’ils arriveraient à leur objectif ultime, leur rappelant aussi que tant que leurs effectifs demeuraient réduits, ils ne pouvaient se permettre des opérations trop voyantes. Et pourtant, au fond de lui, il mourrait d’envie de partager avec ses soldats, et plus encore avec Rika l’intégralité de sa pensée, des opérations qu’il avait prévues, dans l’ordre exact, jusqu’au jour de la bataille finale. Chaque allié potentiel, chaque royaume à engranger dans leur soutiens étaient notés soigneusement. Et tout cela grâce à un héritage de son mentor, l’homme qui l’avait sorti de l’ombre, et avait donné un sens à sa vie au-delà de la vengeance.

Quelques temps avant la bataille qui vit la mort de Mark, ce dernier convoqua Riku dans son bureau, comme il avait l’habitude de le faire régulièrement avec son jeune disciple, et avec Rika, pour prendre leur pouls, vérifier où en étaient leurs ambitions, savoir s’ils n’avaient pas des souhaits particuliers… Et si les entretiens avec la jeune femme duraient rarement plus de quelques minutes et qu’il n’était pas rare de la voir quitter les lieux en furie, le brun pouvait parfois rester des heures à parler de ce monde qu’il avait commencé à imaginer, comme prémices de son grand plan pour l’avenir. Mais ce soir-là, l’officier ne l’avait pas fait venir pour converser. A la place, à peine ce dernier entré, il lui intima de s’asseoir, sans lui dire de prendre la parole. Il avait parlé sur un ton pour la première fois extrêmement sérieux que le garçon ne lui connaissait pas. Il n’était pas en colère, ce n’était pas la voix qu’il prenait en situation de crise, non c’était un ton autoritaire qui fit comprendre à l’aspirant qu’il avait plutôt intérêt à respecter la consigne. Et pendant que son disciple prenait sagement place, il se mit à fouiller dans ses tiroirs, jusqu’à tomber sur un très vieux carnet poussiéreux, dont plusieurs pages avaient été écornées, jaunies par le temps. Il le tendit à l’adolescent incrédule, avant de prendre la parole :

« - Ce carnet est l’objet de nombreuses années d’observation, depuis le début de mon service dans la marine. Je te le confie, parce qu’à travers tes paroles et tes ambitions, je sais que tu sauras en faire bon usage quand le moment sera venu. »

Intrigué, le soldat se mit à parcourir l’ouvrage, découvrant des notes éparses, raturées, des dessins, parfois brouillons, mais pourtant extrêmement précis sur de nombreux royaumes du monde entier, détaillant leur population, l’état de celle-ci, leur pensées vis-à-vis du pouvoir en place, l’existence ou non de groupes révolutionnaires, ou de personnes en mesure d’en faire partie. Il y avait là des informations plus que précieuses pour n’importe qui chercherait à fomenter une grande rébellion. Sursautant en découvrant le contenu de ce carnet, Riku marqua un mouvement de recul en refermant aussitôt le livre, son regard paniqué dirigé vers son supérieur :

« - Mais… Mais pourquoi me confier quelque chose d’aussi dangereux et précieux à la fois ? Vous conservez depuis toutes ces années de telles informations ? Dans quel but ?

- Commence par te calmer Riku. Il n’y a que mon second et moi à être au courant de l’existence de ce carnet. Mais je suis ravi de voir que tu as conscience du danger que tu encours avec ce « cadeau empoisonné » que je te confie. Vois-tu, quand j’étais plus jeune, j’étais fougueux comme toi, avec des ambitions similaires. Mais contrairement à toi dont l’esprit est ordonné, calculateur, tacticien, j’étais plutôt comme Rika du genre à foncer dans le tas. Et mes nombreuses années de batailles m’ont fait comprendre que même si j’avais une unité extrêmement fidèle, je ne pourrais que les conduire à la mort dans les circonstances d’un mouvement à grande échelle. Toi, en revanche, je pense que tu es plus réfléchi. Tu sauras utiliser ces informations.

- Mais… Si un jour je décide de lancer un tel plan… J’aurais besoin de vous…

- Hahaha ! Et bien, si mes vieux os me le permettent encore… Je serai ravi d’être sous tes ordres, « commandant Kaisuki »… ça claque ! Mais surtout. N’oublie pas que tu auras une alliée précieuse dans le futur. Rika et toi vous formez un duo, qui peut parfois faire des étincelles qui vous brûlent les ailes, mais qui peut aussi voler loin, et vaincre n’importe qui. J’en ai la conviction… Si un jour tu suis tes ambitions, Rika sera là.

- Encore faudrait-il qu’elle accepte de servir sous mes ordres, et ça, c’est pas franchement gagné avec cette tête de mule ! »

Le souvenir de cette soirée s’estompa dans les rires des deux hommes. Riku n’avait jamais oublié ce cadeau, et c’était à l’aide de celui-ci qu’il avait imaginé l’étape la plus importante de son plan ; une fois la fidélité de plusieurs royaumes acquises à sa cause, il formerait un nouveau « gouvernement mondial », une sorte de fédération d’états unis autour des mêmes valeurs d’égalité et partageant un marché commun permettant à tous de se compléter.  Il ne pouvait pas l’emporter sans alliés, et pour cela, il devait choisir soigneusement ses cibles. Le carnet de Mark l’avait guidé jusqu’à North Blue à l’époque où ils étaient en pleine fuite, en quête d’un lieu où installer leur quartier général. L’ancien officier n’avait pas laissé d’indices sur un endroit en sécurité dans le cas où ils seraient des fugitifs, mais les informations dont disposait le jeune homme lui permettait d’être certain qu’il fallait commencer ses opérations dans cette région du monde. Il s’agissait de l’une des plus instables du monde, avec beaucoup de foyers de révolution, et dont le climat rugueux n’intéressait que peu le gouvernement, qui en dehors de quelques bases locales n’avait jamais conduit d’opérations d’envergure dans cette zone. Par conséquent, il fallait absolument que tout commence ici. Grâce aux opérations militaires discrètes qu’il avait menées jusqu’ici, et les quelques escarmouches engagées à de rares occasions, il connaissait les force sen place, il savait combien d’hommes était en position dans les bases et dans les royaumes en tant que supplétifs des armées, et mieux, il connaissait aussi les dernières missions qu’avait menées le Cipher Pol grâce à son réseau dirigé par Wayne. Grâce à son mentor et aux gens de confiance dont il s’était entouré, il savait que le début de son plan ne pouvait que réussir. Le plus dur serait de confirmer, et d’acquérir définitivement l’adhésion de ceux qu’il soutiendrait pour mener des rébellions. S’il commettait une seule erreur, il pourrait compromettre la suite, quand il faudrait étendre l’influence de ce gouvernement naissant. Longtemps, il avait d’ailleurs réfléchi au nom qu’il voulait lui donner ; le déclic lui était venu lorsqu’un jour, alors que Rika et lui se disputaient une fois de plus pendant un cours de Mark qui commençait à perdre patience devant ces deux adolescents qui ne lui prêtaient absolument pas une oreille attentive alors que sa leçon était d’importance capitale. Il s’approcha, et corrigea les deux garnements d’un coup de livre chacun sur le dos du crâne sans y mettre trop de force, juste assez pour qu’ils cessent et reportent leur regard sur leur professeur. Ce soir-là, même l’azurée, pourtant pas adepte des théories, et des leçons d’histoire, fut captivée par le récit du vieil officier, qui leur conta une légende très ancienne. Il y a des siècles, le gouvernement qui régissait le monde n’était pas du tout le même que de leur temps. Tous ses participants y étaient égaux, et il y régnait une prospérité jamais égalée dans l’histoire. Et pourtant, une page sombre vint rapidement entacher cette belle histoire. Un jour, un groupe de seigneurs, jaloux de voir ces pays prospérer alors qu’ils apprenaient à la populace à vivre en harmonie, attirant de fait leur propre peuple hors de leurs frontières, ils décidèrent de s’unir sous une nouvelle bannière, ennemie du gouvernement d’alors. Ensemble, ils menèrent une attaque surprise. L’on dit que nombre de leurs soldats avaient des pouvoirs qui dépassaient l’entendement, et que de nombreux monstres de toutes sortes les accompagnaient, détruisant tout sur leur passage. Plusieurs nations résistèrent vaillamment, et parvinrent à récupérer les rescapés au sein de leurs frontières, adoptant dès lors une position neutre, et dissociée de ce qui allait alors devenir « le gouvernement mondial ». Autrement dit ceux qui règnent encore aujourd’hui. Bien sûr, toutes les archives de cette histoire et de cette guerre ont été soigneusement effacées, et il était interdit de faire des recherches sur ce que l’on appelle « le siècle interdit ». Mais quelques-uns comme les ancêtres de Mark se sont transmis cette histoire, en espérant qu’un jour quelqu’un parvienne à unifier de nouveau les peuples sous une bannière qui renversera cette tyrannie. Riku n’oublia jamais ce récit, et le nom de cette ancienne civilisation : Arcadia.

Tous ces efforts, ces indices, ce soutien qu’il avait reçus le conduisaient à ce jour précis. Ce jour où enfin il prenait le recul qu’il aurait toujours dû avoir, pour considérer réellement ceux qui étaient morts, ceux qui le soutenaient de toutes leurs forces, et plus encore celle qui avait toujours été là pour lui. Arcadia ne pouvait naître sans la présence de Rika à ses côtés. Même si elle n’était pas une diplomate, sa force serait un atout indéniable, mais plus que tout, elle était sa boussole, la voix qui savait le ramener sur terre lorsqu’il s’enfonçait dans les pensées sombres, pessimistes, qu’il doutait de ses choix. Elle était ce coup de massue dont il avait souvent besoin, lui qui avait la tête pleine d’idées et de pensées ambitieuses, mais qui prenait sur lui le poids de son engagement, pensant qu’il pouvait gérer seul, peu importe la souffrance qu’il devait assumer pour avoir emprunté le chemin de la rébellion. Combien de soldats étaient déjà morts par sa faute, par son inconsidération des enjeux ? Combien d’hommes et de femmes avaient désespérément attendus qu’il les guide avant qu’il ne les déçoive ? Intérieurement, l’esprit du commandant était comme déchiré. Méritait-il ce bonheur ? Oui, il en était convaincu. Il avait peur, peur pour l’azurée, peur que par son courage parfois démesuré, elle se jette tête baissée au milieu du danger, simplement parce qu’elle désirait tout faire pour aider l’homme qu’elle aimait. Peur de ne pas être à la hauteur de ses attentes, surtout après tout ce temps à l’avoir laissée sur le côté, ignorant ses appels du cœur, profitant allègrement d’une relation contre nature, contre le choix qui avait été le sien par le passé et qu’il avait occulté à cause de sa culpabilité. Oui, Riku était coupable d’avoir ce jour là cédé à ses pulsions les plus sombres, mais le responsable au-delà de ce fait était avant tout ce monde dans lequel des gens comme Rika et lui grandissaient orphelins parce que leurs parents étaient massacrés sans que rien ne soit jamais fait pour punir les coupables.  Et à cet instant encore dans le monde, des milliers d’enfants se retrouvaient seuls parce que nés au mauvais endroit, pauvres, ignorés du gouvernement, ignorés de la justice. Sur quoi pouvaient ils compter pour se sortir de leur calvaire ? Surtout pas la Marine, qui s’était pourtant engagée à les protéger. Ce que Riku avait ressenti à la mort de Mark était la réaction d’un enfant qui voit mourir son père. Mais au fond, il avait tort de penser qu’il était responsable, et c’était ce qu’avait voulu lui dire son mentor lorsqu’il lui avait dit qu’il devait avancer sans se retourner sur son passé. Cet homme qui leur avait tout appris était mort pour défendre ses convictions, et il croyait en ce garçon, qu’il avait protégé de son corps, encaissant sans vaciller ses assauts jusqu’à ce que leurs corps respectifs les lâchent, et que Cael déchaîné perde conscience. Riku ne le saurait jamais, mais ce jour là, ses cheveux avaient viré au blanc, ses yeux au carmin. Mark avait parfaitement compris que le garçon n’était plus lui-même.  

Et c’était dans ce flot de pensées qu’une lumière se manifesta soudainement, balayant ce paysage. En un instant, l’expression de la jeune femme s’adoucit, dévoilant une part de la bleutée que bien peu avaient pu observer dans ce monde. Une expression douce, sereine, un sourire sincère, et tendre, pour lui seul, qui répondait à toutes ses paroles. Riku avait su la rassurer, et d’un simple regard la demoiselle venait de faire de même pour lui. Ce monde chaotique qu’était son esprit s’était transformé en un somptueux paysage. Alors qu’il marchait au milieu d’un chemin obscur dans lequel ses souvenirs entraient en résonance, se répondant dans un écho troublant, chacun rappelant une forme d’échec du brun, qui aurait voulu fuir ces visions jusqu’à ce que son monde change du tout au tout. Un instant comme aveuglé, il arriva au bout d’une falaise surplombant la mer, alors que le soleil se levait, embrasant le ciel de ses rayons rosés, réchauffant le monde de son aura. Le bruit des vagues résonnait en cœur avec les cris des oiseaux s’envolant à l’horizon depuis les arbres dont les feuillages bruissaient au vent. Et ce spectacle de la nature ne fut brisé que par la douce voix de la jeune femme, dont le manque d’assurance pouvait se ressentir dans chaque mot tremblant qu’elle adressait à son partenaire de toujours, répondant positivement à ses sentiments ; et le tableau qu’elle dressa de ses sentiments ne fit que rendre plus mignonne encore cette vision de la générale rougissante, contrastant totalement avec cette image de tueuse froide qu’elle s’était donnée. Le cœur du commandant se mit à tambouriner dans sa poitrine, et il put s’empêcher de sourire lui aussi alors que ses joues s’empourpraient du bonheur que déclenchait en lui sa réponse empreinte d’un amour réel. Et lorsqu’elle prit sa main pour la poser contre son cœur et qu’il put ressentir à son tour la chaleureuse symphonie que produisait ce dernier, emballé par leur rapprochement, il ne put contenir la joie qui s’était ancrée en lui pour ne plus le quitter. Il prit les deux mains de son amante, les serrant contre les siennes, et l’attira doucement pour échanger avec elle un baiser qui n’avait plus rien à voir avec les précédents ; cette fois, ils s’étaient acceptés mutuellement, ils avaient pleinement épousé leurs sentiments réciproques, et leurs cœurs étaient à l’unisson, s’apportant l’un à l’autre une chaleur puissante. Le temps s’arrêta, les yeux du brun se fermèrent pour se laisser marquer de cette sensation enivrante, de leur étreinte , il ressentait le besoin de caresser son dos, sa chevelure, comme pour explorer l’épiderme de l’azurée, comme si pour la première fois, ils devaient s’approprier l’un l’autre, se marquer pour ne plus jamais se perdre. Doucement, son visage s’approcha du sien, ses lèvres se scellèrent aux siennes l’une après l’autre, et peu à peu, la spontanéité du moment jouant sur leurs émotions, il entrouvrit légèrement sa bouche pour laisser passer sa langue et échanger avec la jeune femme un baiser bien plus passionné. A  cet instant, il resta de longues secondes collé à elle, jusqu’à rompre ce baiser pour les laisser tout les deux reprendre son souffle, avant de murmurer à voix basse, comme si d’autres pouvaient les entendre, et qu’il voulait conserver cet échange pour eux seuls :

« J’en ai bien conscience, Rika, ma fertiligirl… Que dirais tu que nous allions à l’intérieur… Toi et moi, nous avons beaucoup de choses à apprendre l’un de l’autre…Car moi aussi je ne sais pas par où commencer avec toi… Mon cœur et mon corps te réclament… Mon esprit est à la fois tendre, et embrasé, soucieux de te prendre dans mes bras, envieux de désirer découvrir plus encore….   »

Lentement, il commença à faire un pas en arrière, puis deux, et lorsqu’il avait pris assez de recul, il la prit dans ses bras, la portant telle une princesse il se mit à tournoyer, comme pour une danse qui les réunissait tous les deux et leur promettait un moment merveilleux. Il poussa la porte qui les menait vers l’intérieur du bateau, qui se referma derrière eux, avant de se mettre à fredonner un petit air que lui inspirait cet instant si spécial que le destin avait finalement su leur accorder dans les circonstances les plus inattendues.

Fille de la terre, garçon de la mer,
Construisant ensemble une nouvelle ère,
Inséparables depuis toujours,
Lui la taquinait au lieu de lui faire la cour,
Elle l’ignorait au lieu d’accepter son amour,
Preux chevalier, fière guerrière,
Amis justiciers, redoutable paire,
Traversant les batailles, et les aventures,
Rêvant de bâtir tous les deux leur futur,
Ils se retrouvèrent pourtant perdus dans l’obscurité,
Séparés par la colère, l’oubli, la culpabilité,
L’ignoraient encore, mais leur cœur par un serment invisible était liés,
Peu importe le temps, la distance, ils se retrouveraient.
Pour enfin vivre réunis, pour toujours à deux,
Enfin libres, et surtout pour toujours heureux.


Il l’avait entraînée dans une sorte de valse maladroite où seule sa voix brisait ce silence, tandis qu’il tournoyait, portant toujours sa douce partenaire dans ses bras jusqu’à atteindre la porte de la cabine de la demoiselle qu’il savait plus grande. Il ouvrit la porte, et déposa délicatement sa princesse sur le lit, s’agenouillant alors devant elle avec un visage sérieux et le plus sincère des sourires alors qu’il prononçait ce serment :

« Je m’y suis pris très maladroitement tout à l’heure… Mais Rika, laisse moi renouveler devant toi ce tendre serment…. Jamais plus je ne t’abandonnerai, jamais plus je ne chercherai à porter seul le poids de notre mission, sans me reposer sur toi… Jamais plus je ne te ferai souffrir, je veux te rendre à jamais heureuse… Car je veux que tu sois un jour ma femme, Rika… Tu es mon âme sœur… Veux-tu m’épouser lorsque le monde nous laissera enfin tranquilles toi et moi ?... »

Lorsqu’il eut terminé, il reprit un instant son souffle, comme pour appréhender les paroles qu’il venait de prononcer. C’était peut être beaucoup à entendre pour Rika après tout ce qu’ils venaient de traverser, mais il ressentait au fond de lui qu’il devait faire cette demande, maintenant, pour lui montrer son engagement envers elle et leurs sentiments partagés. Il lui laissa le temps de réfléchir aux paroles qu’il venait de prononcer, car il savait que ce n’était pas un serment  à prendre à la légère, et finalement, il s’allongea à ses côtés, prenant sa main, la faisant se tourner pour l’amener sur lui et l’embrasser avec la plus grande tendresse, murmurant :

« - Quelle que soit ta décision et le temps qu’elle te prendra… Je t’aimerai Rika… Alors pour le moment… Laisse moi découvrir avec toi ce que l’union de deux âmes sœurs peut créer comme moments, comme sensations, comme sentiments… »

Il déboutonna très légèrement deux boutons de son uniforme, pour laisser la demoiselle déposer sa main sur l’épiderme de son torse, et lui-même se risqua à caresser son dos, puis la naissance de ses hanches, descendant très délicatement ses mains, puis les remontant, frôlant du bout de ses doigts l’épiderme encore dissimulé, son regard plongé dans le sien. Il comptait aller le plus lentement possible dans cet instant délicieux, autant par son inexpérience qui le rendait nerveux, que par sa volonté que ce moment soit éternel. Désormais, c’était à l’azurée de lui répondre.

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Rika Kayama
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Rika Kayama

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MessageSujet: Re: Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki]   Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki] - Page 3 EmptyVen 22 Sep - 7:00

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Le destin était passé maitre à frapper au moment où on ne s’y attend le moins, la terrifiante Générale à la chevelure céruléenne s’était toujours battue contre ses sentiments vis-à-vis de son rival et supérieur, par souci du contrôle. La vie savait être imprévisible que le déchainement de la mer, et pourtant, elle s’était jurée de mesurer chaque acte malgré sa désinvolture et son tempérament indiscipliné, grâce aux enseignements de son mentor. Ainsi, les tragédies du passé ne se reproduiraient pas ; souffrir de la disparition de ses proches, du souvenir des beaux jours volait en éclat à cause de la malveillance de l’homme cruel. Elle s’était construite sur cette promesse au fil des années, s’interdisant de créer des attaches avec sa propre unité à Justice Heart, une belle brochette de soldats entrainée par ses soins et qui lui avaient prêté allégeance. Elijah, son second, réussit l’exploit, sans doute par sa ténacité, son sérieux et son admiration pour sa supérieure, à devenir son homme de confiance. Rika et lui tissèrent un lien indéfectible, il lui portait une dévotion sans borne, disposé à répondre aux exigences excentriques ou réaliser les tâches estimées comme des corvées par la guerrière au sang chaud. Il n’était pas rare que le Commandant de la rébellion reçoive un rapport décrivant avec précision les objectifs, les faits de la mission de l’escouade de son bras droit, et rédigé d’une plume soignée. Ce dernier ne tardait pas à comprendre aux premières lignes l’auteur véritable de ces documents normalement à la charge des généraux, exaspéré, il ne cessait de rappeler à son amie de ne pas déroger à ses obligations administratives. Des réprobations vaines, le bras armé de ce groupuscule dissimulé au Royaume de Phyrisa dont la volonté indomptable s’entrechoquaient farouchement face à l’obstination imperturbable de Riku Kaisuki. Habitude prise dès les prémices de leur adolescence, tous deux perpétuellement en quête de se perfectionner et principalement surpasser l’autre par esprit de compétition, une passion forgeant l’évolution progressive de ces êtres ambitieux. Ces confrontations modelaient contre toute attente une proximité unique, sous couvert des plaisanteries, ils éprouvaient le besoin de se protéger mutuellement faisant fi des brimades. Consciente que le Brun charismatique l’avait indirectement aidée à grandir, à adopter une vision différente que si Mark l’avait formé en tant que seule élève, il cernait les brides sa personnalité flamboyante et libre. Au-delà de ces échanges houleux, présent l’un pour l’autre dans les instants les plus accablants ; Rika le poussait violemment du pied dans le but de lui rappeler qu’il n’était pas n’importe quel homme, quand Riku n’hésitait pas à bousculer l’égo de sa générale avec de douces paroles.

Une nouvelle fois, impulsivement sur le coup de l’émotion, envisager de perdre son bien-aimé à cause de leur relation plus intime avait fait ressortir ses angoisses les plus enfouies. Angoisses balayées d’un geste de la main du jeune meneur rebelle, tenace, il résolut à ne pas être éloigné plus longtemps de la femme qu’il aime, il rejeta avec sérénité cette torpeur à laquelle Rika était assujettie. Bien au contraire, il comptait par-dessus tout sur sa meilleure guerrière pour cheminer dans la noirceur de ce conflit féroce grâce à sa hardiesse et son abnégation sur le champ de bataille. Le Commandant ne regretterait pas sa décision de combattre côté à côte, unis, ils lutteraient davantage de concert contre le Gouvernement et toutes les formes d’injustices, d’oppression. De ses mots apaisants, il fendit la carapace consolidée avec les cendres de sa souffrance, de ses craintes et des excuses derrière lesquelles elle se cachait. Comment osait-elle douter de leur rêve le plus cher, de croire manifestement que leur lien était si fragile ? Sa persévérance s’agissant de l’avenir qu’empruntaient les deux fugitifs généra l’étincelle embrasée d’un bonheur enseveli sous des couches d’un océan de glace, cette flammèche s’intensifia à mesure que son cœur se déliait des ténèbres enracinées. Persuadée par ces mots doux, elle prêta une nouvelle promesse envers son Commandant, une promesse bien plus intime, plus tendre. Enchanté de la voir se débarrasser de ses entraves, Riku s’empara de ses mains dans un désir de l’attirer délicatement contre lui, il pencha sa tête pour l’embrasser une seconde fois. Ses lèvres tièdes sur celles de la Générale provoqua les élans palpitants de son âme, conquise par ce séduisant homme aussi patient que l’intelligence de ses stratégies. Un songe devenu enfin réalité, rien ne saurait sublimer un instant aussi romantique où deux êtres épris l’un de l’autre exprimaient leurs émotions, le crépuscule complétait ce tableau mirifique. Peu importe si la terre venait à se déchirer, si la guerre déclenchait de terribles batailles, les deux amoureux ne se préoccupèrent que de dévoiler leur amour, une temporalité uniquement dédiée à leurs désirs. Conscients que le temps défilerait à l’extérieur de cette bulle qui se fabriquaient, leurs pensées rivées sur ce baiser envirant. Baiser dont l’allure s’emprunta d’une impulsion lyrique, le tacticien amena sa langue à se glisser dans la bouche d’une Rika ébahie, son instinct lui dicta de suivre sa ferveur en mêlant sa langue à la sienne. Il surenchérit par des caresses sucrées tout d’abord sur sa chevelure, puis elles longèrent les courbes de sa silhouette à l’épiderme d’albâtre éclairée par les premiers éclats lunaires, Elle frissonna d’un sentiment particulièrement indescriptible, son pouls accélérait le rythme de ses tambourinements, ses doigts s’agrippèrent à son cou comme si elle ressentait le besoin de sa sécurité, de s’assurer qu’il ne se défile pas au cours de leur échange langoureux et fiévreux. Ils s’écartèrent dans le but de reprendre leur souffle haletant d’allégresse, intimidée par cette expérience spécialement plaisante malgré ses maigres connaissances, l’Azurée porta un regard doux et contemplatif sur son bellâtre. Tel un secret à ne pas éventer, il lui suggéra en un murmure à l’oreille d’entrer dans le navire, pressé de s’étreindre et se découvrir mutuellement. Une phrase bien mystérieuse pour Rika, elle qui estimait connaitre son rival sur le bout des doigts au fil de leur amitié, c’était absurde d’exposer leurs tempéraments bien trempés. Déconcertée, elle s’apprêtait à lui réclamer quelques éclaircissements d’un ton moins mielleux, Riku réduit à néant son questionnement en la portant en princesse après deux pas en arrière vers les escaliers. La jeune femme, embarrassée voire mal à l’aise, s’accrocha à sa nuque en s’écriant d’une voix peu reconnaissante.

- Qu’est-ce que tu…Non, arrête…Riku, repose-moi, je sais marcher toute…

Les contestations furent coupées par le timbre mélodieux de son Commandant ayant décidé d’occulter les invectives de sa subordonnée, le cœur bordé d’ivresse, il chanta pour sa belle. L’histoire de son chant harmonieux grâce à son grain de voix captivant, relataient la relation au départ compliquée de ce duo aux ambitions valeureux, et qui se transforma en amour interdit et ardemment incoercible. Aussitôt elle ferma les yeux, bercée par cette symphonie chaleureuse, se blottit contre son torse tandis qu’un sourire sincèrement resplendissant se dessina sur ses lèvres. Il y avait longtemps qu’elle ne l’avait pas entendu pousser la chansonnette, il chantonnait la plupart du temps dans ces instants de solitude sans doute pour se donner de la bravoure dans ces actes ou pour se rasséréner que ses actes mèneraient ce monde à la paix lors des choix durs à porter. La première fois remonta à leur enfance aux cotés de Mark, quelques semaines après son arrivée dans la troupe de Marine, il s’était éloigné en soirée de la base en direction de la sylve. Il dénicha un point d’eau, debout, il laissa éclater ses émotions à travers un récital vibrant de chagrin et de découragement. La jeune demoiselle faisant également le mur cette nuit-là, mécontente que Mark ait mis en place un couvre-feu exprès pour les orphelins, se baladait dans la forêt avec l’idée de dormir à la belle étoile. Elle ne craignait pas les animaux sauvages, son objectif consistait à approfondir son exploration afin de dénicher des bonnes cachettes quand son père adoptif la soulait à être strict notamment depuis que ce squatteur avait débarqué. Elle reprochait au Vice-Amiral de vouloir s’enquiquiner d’un second disciple envers qui il paraissait sensiblement plus proche, peut-être à cause de son air sérieux et obéissant comme un toutou. Pff, la vue du gamin lui était insupportable, à chaque entrainement, elle cherchait à le piétiner pour lui faire comprendre qu’il ne resterait pas longtemps dans SON régiment auprès de SON mentor. Le sort en décida autrement, elle ouïe les notes suaves, envahie de curiosité, elle s’approcha de l’origine d’un pas feutré aux fins de ne pas se faire repérer par l’auteur. Ses iris givrées furent éblouies par la toile surnaturelle offerte par cette vision d’un Riku absorbé par l’exercice, les yeux fermés, les bras joints contre sa poitrine ; il affichait une vulnérabilité subtile à cet instant accentué par le vibrato de son intonation. Touchée en plein cœur, la jeune effrontée se contenta de s’asseoir contre un arbre à l’écart, respectant cette nécessité d’exprimer son ressenti. A Phyrisa, la Générale surprit son supérieur en train de fredonner dans leur jardin secret exhibant ses doutes et sa tristesse vis-à-vis de son éloignement avec sa femme Boa. L’entendre entonner un aria en l’honneur de leur béguin propageait une euphorie au sein de son palpitant, admirative de ses talents à rendre l’ambiance romantique.

Il la déposa sur le lit de la cabine de la Bleuté, puis d’une expression solennelle, il s’agenouilla bien résolu à la surprendre. Le visage en face du sien, d’un délicieux sourire, il renouvela ses vœux de mariage, lui jurant ne plus la faire souffrir ou faire cavalier seul dans ce projet immensément pesant, désireux de faire d’elle sa femme après la guerre qu’il menait contre le Gouvernement Mondial. Rika resta bouche-bée, il était donc tout à fait sérieux à son réveil, passionné, il ne souhaitait pas laisser sa chance de faire sa demande en bonne et due forme. Pourtant, la guerrière n’était pas aussi émotive et si prompt à l’engouement d’une cérémonie, à vrai dire elle ne s’était jamais imaginée devant l’autel auprès d’un homme dans une robe blanche pour y prêter le plus grand des serments. Déjà, aurait-il fallu qu’elle entame une simple relation avec un homme, or son attirance se porta exclusivement sur le charme légendaire et téméraire de son ami stratège qu’était Riku Kaisuki. La question était toutefois si aisée : Est-ce qu’elle serait prête à se marier avec lui ? A l’heure actuelle, elle n’avait aucune certitude à ce sujet. Rika se mordit la lèvre inférieure nerveusement alors que son tendre aimé se plaçait sur la couche de sorte à être en-dessous d’elle, ouvrant deux boutons de son uniforme et lui assurant qu’il l’aimait peu importe sa décision. Il déplaça ses mains à son dos, la caressant du bout des doigts avec une exquise retenue, ce qui fit naître une exaltation plus profonde comme s’il avait bien plus à lui faire vivre qu’une douce étreinte ou des baisers suaves. Les iris givrées plongés dans cet océan mordoré, elle se remémora que cet amour profond pour cet homme s’était pendant plusieurs années métamorphosé en une haine froide le jour de cette terrible mission qui tourna au cauchemar, et dont les conséquences bouleversèrent jusqu’à leurs convictions. L’unité du Vice-Amiral Mark fut chargée de déloger un groupe de pirates trafiquants de fruit du démon, cruellement avide, ils détruisaient toute ville sur leur chemin ne laissant aucun survivant. Une mission de routine pour ces combattants aguerris sous les ordres de leur chef éclairé, un plan méticuleusement élaboré dû au degré de dangerosité des forbans, deux équipes conçues dans le but d’élargir le champ d’action. Une stratégie qui se présentait sans accro, simple mais efficace, à laquelle les deux militaires turbulents se soumirent sans protester. La traque des pirates se déroula sous les hospices les plus favorables concernant le bataillon de l’Azurée supervisée par le second de Mark. Ils patientèrent des heures interminables au lieu de rassemblement, l’humeur des guerriers en joie à l’idée de célébrer leur victoire avec des chants et de l’alcool au coucher du soleil. Stupéfaits de ne pas apercevoir l’autre moitié rappliquer, ils décidèrent de les rejoindre, l’hypothèse d’une embuscade occasionnant de nombreux blessés difficiles à transporter représentait une forte probabilité. L’escouade parvenue sur les lieux de l’affrontement tomba sur une vision d’horreur, un charnier de cadavres des boucaniers mais également de leurs camarades baignant dans une mare de sang. Confus et choqués par ce spectacle tragique, ils restèrent figés jusqu’à un hurlement déchirant les tira de leur torpeur, le regard horrifié de la pupille du régiment discerna un corps en particulier au milieu de ce carnage : leur Vice-Amiral. Le cœur battant, elle s’élança à son chevet scrutant le moindre signe de vie les yeux emplis de larmes, elle le secoua criant son prénom d’un timbre douloureux.

Le Sous-Amiral fit plusieurs pas en leur direction mais fut interrompu par la voix éteinte de son supérieur, ce dernier puisa dans ses ultimes forces dans le but de lui relater les évènements sa fille adoptive et de lui insuffler ses vœux. Riku, à nouveau conscient, fut témoin de la scène où Mark demanda à ses élèves intrépides de se soutenir peu importe les circonstances et de ne pas brider leurs ambitions. Ses paupières devinrent lourdes et se fermèrent en un dernier souffle, la main glacée et serrée par la Bleuté glissa au sol comme le témoignage de la fin d’une époque. Anéantie, la jeune femme se jeta contre son torse pour l’étreindre en hurlant de désespoir, son monde venait de s’effondrer et refusa catégoriquement de relâcher l’homme qu’elle aimait plus que tout malgré les tentatives de ses compagnons. Tous les guerriers gardèrent un silence significatif de leur chagrin pendant de longues minutes, puis le second de Mark transmit ses instructions d’un ton froid et autoritaire, ils s’exécutèrent religieusement tête baissée. Certains emportèrent avec la plus grande délicatesse sur des brancards leurs amis morts, un Riku blessé et notamment leurr chef et sa fille inconsolable pendant que le reste s’occupait de bruler les dépouilles des pirates. Transportée et à bout d’épuisement à force d’exprimer la peine abyssale éprouvée par son cœur meurtri, elle finit par sombrer dans l’inconscience à cause de la fatigue et peut-être aussi pour fuir la dure réalité. L’ordre fut donné de ne pas les séparer avant que Rika ne se réveille, elle vivait déjà un traumatisme irréparable, l’heure des adieux sonnerait quoi qu’il arrive.

Un calme affligé régna toute la nuit, personne ne parvint à dormir, ils décidèrent de se réunir en un cercle pour narrer chacun leur tour une anecdote de leurs frères et de leur protecteur qu’avait été leur précieux meneur. Tous allèrent de leur petite histoire un sourire triste sur les lèvres avant de boire ensemble leur verre de whisky en hommage aux disparus, ils s’interrogèrent sur l’avenir de l’unité dont l’existence fut maintes fois critiquée par les officiers des grades supérieurs. Mark avait su rassembler sous sa bannière ses tempéraments brusques, extravagants et avide de bagarre, ô jamais il n’émit une once de jugement, acceptant tous ces profils avec la bienveillance d’un homme altruiste. Au contraire de ses confrères, ces gradés dociles qui scandaient l’honneur et les valeurs de la Marine sans pour autant en respecter l’exact définition, excluant tous ceux leur déplaisant. Ils pansèrent leur plaie émotionnelle dans les rires et la nostalgie, tous d’accord sur le fait que leur leader souhaiterait que ses hommes en train de partager les bons souvenirs dans une atmosphère festive jusqu’à l’aube. A l’apparition des premières lueurs de soleil zébrant la teinte pastel du firmament, l’unité prit la mer en direction de leur base, la traversée dura jusqu’à ce que le soleil éclatant soit haut dans le ciel. La conscience de la jeune membre de la Marine s’éveilla au son d’une porte se refermant et de pas s’approchant de sa personne, ses yeux humectées s’ouvrirent sur les traits sereins de son mentor inanimé. Une violente piqûre de rappel de la veille empoigna brutalement son cœur, elle se mordit la lèvre inférieure jusqu’au sang, une main se déposa tout à coup sur son épaule.

- …Rika…Tu dois le laisser partir en paix. Déclara le Sous-Amiral et second de Mark posté dans son dos, qu’elle eut du mal à identifier par son intonation éloignée et froide, lui d’habitude si doux et raisonné.

- Non, non, non…Je ne peux pas…Mark, reviens-moi, j’ai besoin de toi. Allez gronde-moi, envoie-moi éplucher des patates ou récurer le pont…Je t’en supplie…Pourquoi tu ne t’es pas plus battu pour rester avec nous ? …Avec moi… Renifla la Bleuté

-

- C’est sa faute. Mark a voulu le protéger…Ou est-il ?

- Qui cela ?

- Le responsable de son décès, SON ENFOIRE D’ASSASSIN… Rétorqua la pupille en se redressant, la colère remplaçait la peine, tout son être vibrait de rage. L’éclat flamboyant de la vengeance se lisait au creux de ses prunelles céruléennes, d’une démarche résolue à en découdre avec son meurtrier, elle contourna l’homme impassible. JE VAIS TUER CET ENFOIRE DE RIKU, IL VA ME LE PAYER !!

- Arrête, cela ne le ramènera pas parmi nous. Tu devrais garder ton sang-froid. S’exclama-t-il en capturant son bras fermement stoppant son élan.

- JE M’EN FOUS, JE VEUX LUI FAIRE ENDURER LE MËME TOURMENT QUE JE RESSENS AVANT DE LE BUTER. APRES TOUT CE QU’ON A FAIT POUR LUI, JE NE LAISSERAI PAS IMPUNI UNE TELLE TRAHISON DE SA PART. TU ES SANS DOUTE INDIFFERENT MAIS…

- Rika ça suffit, ne mets pas ma patience à bout, tu n’es plus une enfant de cinq ans ! Dit-il d’une intonation tremblante alors qu’il la gifla de sa main libre, l’attrapant par les deux épaules lui apposant ainsi toute sa puissance, ses doigts se crispèrent. Cesse d’être égoïste, tu n’es pas la seule à ne pas supporter la pensée que notre Mark ne se relèvera plus…C’est douloureux mais nous gérons la vérité chacun à notre manière. Tu sais parfaitement qu’il voudrait que nous avancions sans nous retourner. D’ailleurs, il t’a adressé ses dernières volontés, tu ne dois pas t’enfoncer dans les abimes de la rage, Son souhait le plus cher est que tu ne t’éloignes pas de Riku, que vous vous épaulez au-delà des épreuves que vous traverserez. Il doit être submergé par une immense culpabilité et se rend responsable de sa mort.

- C’est impossible, je suis désolée, je n’arriverai pas à lui pardonner…

- Écoute-moi bien, vous allez avoir besoin l’un de l’autre dorénavant même si ton ressentiment est toujours présent, n’oublie pas que vous êtes l’espoir de Mark. N’oublie pas que tu es définitivement la fille de cet homme merveilleux et qu’il sera toujours fier de toi, peu importe, ce qu’on te fera croire.

- …Abel ? ...Pourquoi ces paroles et ce regard ? …

- L’unité va être démantelée. J’ai reçu un appel dans la nuit de l’Amiral en chef m’informant de sa décision, Mark était l’unique barrage à la dissolution de cette escouade marginale et coûteuse. C’était à prévoir, il ne m’a même pas laissé défendre les résultats de notre travail. Nous allons tous être réaffectés dans des bataillons divers mais je suppose que certains vont démissionner.

- Les yeux de l’Azurée s’écarquillèrent d’effroi, une nouvelle sensation désagréable s’insinua dans les méandres de cet amas d’émotion, les larmes perlèrent le long de ses joues en secouant négativement la tête ; son univers, son précieux foyer ne pouvait décidément pas s’écrouler si aisément. Je vais me réveiller, c’est un horrible cauchemar et tout sera redevenu comme avant. Je t’en supplie Abel, rassurer-moi sur le fait que tu plaisantes…Vous aussi, vous n’allez pas… m’abandonner snif snif…

- J’aurais préféré t’embêter comme il le faisait.  

- Non…Ne partez pas snif snif…On s’était tous promis d’être une famille pour toujours. Restez auprès de moi.  Fais quelques choses Abel, tu as toujours un plan brillant en toute circonstances. Ne les laisse pas nous séparer…Vous m’aviez juré qu’on naviguerait sur toutes les mers ensemble, un serment ne se brise pas snif snif … S’écria-t-elle en fondant en sanglot dans les bras du second de Mark en s’agrippant à lui avec l’énergie du désespoir, il l’enlaça avec une extrême tendresse face à la détresse sentimentale de l’adolescente égarée.

Le cœur lourd d’impuissance de la voir dans cet état de perdition, il avait cogité tout le reste de la nuit cloitré dans le bureau du Vice-Amiral à trouver un moyen de convaincre l’Amiral en chef de changer d’avis. Peine perdue, et le supérieur qu’il respectait depuis tant d’années avait prédit ce déroulement s’il venait à disparaitre, au détour d’une conversation lors d’une soirée légèrement arrosée entre les deux hommes où il s’était comporté soudainement de façon très sérieuse. Il confessa la pression que Marineford lui imposait, le QG espérait une erreur de sa part pour dissoudre l’unité et le muter seul dans le Nouveau Monde. Attentif, Abel écouta les précautions prises par son cher ami s’il venait à périr, des consignes précises concernant Rika, sa précieuse fille, et Riku, son disciple qu’il considérait comme le nouvel espoir de ce monde. Clairvoyant sur le peu de notoriété du Sous-Amiral, il lui serait impossible de sauver du naufrage leur vaisseau paisible, enfin si on occultait les chamailleries des deux rivaux. Il devrait se résoudre à cette fin aussi dramatique qu’elle soit, leurs protégés pourront faire face à la réalité du monde, polir leurs aptitudes martiales et développer leurs résolutions. Emotif et passablement éméché, Mark remercia avec la plus grande gratitude d’une accolade la fidélité de son second au cours de ces années de loyaux services, son meilleur ami. Son expression reflétait à la fois la joie et la peine de l’investir d’un fardeau si pesant entre ses mains que symbolisaient les desseins de son testament. Le second appréhendait dès à présent l’ampleur de ses inquiétudes et des prévisions entreprises dans l’avenir pour ces deux énergumènes insouciants et attachants. Malgré son désir ardent de les garder auprès de lui, une autre tâche lui incombait sur la requête de son défunt compagnon ; Observer l’évolution du Gouvernement, veiller dans l’ombre sur Rika et Riku le temps qu’ils grandiront, et lorsqu’ils seront prêts à tout affronter leur transmettre son ultime héritage. Son visage imperturbable taisait le gouffre de son chagrin, jamais il n’aurait envisagé un tel désastre aveuglé par son admiration pour le leader de cet escadron bourru, nul n’est invincible. Son rôle de second l’obligeait à gérer toutes les responsabilités, à conserver le cap pour tout l’équipage, à rester fort en toutes circonstances en tant que meneur temporaire. Souffler ne faisait pas partie  des prérogatives, il s’assurerait que la réaffectation de tous se passe dans les meilleures conditions et notamment celles de ses protégés. Son esprit méthodique ne cessait de réfléchir sur les phases distinctes de son plan d’action sur le long therme.
Pour l’heure, réconforter la demoiselle indisciplinée et l’encourager à poursuivre sur la voie qu’elle s’était choisie étaient sa priorité, lui caressant avec douceur sa chevelure bleutée. Il ne l’avait jamais vu dans cet état, toujours digne et indépendante, elle n’avait même pas exhibé une once de tristesse lors de sa première rencontre en compagnie de Mark. Cette faiblesse démontrait tout l’amour de Rika pour son père adoptif, tout l’affection exprimait au travers de leurs taquineries enfantines, leurs disputes et l’inspiration que suscita Mark dans le cœur de cette petite fille. La pente sera longue à remonter mais il savait qu’elle en était capable, une tête brulée comme elle ne se laissera jamais marcher dessus. Un élément de consolation aux yeux du jeune officier affligé d’impuissance à l’idée que la Marine détruise ce refuge et retire de sa protection la plus grande fierté de cette unité. Abel s’assit par terre à l’effondrement des jambes chancelantes de l’Azurée implorante, la serrant contre lui en susurrant d’une voix inaudible.

- Rika, je suis sincèrement désolé …Ce n’est pas un adieu, j’y veillerai…

Le jour de la séparation ne tarda pas à survenir, l’impatience des hauts gradés ne démonta pas la détermination et l’abnégation d’Abel à tout mettre en œuvre pour transférer dans des unités judicieusement pertinentes pour le futur de sa petite troupe de joyeux lurons. Le soir de sa discussion avec Rika, une fête grandiose de funérailles fut tenue par tout l’équipage reconnaissant envers leur Vice-Amiral et leurs compagnons, le Sous-Amiral s’était assuré de combler les attentes de son ami. Ce fameux jour fatidique, ils s’étreignirent tous à l’exception de Riku et Rika qui s’évitèrent depuis la mission, tous deux incapables ne serait que de se voir dans le paysage, partirent chacun de leur côté. Une partie remit leur démission sans préavis à Abel afin de savourer d’une existence paisible tandis que le reste bien que réticent continuerait à voguer avec la Marine un temps. Néanmoins, la pupille de cette unité marginale entendit des bruits de couloir dans lesquels aucun d’eux ne s’était acclimaté à leur nouveau régiment. Ils avaient donc opté pour rompre tout contact avec Marineford et la Marine, elle n’eut plus aucune nouvelle de ces hommes qu’elle considérait comme sa famille, même Abel avait disparu depuis son départ. Seuls elle et ce crétin de Riku étaient les derniers rescapés parmi les rangs de ce tableau autrefois ivre de félicité, pour le meilleur ou pour le pire, cette constatation l’inonda pendant des années d’un vide et une solitude incommensurables…
De retour dans cette chambre spartiate dans laquelle s’étaient réfugiés les deux amoureux, heureux de s’être avoué leur amour languissant. Cette réminiscence pénible lui insuffla avec force l’importance de ne plus être éloigné l’un de l’autre, d’aller là où leur cœur les conduira qu’importe les conséquences. L’Azurée savoura la tiédeur introduite par ces caresses voluptueuses, elle éprouvait un fort sentiment de sécurité et de tendresse dans ses bras. Elle posa une main sur sa joue, ensorcelée par ces traits si éperdus d’un amour véritable, elle désirait que cette journée ne s’achève jamais. D’une voix sereine et sucrée, elle s’adressa à son supérieur avec sérieux

- Riku…Honnêtement, je ne sais pas quoi te répondre. Je ne me suis jamais attardée sur une éventuelle envie de me marier ou pas. Et je ne veux pas y penser tout de suite, la première raison est que tu dois faire ton deuil bien que votre relation se soit très mal finie, Boa mérite qu’on respecte sa mémoire. Il serait malvenu d’accepter en un jour si funeste, j’appréhende les réflexions qui te poussent à faire ta demande mais je ne peux pas décemment pas faire comme s’il ne s’était rien passé entre vous. Deuxièmement, tu me fais ta demande bien trop tôt, je n’ai jamais vécu une relation amoureuse, je ne suis pas comme toi à me laisser emporter par mes émotions. Je désire vivre chaque seconde auprès de toi, faire évoluer à notre rythme cette relation, cet engagement est bien trop contraignant à mes yeux et tu sais comme j’aime être une combattante libre. Motifs pour lesquels je ne te répondrais pas négativement car je n’exclus pas que l’idée se fraye un chemin dans mes souhaits ultérieurs au fil du temps et de ce qu’il adviendra de nous deux. Quant à la découverte de nos âmes respectives, ce dont je suis sûre est que… La Générale espiègle susurra à l’oreille ces quelques mots avant de se redresser à califourchon sur lui de manière triomphante. Tu es un crétin de chef et moi une guerrière émérite, et le plus important est que je suis meilleure que toi en toutes circonstances, Blobfish.
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Riku Kaisuki
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Riku Kaisuki

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MessageSujet: Re: Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki]   Retour à la terre sous l’éclat d’une lune pleine de surprise [PV Riku Kaisuki] - Page 3 EmptySam 7 Oct - 4:11

L’inexpérience amoureuse de nos deux amants se ressentait dans cet instant crucial, précieux, qu’aucun de nos deux soldats ne voulaient gâcher. Perfectionnistes, à la recherche du moment idéal, ils ne voulaient pas faire le pas de trop vers l’inconnu dans lequel ils s’apprêtaient à plonger sans savoir quelles conséquences cela pourrait avoir sur leur relation naissante. Leur discours se voulait romantique, leurs gestes hésitants, timides. Riku avait eu beau compulser les ouvrages, écouter les conseils peu adaptés à un jeune garçon de son mentor, il ne sentait pas totalement prêt à vivre un instant qui pourrait aller au-delà d’un échange de baisers. Dans les histoires, la plupart du temps, la relation était si naturelle entre les protagonistes qu’ils ne se posaient pas la moindre question, ils agissaient sans la moindre crainte du lendemain, mais le brun n’était pas ainsi. Pas avec quelqu’un comme Rika. L’azurée n’était pas de ces jeunes filles parfaites comme on pouvait observer dans les romans, le genre de personnage qui aurait eu des dizaines de chapitres pour se pencher sur le sujet de ses sentiments à l’égard de son partenaire. Ses sentiments tenaient bien plus d’une équation complexe, dont peu de gens sauraient trouver la clé ; tout ce temps, elle s’était cachée, repliée sur elle-même, pour ne pas dévoiler un seul instant cette faiblesse dissimulée dans son cœur en apparence de pierre. Une armure qui lui évitait toute souffrance superflue, ne la contraignait pas à devoir sans cesse se battre pour des gens qui ne cesseraient de la décevoir, ou bien qui disparaitraient en l’abandonnant. Plus que n’importe qui d’autre, la jeune femme était sujette à la peur de l’abandon. Elle craignait de voir quelqu’un entrer un peu trop loin dans son cercle intime et le quitter brutalement pour l’y laisser seule à nouveau avec ses doutes. Depuis la mort de Mark, et la dissolution de leur unité de l’époque, il paraissait évident que Rika avait posé ce sceau autour de ses sentiments pour les enfermer, les réduire à l’état de passade insignifiante qui ne l’empêchait pas de se battre et de devenir plus forte. Elle avait supprimé toute capacité d’interaction avec les autres hormis si cela lui apportait des pistes pour devenir quelqu’un de plus indépendant, de plus à même de mener le combat, et de ne voir plus personne mourir.

La guerre était probablement la chose la plus terrible à laquelle de jeunes adolescents pouvaient se retrouver mêlés. Lors de la disparition de leur professeur, ils étaient à un âge où le traumatisme était profondément ancré, marqué à jamais dans leur cœur, des images qu’ils continueraient de vivre en cauchemar, même en chercher à effacer tout lien avec ces souvenirs. Riku se souvenait chaque jour du premier mort auquel il avait assisté, et celui-ci l’avait profondément changé. Que l’on soit le tueur ou témoin de la mort, voir le sang répandu vous empêchait de faire partie du commun des mortels, celui qui pouvait aspirer à une vie loin de toute bataille, et se contenter de vivre son quotidien dénué de toute contrainte. A cet instant, le brun s’interrogeait sur son destin, ce qu’il se serait passé s’il n’était pas devenu un soldat, s’il avait rencontré Rika dans ces circonstances ; auraient-ils pu se rapprocher ? Leurs caractères respectifs auraient été bien différentes…. Le brun aurait reçu l’éducation de son père pour le pousser à devenir un digne chevalier de son royaume, protecteur, mais très certainement bien plus influencé par le monde de la noblesse, de la haute société, qui l’aurait contraint à devenir l’exact opposé de ce qu’il était désormais. Il n’aurait jamais pu intéresser l’azurée avec un tel comportement. Bien que son père ait toujours défendu l’idée que ses enfants étaient libres de choisir la voie qui leur convenait, il avait éduqué ses deux aînés pour en faire des gentilshommes capables de s’insérer en société, afin qu’un jour ils occupent des places bien plus influentes dans la société élitiste de leur royaume. Et son benjamin n’aurait pas échappé à cette volonté, son destin n’aurait pas été entre ses mains. Il était donc probable, au plus grand regret du brun, qu’il n’aurait jamais pu rencontrer son amie et amante dans ce scénario. Et même si cela était arrivé, il lui aurait paru inintéressant, guindé, arriviste… Le genre d’homme qu’elle abhorrait par-dessus tout. Face au parfait petit soldat, elle, élevée en princesse de sa tribu, n’aurait jamais eu à quitter son territoire fermé, et aurait vécu une vie paisible loin des guerres.  Croiser ce genre de personnages lors d’une de leurs rares visites à l’extérieur n’aurait fait que contribuer à l’exaspération ressentie de voir ce moment d’exploration gâchée par l’intervention d’un nanti sans intérêt.

Autrement dit, dans la perspective d’un monde en paix avant leur rencontre, il n’aurait pas été plus avancé en matière amoureuse… En définitive, malgré les épreuves traversées, il savait que cette histoire qui l’avait forgée tel qu’il était devenu était la meilleure des voies qu’il aurait pu espérer. A ses côtés, il menait librement sa vie, conduisant sa propre vision de la justice à travers leur région, puis peu à peu, cela se ferait à travers le monde. Justice Heart serait son message envoyé à son paternel et à Mark qu’il n’était pas devenu différent du Riku qu’ils avaient connu, naïf, mais conquérant, déterminé, et prêt à tout pour la véritable paix, obtenue sans l’acheter par la menace et la terreur.

Il en était donc là, parfait amateur, cherchant son chemin dans ce moment difficile, où il avait le sentiment qu’il n’était qu’à deux doigts de commettre un impair qui pourrait éloigner la bleutée de lui. Cette conversation qu’ils avaient menée auparavant, leurs échanges de déclaration d’amour, Tout était pourtant en place pour créer chez eux un sentiment de sécurité certain, de confiance mutuelle, mais c’était plus fort qu’eux, chaque tentation leur paraissait être celle de trop, et même le simple fait d’avoir entrouvert sa chemise lui donnait le sentiment de passer pour un pervers. Riku reprit néanmoins contenance, écoutant non sans une certaine appréhension la réponse de sa belle. Cette dernière le ramena sur terre, lui rappelant deux points importants pour lesquels il ne pouvait que lui donner raison ; le premier concernait son deuil encore récent. Boa venait tout juste de mourir, confirmant la fin pourtant déjà annoncée de sa relation avec cette dernière. Il ne pouvait du jour au lendemain changer de pied d’appui, quand bien même l’importance de ses sentiment pour la demoiselle aux cheveux d’azur dépassait le cadre de la raison humaine. Malgré ce qu’il pouvait affirmer, malgré l’intensité de son amour, et sa détermination à épouser la jeune femme pour que plus jamais personne ne menace l’intégrité de leur couple, il ne pouvait nier l’importance de la place qu’avait pris dans sa vie l’ancienne impératrice amazone. Dans une période de doutes, à un moment charnière de sa vie, entre l’écrasement de ses responsabilités et son impuissance à son poste d’amiral, et cette sensation d’un vide grandissant de jour en jour, elle lui avait redonné une forme de bonheur. Il s’était senti bien à ses côtés, elle lui avait appris à ouvrir à nouveau son cœur. Et c’était probablement elle qui lui avait ouvert la voie pour le retour à ses origines, aux émotions qu’il avait oubliées au plus profond de son cœur. Et ensuite, il y avait le point important pour lequel il était tout autant concerné ; leur relation était encore naissante, même s’ils se connaissaient depuis des années, et même si celle-ci était profondément ancrée en eux, il ne pouvait pas faire l’impasse sur leur inexpérience, et surtout celle de sa partenaire, qui n’avait pas connu d’amant avant le brun. Elle commençait tout juste à comprendre ce qu’il se passait dans son cœur, ce que signifiait le fait d’aimer l’autre, et de l’accepter. Elle ressentait tout juste le bonheur de se voir enlacée, alors il ne pouvait pas lui faire sauter les étapes…

Mais cette dernière remarque ne fit que le stresser plus encore concernant la marche à suivre pour cet instant stoppé dans le temps, pendant lequel ils s’appréhendaient l’un l’autre. Sa relation précédente ne l’avait pas conduit jusqu’à cette étape, tout du moins pas plus loin que des baisers fougueux et quelques caresses pernicieuses… Par conséquent, il se trouvait dans le même état que son amante, parfait débutant, cherchant son chemin dans la masse des informations qui pouvaient lui servir pour rendre agréable un tel instant. Evidemment, si Mark avait pu lui parler depuis l’au-delà, en plus de lui coller une bonne baffe pour avoir mis tant de temps à se déclarer à sa protégée, il lui aurait indiqué qu’il réfléchissait trop et que ce genre d’échanges amoureux se faisaient à l’improvisation, naturelle, qui venait d’un désir partagé, incontrôlable. Les corps se mettaient à bouger d’eux-mêmes, guidés par cette volonté mutuelle de procurer d’agréables sensations à l’autre. Autrement dit, ce bougre d’idiot de commandant devait cesser de se faire des plans dans la tête comme s’il partait à la bataille… Heureusement que Rika n’entendait pas tout ce qu’il se passait dans sa tête, elle aurait très probablement déjà mis fin à cet instant depuis longtemps, fuyant rapidement la conversation avec ce type ô combien effrayant qui tentait de calculer à quel instant il serait le plus approprié de descendre sa main un peu plus bas le long de son dos, si frôler le creux de ses reins était une bonne idée, ou encore si un baiser juste en bas de son cou n’était peut être pas de bon aloi alors qu’ils commençaient seulement à échanger leurs premiers baisers. Cependant, le jeune homme ne se laissa pas démonter. Silencieusement, il attendit quelques secondes après les paroles de l’azurée, cherchant un moyen de poursuivre sur sa lancée, quand soudain, cette dernière, mue par une détermination nouvelle se décida à prendre le dessus sur son partenaire, le contraignant à une position allongée dans laquelle il était soumis à tout ce qui passerait par la tête de la demoiselle. Il n’était absolument pas prêt à une telle initiative de sa part, l’imaginant plus gênée qu’autre chose, tremblante, osant encore moins que lui tenter quoi que ce soit, mais il se trompait, elle était décidément toujours capable de la surprendre. Loin d’une demoiselle en détresse, elle était un prédateur s’emparant de sa proie. Cependant, il ne comptait pas se laisser faire, surtout lorsque les derniers mots de la bleutée achevèrent d’entamer son ego déjà fragilisé par cette prise de contrôle inattendue. Posant ses mains sur les hanches de la jeune femme, le Commandant fit courir très lentement ses doigts le long de son épiderme encore protégé de vêtements, se risquant parfois à quelques explorations plus osées sous le haut de la Générale intrépide. Soucieux de ne pas paraître trop intimidé pour agir, il poussa même le vice jusqu’à ôter de lui-même le reste des boutons de sa chemise pour dévoiler entièrement son torse à cette dernière et la déstabiliser.

« - La meilleure en toutes circonstances hein ?... Pourtant mise à part ce saut de cabri pour prendre ma place, je te vois toujours aussi timide… Pour l’instant, je suis un peu seul à prendre des initiatives… Je te sens plutôt… Effrayée ? Tu n’oseras sans doute pas répondre à ma provocation, car après tout la fertiligirl n’ose pas s’effeuiller… »

Il y avait du Cael dans cette remarque, et pendant un bref instant, le brun crut que son alter ego avait fait son apparition pour lui donner ce semblant d’adrénaline et de confiance en lui pour être capable de répondre aussi naturellement et sur un tel air de défi à sa partenaire. Pourtant, il le sentait au fond de lui, c’était peut être là la voie la plus adaptée pour que l’un comme l’autre parvienne à se décoincer ; ils avaient toujours basé leur vie sur des défis, des provocations, cherchant à se prouver à l’un comme à l’autre une supériorité inventée, qui n’était en réalité qu’un prétexte à de nouveaux duels endiablés. En cherchant à provoquer leurs egos à travers ce jeu de dupes, ils pouvaient surmonter leur appréhension. Le naturel de leurs sentiments ne pouvait qu’amplifier cette volonté réciproque de ne pas être celui qui cèderait et serait plus gêné, incapable de continuer. Observant la demoiselle non sans se mordre la lèvre inférieure, imaginant déjà quel serait son prochain défi si elle relevait celui qu’il lui avait lancé, il ne se rendait pas compte que son esprit s’était égaré de lui-même dans un univers de songes faits de vice et de luxure, où leurs corps s’unissaient encore et encore sans retenue, tels deux esprits primaires, guidés par leurs envies sans aucune barrière.

« - Tu vois, tu avais juste besoin de te débrider, crétin. »

La voix résonnait dans son esprit comme l’écho d’un passé qu’il n’aurait jamais cru voir lui revenir en plein visage, lui qui croyait son double définitivement disparu. Riku ouvrit alors les yeux, comprenant qu’une nouvelle fois, au milieu de cet instant si fort, son esprit s’était égaré dans les méandres de ses souvenirs et pensées enfouies. Il avait espéré plus que jamais que son alter ego n’ait pas totalement disparu lorsqu’il leur avait fait ses adieux ; ne plus entendre sa voix, même s’il avait souvent le don de se rendre énervant et particulièrement embarrassant, avait créé un sentiment de perte que le brun ne parvenait pas à effacer. Bien que Cael lui ait causé nombre de soucis dans le passé, il avait été d’une certaine manière son protecteur, son ange gardien au cœur pavé de bonnes intentions mais qui n’avait su les montrer que de la pire des manières. Toutes ces années, en effaçant soigneusement ses mauvais souvenirs, il l’empêchait de sombrer. Bien qu’il n’ait pu éviter la culpabilité ressentie suite au décès de Mark, la manière dont il l’avait tournée lui avait permis pendant de nombreuses années de calmer les sentiments négatifs de Riku. Jusqu’à ce qu’il se sente impuissant au point d’appeler à l’aider les forces les plus obscures de son être. Qui sait ce que son double avait ressenti à ce moment ? Lui qui avait voulu faire le bien en évitant un profond traumatisme à son âme, il se retrouvait soudain dans la peau du tueur. Du côté obscur, honni des personnes honnêtes. Combien de fois avait-il pensé à dire la vérité à son homologue pour qu’il arrête de l’utiliser aux fins d’exprimer ses pulsions les plus violentes ? Jusqu’à quel point avait-il été frappé de culpabilité de tuer sans cesse au nom d’une philosophie dans laquelle il ne se reconnaissait pas ? Cael était plus qu’une personnalité sombre de Riku, c’était Riku lui-même. Néanmoins, ce Riku là ne se posait pas de questions, et agissait au détriment parfois de la réflexion. Il n’avait pas peur d’affronter les conséquences de ses actions ou de ses déclarations, même si cela devait lui valoir d’être détesté, y compris par Rika, alors qu’il partageait les sentiments de son hôte pour la bleutée.
Toutes ces années, la seconde personnalité du Commandant avait encaissé, et accepté d’être utilisé, malgré les ressentiments puissants qui naissaient en lui. Et cela, Riku n’avait pas voulu le voir.  De la même manière qu’il avait joué sur la loyauté de Rika pour s’assurer qu’elle parte avec lui, au détriment de sa propre carrière, il s’était servi de son alter ego pour justifier ses actes et pensées mauvaises. En réalité, plus ses souvenirs lui revenaient, plus il comprenait qu’il était le seul responsable de son passé. Il se souvenait à présent de tout ce qu’il avait vécu le jour de la mort de leur mentor. La mission se déroulait parfaitement bien, les premiers pirates avaient été rapidement arrêtés. Cependant, Mark avait été averti par des habitants paniqués que ces premiers bandits n’étaient rien d’autre que la bleusaille recrutée récemment et utilisée comme chair à canon pour divertir les marines pendant que leurs forces se regroupaient pour les prendre à revers. Et lorsque les premiers tirs retentirent depuis les bois, l’un ricochant sur un morceau de bois, le second touchant directement à la tête un soldat de l’unité, ils comprirent que le piège s’était refermé sur eux. Mais Mark ne paniqua pas. Au contraire, il s’assura que tous ses hommes maintiennent la position. Il les plaça dissimulés derrière des chariots de paille qu’ils renversèrent en toute hâte pour les utiliser comme barricades et riposter aux coups de feu de leurs ennemis. Les balles pleuvaient en tout sens, mais les Marines tenaient bon, tandis qu’une partie du groupe s’occupait de mettre à l’abri les civils. Mais les pirates n’avaient pas dit leur dernier mot. Ils étaient connus pour leur maîtrise des explosifs, et comptaient bien s’en servir pour venir à bout de ces importuns de marines. Une première explosa balaya un rang entier de barricades et les soldats qui se trouvaient derrière, tuant plusieurs d’entre eux. Puis, une seconde salve fit chuter au sol le groupe de Riku, qui fut protégé par le corps d’un soldat qui s’était jeté devant lui. Sa vision se retrouva troublée, ses oreilles sifflaient, il se sentait trembler alors qu’il était couvert du sang de son camarade. Mark cria dans sa direction, lui ordonnant de se relever rapidement, ce qu’il fit avec difficulté. Mais son champ de vision réduit ne lui permit que de voir un détail très précis, parmi la troupe ennemi. Les bottes de leur chef, qui s’avançait, confiant, et qui portait un symbole très précis, qu’il aurait reconnu entre mille ; Un crâne dévorant une bombe avec une mèche allumée. Les bottes qu’il avait entraperçues depuis sa cachette, de l’homme qui avait tué sa famille entière. Une rage sourde s’empara de tout son être, il n’entendait plus la voix de son supérieur qui lui demandait de se replier. Il avait dégainé son sabre en poussant un hurlement, tandis qu’au fond de son esprit,  il implorait dans le vide, comme si quelqu’un allait lui répondre, cherchant à obtenir la force de combattre :

« - S’il vous plaît… N’importe qui… Donnez moi la force de les tuer, pour me venger… »

Sa voix résonna longuement dans le vide avant qu’une autre, timide, ne lui fasse écho, à sa grande surprise :

« - P… Pourquoi tu veux ça ?....

- Ces types ont tué ma famille… Jusqu’au dernier… Sans hésitation, juste pour un peu d’or, juste pour un peu de plaisir… Ils les ont massacré et ont ravagé l’île où je suis né !

- Mais… Si… Si tu les tues… Tu seras comme eux non ?... Tu seras devenu un tueur sans pitié…. Tu penses que c’est… Ce que…Notre famille voulait ?...

- « Notre » ? Mais pour qui te prends tu ?... Tu n’es que le fruit de mon imagination, pas quelqu’un de réel, et encore moins de ma famille !!

- Bien… Bien sûr que je suis réel… Je…. Je suis toi… Alors cette force que tu m’as demandé… Tu n’as pas besoin de… De l’implorer… Si tu y tiens tant, elle… Elle est déjà en toi… Si tu trouves le courage de tuer froidement… Mais tu ne seras plus le même si tu fais ça…

- Peu m’importe. Ils doivent payer. »

Cael, encore naissant, pas assez fort pour influencer l’esprit de son alter ego, ne put rien faire pour l’en empêcher. Sa colère était si grande qu’elle aveugla totalement son jugement. En un instant, il propulsa une lame aquatique si rapide qu’elle trancha la tête du capitaine alors qu’il avançait confiant vers la troupe de Mark. Ses hommes crièrent vengeance et firent feu pour abattre ce gamin, mais ses pouvoirs de logia le mettaient à l’abri des balles. Certains soldats de Mark voulurent le couvrir, mais ils furent les victimes des rafales de tir que le brun ne songeait pas un instant à bloquer avec ses capacités. Son expression était teintée de cruauté, il se mit à éclater d’un rire effrayant alors qu’il découpait un à un les ennemis sur son passage, sans distinguer qui ils étaient, sans se soucier de leurs existences, de leurs supplications. Jusqu’à ce qu’il soit interrompu par une silhouette bien plus résistante. Un homme se dressa face à lui, et de sa lame double, repoussa les assauts du jeune homme inlassablement, usant de surprenantes capacités pour le repousser grâce au haki. Pour la première fois, le corps du jeune homme était mis à rude épreuve, mais il ne sentait pas la douleur dans son état de folie. Ses yeux étaient injectés de sang, il était furieux contre celui qui l’empêchait de tuer. Il décida donc de se retourner contre tous ceux qui portaient des tenues de la même couleur que lui pour le débarrasser de ses alliés. Il parvint à tuer plusieurs marines, mais soudain, alors qu’il allait en tuer un dernier, Mars se jeta devant lui pour le stopper définitivement. Cela au prix de sa propre vie, prenant tous les risques jusqu’à recevoir de plein fouet la lame du garçon. Et alors que son sabre pénétrait les chairs de l’officier, il sentit son cœur s’emballer, pris d’un sentiment curieux ; de la culpabilité. Ce sentiment le ramena doucement à la raison, alors qu’il comprenait que sa dernière victime était l’homme qu’il admirait profondément, qui avait fait de lui quelqu’un de bien, un soldat valeureux. Mark ne le regardait pas avec mépris ou colère à son égard, bien au contraire, il le regardait avec bienveillance. Il le pardonnait, comme un père pardonne une énième bêtise à son enfant parfois trop capricieux. Mais il ne méritait pas ce regard, pas là, pas maintenant, pas après ce qu’il venait de faire. Riku s’en approcha, constatant la blessure, clairement mortelle. L’officier n’avait aucune chance d’y survivre. Ce dernier posa une main sur la joue de son disciple, lui souriant, alors que sang s’échappait de ses lèvres. Ce fut le moment où arrivèrent les renforts, qui étaient là une minute trop tard. Seul demeurait à genoux un brun sous le choc, incapable de parler. Son mentor n’avait pas pu maintenir le contact, son corps n’avait déjà presque plus de forces. Et rapidement, le soldat fut mis de côté pour laisser passer Rika qui s’en approcha, tentant de le maintenir en vie alors qu’il leur partageait des dernières paroles réconfortantes, visant l’un comme l’autre à les guider une toute dernière fois. Le brun écouta ce discours, les larmes coulant sans pouvoir être retenues, jusqu’à ce que son esprit, pris de folie, ne l’entraîne dans l’inconscience. Et à l’intérieur de sa tête, il rencontra une nouvelle fois cet « autre lui », qui l’attendait de pied ferme.

«- Alors… Es-tu satisfait d’avoir accompli ta vengeance ?... Nous en avons payé le prix…

- Il est mort… Mort… C’est… C’est ma…

- Ta faute oui. Je t’avais prévenu pourtant… La rage et la soif de vengeance font perdre tout sens de la raison, en dépit de la force qu’elles peuvent conférer. Ce n’est qu’une passade aveugle, pendant laquelle on peut être amené à en ressortir avec bien plus de regrets que de satisfactions… Et tu en es la preuve.

- Tais toi… TAIS TOI, TAIS TOI, TAIS TOI !!!! TAIS TOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!

- Hurler à plein poumons ne ramènera pas Mark Riku. Nous l’avons perdu. Par ta faute. Mais je ne vais pas laisser les choses ainsi. Je vais arranger ce que je peux.

- Qu… Qu’est-ce que tu vas faire ?

- Rappelle toi… Je ne suis qu’une création de ton imagination. Un être né pour te répondre comme si tu parlais à un miroir. Je reflète ton âme et tes secrets. Cependant… Si tu demeures bloqué pour l’éternité avec cette culpabilité et cette folie, nous n’avancerons pas. Et ce n’est pas mon souhait. Je vais encaisser ce souvenir pour toi Riku. Je vais effacer de ta mémoire les souvenirs les plus marquants de cet épisode, pour te laisser penser que je suis seul coupable de ton égarement. Je m’enfermerai au fond de ton esprit, et peu à peu, ce souvenir laissera place à une sérénité qui t’aidera à te construire. »

Mais évidemment, Cael ne lui disait pas toute la vérité. A cet instant, il était déjà devenu une entité à part entière au sein de son esprit, par conséquent, en faisant ce choix, il n’arrangeait que son hôte. Lui vivrait une pénible existence, tapi au fond de ses pensées, renfermant avec lui ses souvenirs les plus horribles, pour ne jamais entraver sa progression. Par précaution, il effaça également sa mémoire en ce qui concernait ses sentiments pour Rika ; à l’époque, il pensait bien faire, lui évitant de revenir auprès de celle qui pouvait réveiller chez lui de manière accidentelle ces vieux souvenirs, mais rapidement, il comprit qu’il ne pourrait jamais l’empêcher de côtoyer celle avec qui il était lié par le fil inébranlable d’un destin hors du commun. Et c’était sur cette même base de sacrifice héroïque qu’il avait pris la décision de disparaitre, prenant pour lui tous les crimes de son alter ego, renonçant à ses propres chances d’être heureux pour le bonheur de « l’original », celui sans qui il n’aurait même pas eu d’existence.

« - Je suis honoré que tu penses une telle chose après toutes ces années, mon cher hôte. »

Riku se retourna au son de cette voix si familière. Derrière lui, Cael, plus fantomatique que jamais, se tenait dans l’un des deux fauteuils qui leur avaient servi de lieu de réunion un peu plus tôt. L’entité l’observait avec un sourire sincère, et une certaine émotion, palpable, surtout dans sa voix tremblante, fit comprendre au brun que l’albinos était réellement heureux de savoir de quoi prenait conscience celui pour qui il s’étant tant sacrifié toutes ces années.

« - Je croyais que tu avais disparu…

- C’est… Techniquement le cas. Je me suis enfermé au plus profond de ton subconscient. Mais je ne peux pas disparaître tant que toi tu existes, car je SUIS toi je te rappelle. Par conséquent, j’entends tout, je ressens tout.

- Alors pourquoi choisir de paraître ainsi devant moi ? Tu t’enfuis pour mieux revenir en croisant les bras comme si de rien n’était ? Bon sang, tu es sûr d’être doué d’un cerveau ???

- Le même que le tien vu que je suis toi.

- Tu as réponse à tout à ce que je vois…

- Je ne manifeste que pour t’apporter mon soutien. N’en parle surtout pas à Rika, je te prie. Tu te rappelles qu’il y a des années, lors de cette bataille où Mark est mort, tu m’as demandé la force d’accomplir ta vengeance ?

- Euh… Oui… C’était la pire erreur de ma vie.

- Et bien aujourd’hui je suis là pour te donner la force de montrer ton amour à cette femme que tu attends depuis si longtemps. Tu as choisi la bonne voie, mais il s’agit de continuer, de la mettre en confiance jusqu’à ce que les gestes que accomplirez ne soient plus une simple provocation, mais de vraies recherches du plaisir partagé. Aujourd’hui, tu n’es pas un pervers Riku Kaisuki. Tu es un homme amoureux, désireux de combler la femme de ses rêves.

- Chouette conseil ! Mais du coup je fais quoi exactement ?

- Euh… Mince, je sais pas. Bah tu sais quoi tu vas gérer ! Allez bon courage l’ami ! »

Riku n’eut même pas le temps de protester qu’il fut ramené brutalement à la réalité, à cette fraction de seconde qui suivait sa provocation hautement sensuelle. Il ne fallait surtout pas qu’il s’arrête à cela. Lentement, ses mains se posèrent sur les jambes de Rika, parcourant l’épiderme de ses cuisses, jusqu’à soulever légèrement les pans de ce vêtement, dévoilant lentement l’intérieur de ses jambes, avec l’objectif premier de l’empêcher de se mettre son niveau, de ne pas la laisser réagir pour prendre plus d’avance encore. Il en profita même pour faire le tour de ses jambes jusqu’à frôler son fessier qu’il pressa pour que le bassin de son amante se retrouve en contact, même bref avec le sien, non sans un sourire charmeur à l’attention de celle qui hantait ses pensées :

« - Si tu ne te dépêches pas… Je serais tenté de l’emporter sans même que tu puisses te défendre un seul instant fertiligirl… héhéhé… »
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